Astro Bot est une déclaration d’amour au jeu vidéo, à TOUS les jeux vidéo !
Le jeu de la Team ASOBI - l’un des derniers studios japonais de Sony - célèbre autant les franchises PlayStation (qui fête ses 30 ans !), que le savoir-faire de Nintendo.
Non seulement ce petit robot est en bonne position pour devenir LA mascotte de la marque PlayStation, mais il pourrait bien devenir le Kirby de Sony !
Oui ! Comme Kirby, Astro Bot a développé le pouvoir “d’absorber” les stars qui ont fait l’histoire de la PlayStation. Plus de 150 bots représentant des personnages célèbres de jeux vidéo apparus sur les consoles PlayStation peuvent ainsi être libérés. Et plus rarement, le petit robot contrôlé absorbe carrément leurs pouvoirs, pour se transformer lui-même en Kratos (God of War) ou Nathan Drake (Uncharted) par exemple.
Alors bien sûr, Sackboy, la poupée en toile de jute de la série LittleBigPlanet, s’était déjà prêtée à l’exercice cosplay pour Sony. Mais Astro Bot fait bien plus que se déguiser. Il est l’ambassadeur de la marque PlayStation depuis ses débuts sur PS4.
Dans The Playroom en 2013, il met en avant les mérites de la manette DualShock 4 et surtout de la PlayStation Camera. En 2016, il passe à la VR avec The Playroom VR : une démo donnée gratuitement avec le casque virtuel Sony. Avec Astro Bot Rescue Mission en 2018, il devient enfin la star de son propre jeu et démontre de façon convaincante (même pour un récalcitrant à la VR comme moi !) les capacités du casque PlayStation VR.
Mais le vrai tournant de sa carrière arrive en 2020 avec Astro’s Playroom. Un titre qui achève de faire de lui l’ultime cheerleader de la marque, puisqu’il débarque pré-installé sur toutes les PlayStation 5 sous la forme d’une incroyable démo technique gratuite !
C’est aussi là que lui et son équipe de créateur-rices franchissent un cap pour dépasser largement les limites de leur mandat. Leur contrat était, comme toujours, de fournir une démo capable de produire du “wahou” dans toutes les chaumières. Après tout, Astro Bot est le top vendeur de Sony depuis 2013 ! Sauf qu’au lieu de vendre des voitures et des sièges chauffants en option, il vend les mérites des nouveaux modèles de la PlayStation et de ses derniers accessoires !
Et si avec Astro’s Playroom, le petit robot et la Team ASOBI nous épatent en mettant “en jeu” les entrailles de la PS5 et surtout les surprenantes capacités haptiques1 de sa nouvelle manette DualSense, ils ont été encore plus loin en nous vendant tout simplement... l’histoire de la PlayStation !
Les niveaux de la démo étaient ainsi truffés de petits bots qui se filmaient les uns les autres en reproduisant des scènes tirées de jeux phares des consoles précédentes. Une idée absolument brillante qui allait transformer cette démo technique en une véritable lettre d’amour à la marque.
Astro Bot aime la PlayStation.
Et la marque lui rend bien en plaçant son patrimoine entre ses petits doigts métalliques.
Il faut dire que son papa, le français Nicolas Doucet, travaille chez Sony depuis maintenant plus de 20 ans… Et exploiter les accessoires des consoles PlayStation est vite devenu sa spécialité ! Je me rappelle ainsi l’avoir interviewé pour la sortie de l’EyePet2 sur PS3 en 2009, alors qu’il travaillait pour les studios londoniens de Sony. Il est depuis devenu : l’agent de presse numéro 1 d’Astro Bot ; l’architecte de sa carrière (et son premier supporter !) ; le CEO du studio japonais Team ASOBI3 ; et le directeur créatif du tout nouveau Astro Bot, développé avec une “petite” équipe d’un peu plus de soixante personnes.
Si la “démo technologique” Astro’s Playroom sortie en 2020 impressionnait déjà par la qualité de sa jouabilité ; la manière dont elle exploitait les nouvelles fonctionnalités “sensitives” de la manette PS5 ; et son world building truffé de références pleines d’amour… Astro Bot a dépassé toutes mes attentes ! Et je ne suis pas le seul à être tombé en pâmoison devant le jeu.
Je ne vais pas vous faire ici la critique exhaustive de ce dernier.
Vous avez sans doute toutes et tous vu l’incroyable 94% obtenu sur l'agrégateur de notes Metacritic à partir des tests d’une centaine de médias différents. Un succès critique hallucinant, jusque là réservé à une élite dont les membres se prénomment généralement Nintendo, Rockstar ou Naughty Dog !
Je vais plutôt m’efforcer de mettre en exergue quelques-unes des facettes les plus marquantes du jeu - avec un minimum de SPOIL, mais un peu quand même !
Commençons par le travail de FOU réalisé sur l’intégration des références aux autres franchises de jeu vidéo, qu’elles soient exclusives aux PlayStation ou non. Cette fois-ci, 169 caméos ont été intégrés au jeu, et d’autres sont à venir via un DLC gratuit annoncé par la Team ASOBI. Ces caméos se déclinent sous 3, voire 4 formes !
On trouve et récupère le bot caméo dans l’un des niveaux du jeu, qui saute alors dans notre manette avant de rejoindre ses potes sur la planète centrale (qui fait office de hub / village bot)
Adorables petits Mudokons de la série Oddworld : L'Odyssée d'Abe ! On achète sa figurine dans le gachapon in game avec les pièces de monnaie PlayStation récoltées
Le héros de Journey en train de coudre son écharpe. Joli clin d’oeil à l’un des éléments clés du jeu, communiquant au joueur sa progression. La figurine apparaît sur la planète centrale et autorise de petites interactions rigolotes
Le bot représentant le Prince de la série culte Katamari Damacy ! Lorsqu’on le touche, il fait rouler son katamari et on peut se retrouver scotcher dessus ! Pour la dernière forme prise par ces bots caméos, une poignée transfère leur pouvoir à Astro qui peut alors jouer leur rôle (et quel acteur cet Astro !) le temps d’un niveau
Oui ! On peut jouer Kratos dans un niveau et même utiliser Leviathan, la hache emblématique du héros depuis le reboot de la série God of War en 2018.
Alors bien sûr, les exclus sorties sur PS5 comme God of War Ragnarök, Horizon Forbidden West ou Ratchet & Clank: Rift Apart ont la part belle, mais d’innombrables éditeurs tiers voient aussi leurs personnages inclus dans le jeu !
Capcom, Konami, FromSoftware ou Namco Bandai sont tous présents d’une façon ou d’une autre dans le jeu, ce qui finit de faire d’Astro Bot une ode au jeu vidéo dans sa globalité et non pas seulement aux studios internes à Sony. Les absents sont d’autant plus visibles du coup… En particulier Square Enix, dont la franchise Final Fantasy (et en particulier FF7 !) est pourtant intimement liée aux consoles PlayStation. Rattrapage avec le prochain DCL peut-être ? C’est fou de se dire que Cloud fait une apparition dans Super Smash Bros. Ultimate sur la Nintendo Switch et pas dans Astro Bot !
Puisque l’on parle de Nintendo…
Au-delà des caméos et de la délicieuse appétence d’Astro Bot pour le cosplay, il suffit de prendre en main le jeu une petite dizaine de minutes pour que l’héritage des Super Mario 3D saute aux yeux. De son level design, à l’intégration de certains pouvoirs et mouvements, en passant par la structure même du jeu, on sent bien que la Team ASOBI n’a pas joué qu’à Ratchet & Clank ! Le nombre de fois où je me suis dit en jouant : “tiens, j’ai déjà vu ça dans Super Mario Odyssey”, “oooh, joli hommage à Super Mario Galaxy”, est assez impressionnant. Plus surprenant en revanche a été de découvrir des clins d’oeil à d’autres franchises Nintendo comme Pikmin ou Metroid !
Oui, c’est confirmé ! Pour ses 30 ans la PlayStation s’est trouvée une nouvelle mascotte, et elle est super fan de Nintendo ! Ses potes robots l’appelle Shigeru :p
J’avoue que les deux-trois premiers niveaux du jeu m’ont laissé comme un arrière-goût de déjà-vu. Mais ça n’a pas duré longtemps… Très rapidement il apparaît évident que ces références ont été parfaitement digérées et magnifiées par une réalisation technique n’ayant rien à envier aux “caïds de la PS5” (Naughty Dog, Insomniac Games, Santa Monica Studio, Sucker Punch), ainsi qu’une jouabilité aussi fine qu’incroyablement “sensitive” (on reviendra sur le gain d’immersion procuré par la manette PS5).
J’ai été particulièrement épaté par l’originalité des boss et la façon dont les niveaux se déplient devant nous !
Les environnements de jeu se transforment souvent en temps réel devant nos yeux ébahis, suite à un événement scripté (comme l’apparition d’un robot géant !) ou provoqué par le joueur.
Une petite vidéo où l’on voit un ADORABLE robot géant (déjà aperçu dans Astro’s Playroom) faire apparaître la suite du niveau ! On se croirait dans Le Géant de Fer !
Les pouvoirs ne sont pas en reste, ces derniers étant généralement représentés par des animaux robots qui viendront s’accrocher à Astro. En plus d’étoffer le panel de mouvements de notre héros, ces animaux sont une excuse toute trouvée pour modifier et varier la navigation dans le jeu.
Parce qu’il est impossible de trop souligner à quel point Astro Bot est un bonheur à jouer… Le jeu tourne bien entendu en 60 images par seconde au même titre que les références du genre chez Nintendo, comme Super Mario Galaxy 1 et 2 sur Wii, Super Mario 3D World sur Wii U et Super Mario Odyssey sur Switch.
La qualité du gameplay d’Astro Bot est sans doute sa plus vibrante preuve d’amour au jeu vidéo et au jeu de plates-formes en particulier.
S’il est très accessible et familial, la Team ASOBI n’a pas oublié de dissimuler une quinzaine de niveaux beaucoup plus difficiles, au design inspiré des boutons "rond, triangle, carré et croix” des manettes PlayStation.
Le studio a aussi annoncé l’ajout d’options dédiées au speedrun dans le DLC à venir !
Astro Bot reprend la philosophie de Nintendo et son approche “mille-feuille” de la difficulté : facile à prendre en main, mais difficile à maîtriser. Même si la partie “difficile” reste légère et restreinte au level design, le jeu de la Team ASOBI ne proposant pas de manipulations complexes à la Super Mario Odyssey.
Et puisque l’on parle de manettes, c’est peut être là où se situe le plus gros apport d’Astro Bot par rapport aux classiques de Nintendo. Il est évident que les feedbacks sonores et tactiles offerts par la DualSense de la PS5 suscitent un énorme gain d’immersion.
On “sent” les niveaux lorsque l’on marche, touche ou frôle des éléments de décor. Et la finesse du retour de force permet la création de puzzles jouant avec celle-ci ; sans oublier l’ajout assez rare de phases employant la détection de mouvement (via le gyroscope et à l’accéléromètre intégrés).
Le fait qu’Astro Bot fasse de surcroît de la manette un élément de jeu à part entière est à la fois une idée de génie et la cerise sur le gâteau (qui fera le délice des enfants !). Celle-ci apparaît en effet à l’écran puisque c’est le vaisseau d’Astro !
Nintendo, qui a toujours prêté une attention toute particulière à ses périphériques, doit se poser des questions en ce moment. Après le combo Wiimote & Nunchuk de la Wii et l’incompris GamePad de la Wii U, les manettes “classiques” de la Switch ressemblent à un pas en arrière, vous ne trouvez pas ?
À cause d'Astro Bot, le prochain Super Mario 3D de la Switch 2 pourrait avoir un problème de manette !
On peut faire sauter les bots secourus et transportés dans sa “manette vaisseau” en la secouant !
Pour conclure, une autre facette marquante de ce formidable Astro Bot est le chemin parcouru par la Team ASOBI en l’espace de quelques années.
Réaliser une démo tech et un jeu complet, ce n’est pas la même chose… Faire un jeu complet, et qui plus est un jeu de plates-formes aussi massivement inspiré par les classiques absolus du genre (Super Mario Galaxy, etc.), requiert “a very particular set of skills” !
Des talents que l’équipe a développé ensemble, au fil du temps, sur de multiples projets. Il n’est guère étonnant de voir à quel point un grand nombre des personnes ayant travaillé sur Astro Bot Rescue Mission (2018) est encore présent dans les crédits d’Astro Bot.
En plus d’être une déclaration d’amour au jeu vidéo, ce titre est un vrai message adressé à l’industrie…
Gardez vos core teams intactes afin de faire fructifier l’expérience engrangée et la synergie développée sur un projet !
La taille humaine d’une équipe (ici un peu plus de 60 personnes) assure non seulement une meilleure communication entre ses membres, mais elle est aussi souvent garante d’une générosité et d’une humanité qui résonnera avec son audience
Les jeux courts, c’est vraiment cool ! Comme les équipes de développement, joueuses et joueurs ont aussi besoin de respirer entre deux Triple A ! (10h pour le finir, 20h+ pour le finir à 100% !)
Avec ce nouveau jeu, Astro le “petit” robot reste le fanboy qu’il a toujours été, jusqu’à s’approprier le slogan de la série Pokémon : “Attrapez-les tous !”. Pourtant, cet Astro Bot montre qu’il a entamé sa croissance, pour trouver sa propre identité et s’imposer comme l’une des nouvelles références du genre.
Astro Bot fait bien plus que célébrer les 30 ans de la PlayStation, il nous rappelle que le jeu vidéo doit avant tout être un moment de joie partagée : en famille, entre amis, entre fans, ou tout simplement entre nous, joueuses et joueurs, et le studio qui l’a créé.
PS: Toutes les images et vidéos illustrant cette newsletter ont été capturées par mes soins à partir d’une version commerciale du jeu Astro Bot sur PlayStation 5. Les images des précédents jeux de la série Astro et de LittleBigPlanet ont été prises du site officiel Sony PlayStation.
Tout ce qui est “haptique” touche à la sensibilité cutanée. Dans la DualSense, cela englobe tout ce qui touche aux feedbacks sensoriels de la manette PS5, comme le retour de force, la prise en compte dans les jeux de la pression exercée sur les gâchettes et les boutons, ou encore l’utilisation du pavé tactile intégré à la façade de la manette.
L’EyePet est un jeu en réalité augmentée qui mettait en scène une créature virtuelle - une espèce de Gizmo simiesque - à l’aide du PlayStation Eye, la caméra périphérique de la PS3.
Nicolas Doucet a rejoint les studios de Sony Japan Studio en 2011. Ces derniers ont fermé en 2021 pour devenir la Team ASOBI.
Fini à 100% pas plus tard qu'hier, c'était un vrai bonheur à faire, j'ai adoré à tous les niveaux !
Ca fait plaisir de voir un jeu de plateforme 3d aussi riche et qualitatif, encore plus surprenant que ça ne vienne pas de chez Nintendo. Clairement, ce genre de jeu vidéo manque
Seul petit truc que j'aurais à reprocher : le manque d'une petite partie encyclopédie. J'ai adoré les multiples refs, certaines bien obscures, mais d'autres que je ne reconnais pas malgré la description et j'aurais bien aimé savoir à quoi ça fait référence concrètement
J'en avais parler avec un ami mais c'est assez cocasse que les restes de Japan Studio, Studio malheureusement fermé par Sony soient ceux qui ont enfin permis une bouffée d'air frais sur cette console qui manque malheureusement toujours autant de jeux, la fermeture de Japan Studio c'est toujours un évènement qui me rend assez triste mais très heureux du travail de Team Asobi