Le bon, la brute et les Game Awards
Vous avez regardé les The Game Awards ? Vous en pensez quoi ? Voici mes “hot takes” sur l'événement !
Astro Bot, le jeu développé par la Team ASOBI basée au Japon, a non seulement été élu GOTY (jeu de l’année), mais il a aussi remporté 3 autres prix : Meilleur Jeu familial, Meilleur Jeu d’action / aventure et Meilleure Réalisation. Rien que ça ! J’avais écrit un article sur Astro Bot mi-septembre 👇
Je vais être honnête : j’ai un faible pour les Awards…
Au même titre que j’aime les Top 10 et autres Tier List.
Et pourtant, il faut bien l’avouer, ce sont des classements puérils qui s’évertuent à aligner des jeux via un subjectif “ordre d’importance”, comme s’il s’agissait de figurines sur une étagère de bibliothèque !
Mais si j’aime les prix, les cérémonies elles-mêmes m’ennuient profondément. Et l’édition 2024 des The Game Awards n’a rien changé à cela…
Leur côté performatif font d’elles un exercice de pure représentation, où la vanité et le décorum l’emportent très largement sur la célébration du média jeu vidéo et les équipes responsables de leur création.
Glamour de pacotille à base de “stars” n’ayant souvent rien à voir avec le jeu vidéo ; célébration d’un copinage malaisant ; temps de parole ultra limité pour les développeurs (et quelques rares développeuses) au profit de trailers vendus des centaines de milliers de dollars1…
Une cérémonie comme The Game Awards s’apparente davantage à un tapis rouge sur lequel on ferait rouler (non stop !) des Pokéballs destinées à capturer notre attention.
Comme TF1 vendait “du temps de cerveau humain disponible” à Coca Cola, The Game Awards est d’abord là pour nous montrer une tonne (sérieusement… c’est limite épuisant) de bandes-annonces des prochains gros jeux à venir.
De nombreux Awards, parmi les plus importants (Meilleur Jeu d’action / aventure, Meilleur RPG, Meilleur Jeu de Stratégie !), sont même annoncés à la suite les uns des autres, à toute vitesse, histoire de vite laisser la place à un nouveau tunnel de trailers.
Des Awards annoncés “sans cérémonie”, où aucun membre des équipes de développement n’est invité à prendre la parole !
Bon, tout n’est pas négatif. Ce type de soirée reste un moment de célébration d’un média qui nous tient à coeur et auquel nous consacrons souvent une partie non négligeable de notre précieux temps libre.
Pouvoir découvrir en l’espace de quelques (longues) heures (ou le lendemain matin comme pour la plupart d’entre vous !) les annonces de titres très attendus reste un plaisir… Comme ici le prochain et encore bien mystérieux jeu de Fumito Ueda, créateur de ICO, Shadow of the Colossus et The Last Guardian.
C’est aussi un moment où nous pouvons toutes et tous faire un bilan de l’année.
Un exercice facilité par l’apparition de ces “Wrap-up” en ligne où les Sony et autres Nintendo compilent nos “statistiques” pour dresser les listes des jeux auxquels nous avons le plus joué.
Mais surtout, c’est l’opportunité de débattre et de déclencher des conversations autour des titres que l’on a aimé, et que l’on a envie de défendre. Une extension IRL, en quelque sorte, de l’espace virtuel à la fois compétitif et ludique qu’est le jeu vidéo.
Je ne sais pas pour vous, mais personnellement je suis assez friand du concept de “hot take”, soit une déclaration en forme d’affirmation (un rien) provocatrice qui vise à provoquer une réaction épidermique. Quelque chose comme : “FF7 Rebirth est évidemment le jeu de l’année, et il n’y a pas photo !!”.
Sur les 6 jeux nominés au titre de GOTY (jeu de l’année), j’en ai terminé 2 (Astro Bot et FF7 Rebirth) ; j’ai joué à la démo de l’un d’eux, qui m’a moyennement emballé (Metaphor) ; renoncé à toucher à deux d’entre eux, qui me parlent énormément mais auraient trop fortement pesé sur mon emploi du temps (le DLC d’Elden Ring et Balatro) ; tandis que le dernier ne m’intéresse pas (Black Myth Wukong).
Cette simple liste de 6 jeux a fait l’objet d’une multitude d’articles et de vidéos en ligne. Que ce soit pour débattre de la pertinence de leur nomination ; des raisons “cachées” de leur présence dans cette liste ; des grands oubliés / absents ; ou simplement pour “analyser” leurs chances de gagner.
J’avoue que l’idée de débattre du bien fondé de la nomination de ces jeux m’a amusé et a provoqué un certain nombre de hot takes instantanées telles que :
où est Animal Well ?! L’un des mes coups de coeur de l’année…
pourquoi Black Myth est-il dans la liste malgré un accueil critique ne le présageant en rien au titre de GOTY ?
Un DLC cité parmi les meilleurs jeux de l’année ?! Et pourquoi pas un jeu en early access aussi ?!
Si un débat en ligne peut vite devenir complexe et / ou toxique du fait de l’appétence des plus gros réseaux sociaux pour le drama, s’énerver tout seul devant son écran en lisant des avis un peu développés et étayés est un régal.
Le top restant bien entendu d’en discuter entre ami(e)s autour d’une table pour s’enflammer ensemble et - surtout - s’amuser.
Parce que finalement c’est le côté puéril et innocent de ces débats qui font à la fois leur charme et leur sel. L’idée derrière ces joutes verbales est de célébrer le jeu vidéo dans son ensemble. On sait bien qu’il y a autant de GOTY que de joueuses et de joueurs, non ?
Et l’avantage des débats et discussions déclenchés autour de ces nominations, c’est qu’ils permettent souvent de mettre sous les spotlights des jeux plus “obscurs”, n’ayant pas connu le succès commercial et la ferveur médiatique des 6 nominés dans la catégorie GOTY des The Game Awards 2024.
Car comme souvent, ces cérémonies ont tendance à célébrer des jeux ayant déjà rencontré leur public, ainsi que des séries et des genres bien installés… Elles s’apparentent souvent à un Battle Royale des cools kids !
Allez, il est temps de faire un bilan rapide sur l’édition 2024 des The Game Awards, qui s’est conclue il y a quelques heures !
Déjà, je suis très content des deux dernières annonces du show…
Oui ! Une suite à Okami a été annoncée ! Avec à la tête du projet : Hideki Kamiya (réalisateur du jeu original), qui a enfin retrouvé du boulot ! Son statut de développeur au chômage est en effet un running gag de ses dernières vidéos YouTube, où il parle de jeux rétro et de ses passions, lorsqu’il n’échange pas avec une ancienne collègue ayant travaillé avec lui sur Okami, Ikumi Nakamura, aujourd’hui à la tête du studio japonais Unseen. Ikumi et Hideki étaient d’ailleurs tous les deux présents en personne lors des The Game Awards 2024.
Et bien sûr Intergalactic : The Heretic Prophet ! Le très attendu nouveau projet du studio Naughty Dog a été l’annonce finale de l’événement d’hier. En développement depuis 2020, cette nouvelle franchise créée dans le plus grand secret, marque le grand retour du studio californien dans l’espace… Une première depuis la série Jak & Daxter !
Vous ne pensiez tout de même pas que j’allais l’oublier ?! On revient en arrière dans la soirée avec une autre annonce, qui m’a personnellement retourné la tête : Ninja Gaiden Ragebound ! Un jeu pixel art basé sur la célèbre franchise Tecmo, édité par Dotemu et surtout développé par The Game Kitchen ! Un studio espagnol ayant déjà brillé dans le genre Action 2D pixel art avec les deux superbes Metroidvania de la série Blasphemous !
La cérémonie elle-même, comme d’habitude, était à la fois lissée et lisse au possible.
Un indéniable succès logistique manquant cruellement d’âme, qui réussissait l’exploit d’être trop long, tout en étant trop dense. Les trailers et autres messages (les réducs Amazon…) ou shows publicitaires (Netflix, Snoop Dog, etc.) ont volé la vedette aux grands gagnants de la soirée et étouffé la voix des créateurs et créatrices qui avaient la chance d’être parmi les gagnants appelés sur scène pour recevoir leur statuette.
Plus d’une dizaine de prix ont en effet fait l’objet d’une simple mention, sans remise de prix ni passage sur scène !
Et comme c’est souvent le cas, non seulement les nominés étaient les jeux les plus populaires de l’année, mais en plus une poignée de gagnants a concentré les votes et quasiment tout raflé (4 prix pour Astro Bot, 3 pour Balatro et Metaphor… un tiers des prix pour 3 jeux), reléguant ainsi dans une (très relative) obscurité des titres qui auraient également mérité d’être célébré sur scène…
Aucun prix pour Animal Well, seulement Meilleure musique pour Final Fantasy VII Rebirth, c’est dur et injuste. Mais quel plaisir de voir le français Nicolas Doucet, réalisateur de Astro Bot, visiblement très ému, monter sur scène pour recevoir le prix du Jeu de l’année aux côtés d’une partie de son équipe. Et quelle classe de remercier Nintendo (une fois de plus, l’un des grands absents de la soirée) pour leur impact sur le genre plates-formes, le design d’Astro Bot, et le jeu vidéo en général !
Cet élément humain, cette célébration émue d’une industrie qui façonne autant de moments de joie, devrait être le focus d’une cérémonie comme The Game Awards.
Et vous ? Quel est votre avis sur cet événement et les vainqueurs de l’édition 2024 ?
N’hésitez pas à laisser des commentaires ci-dessous !
PS: Les images des jeux Astro Bot, Animal Well et Final Fantasy VII Rebirth illustrant cet article ont été capturées par mes soins à partir de versions commerciales PS5. Celles des jeux Arco et Balatro proviennent de leurs sites officiels respectifs. Enfin, vous pouvez voir la cérémonie des The Game Awards 2024 sur leur chaîne YouTube.
Un article d’Esquire relayé par Kotaku révélait avant l’été qu’une minute de trailer durant le Summer Game Fest (organisé par Geoff Keighley, tout comme The Game Awards) coûtait pas moins de 250 000 dollars pour monter jusqu’à un demi-million de dollars pour une bande d’annonce de 2mn+. Imaginez donc les prix pour une cérémonie comme The Game Awards… Ils doivent être vertigineux.
Salut !
On compare sous les game awards aux oscars du jeu vidéo, le truc c’est que le processus de nomination des jeux dans les différentes catégories est très opaque voire discutable
Il serait bien qu’un véritable organisme plus indépendant fasse ce genre de récompenses
La on a juste l’impression d’avoir des pubs
C’est dommage car célébrer les créations de l’année et surtout leurs créateurs semblent plus important que jamais
Pour ce qui est des trailers présentés, forcément le nouveau naughty dog, le DLC de Dave the diver
J'étais au courant que la cérémonie allait avoir lieu quelque part en ce moment mais je n'avais même pas la date exacte en tête.
Donc je ne l'ai pas regardée.
Mais c'est plus les discussions autour qui m'intéressent :
1- Pourquoi un DLC est nommé ? (comme tu te le demandes )
2- Geoff a-t-il parlé de la situation des travailleurs et travailleuses du JV ? Si oui, mieux et plus longtemps qu'au Summer Game Fest ?
3- Est-il raisonnable de payer des centaines de milliers de dollars pour 30s de pub ?
4- Et du coup, quelle est la différence avec les trailers d'annonce ? Les éditeurs doivent-ils payer pour ceux-là ? (je ne pense pas car ça dépend du rapport de force)
Bref, je conseille, sur ce sujet en général, la vidéo de Game Next Door :
https://www.youtube.com/watch?v=VtR7HHCzreg