Un shoot’em up pas comme les autres !
Pour commencer, Star of Providence est un jeu indie sorti en 2017 auquel un célèbre YouTuber a décidé de donner une seconde chance en 2025. Ensuite c’est un “bullet hell” doublé d'un “roguelike” !

J’ai toujours apprécié les shoot’em up ou les shmups si vous préférez, bref ces jeux de tir où l’on tente de préserver aussi longtemps que possible l’intégrité physique d’un petit vaisseau à l’écran.
On slalome dans tous les coins, on étudie le rythme d’apparition des ennemis à l’écran et les patterns des boss… Ce type de jeu est avant tout affaire d’observation, de rythme et de concentration, avec une once de stratégie.
Et puis le shoot’em up est l’un, sinon le plus vieux genre du jeu vidéo ! C’est un “proto-genre” pour reprendre un terme que j’aime bien, et que j’ai déjà utilisé pour parler du jeu de plates-formes.
Il est né avant la plupart d’entre nous !

Le shmup fut l’un des piliers de l’arcade, mais aussi un genre majeur des premiers micro-ordinateurs (jusqu’à l’Amiga) et des premières générations de consoles, soit de l’Atari 2600 à la Dreamcast en gros. Space Invaders, Asteroids, Galaga, River Raid, Gradius (Nemesis), Xevious, Parodius, Pop'n TwinBee, Zaxxon, R-Type, Xenon 2, Battle Squadron, Z-Out, Thunder Force, Super Star Soldier, Radiant Silvergun, Twinkle Star Sprites, Border Down, Under Defeat, DoDonPachi, Espgaluda, Ikaruga… Je suis certain qu’au moins l’un de ces titres vous a fait vibrer non ?!
Mais le shoot’em up a aussi la réputation d’être un genre élitiste, voire carrément masochiste. Tout particulièrement le sous-genre du “bullet hell” ou “danmaku” en japonais (弾幕, que l’on peut traduire par “rideau de balles”) !

Dans ce sous-genre un peu niche, on doit survivre à un assaut constant de projectiles ennemis qui viennent littéralement remplir l’écran de jeu pour nous contraindre à gérer les déplacements de notre vaisseau “au pixel près”.
Heureusement que le shoot’em up s’articule autour de mouvements d’ennemis pré-définis dont il convient d’apprendre par coeur les ondulations et attaques, histoire de nous donner une chance !
Imaginez un peu s’il venait à être mélangé à un genre où l’aléatoire est la règle ! Comme le roguelike par exemple, avec ses Game Over synonymes de retour à la case départ et ses niveaux toujours différents, où aucune partie ne se ressemble complètement… Imaginez un peu… Ahahaha. Ça serait horrible non ?!
Star of Providence : quand le danmaku rencontre le roguelike.

Star of Providence a été développé par Team D-13, un studio international composé de 4 personnes, qui se sont réunies mi-2015 autour de leur amour du shmup et du roguelike. De cet amour est né deux ans plus tard le jeu qui nous intéresse aujourd’hui.
Pourtant, cet article n’est pas dédié à un titre sorti en 2017. Enfin… Pas tout à fait. Il faut dire que je suis clairement passé à côté à l’époque de sa sortie sur Steam. Star of Providence, qui s’appelait alors Monolith, a pourtant su fédérer autour de lui une petite communauté de fans hardcore. Et parmi eux se trouve un certain Jason Gastrow, alias Dunkey, un YouTuber américain ultra populaire, dont la chaîne possède aujourd’hui 7,5 millions d’abonné(e)s.
Voici l’amusante vidéo “promo” de Dunkey, avec sa voix unique, consacrée au second jeu indépendant édité par sa compagnie.
Il est avant tout connu pour ses critiques de jeu vidéo pleines d’un humour teinté de vitriol1. Mais aussi pour avoir lancé avec sa compagne en 2022 sa propre maison d’édition de jeu : Big Mode. Et leur premier coup d’essai, Animal Well sorti en 2024, s’est avéré être un véritable coup de maître ! Je lui ai d’ailleurs consacré un article en mai dernier. 😊
Pour leur second jeu, Jason a donc décidé de ressortir une version étoffée d’un titre auquel il a consacré des centaines d’heures : Monolith, qui changera au passage de nom pour devenir Star of Providence. En plus d’un update conséquent, cette nouvelle mouture sort en boîte, et sur Nintendo Switch !
C’est cette version que j’ai découvert et à laquelle j’ai désormais consacré une cinquantaine d’heures depuis sa sortie en février dernier.
On vient de passer une nouvelle étape dans l’histoire du jeu vidéo indépendant !
Il y a quelques années certains titres étaient “redécouverts” des mois, voire des années après leur sortie initiale pour devenir du jour au lendemain de véritables phénomènes après qu’un créateur de contenu sur YouTube ou Twitch les ait streamés. Je pense à Vampire Survivors bien sûr, ou encore Among Us.
Mais désormais les jeux indés ne se contentent plus d’être streamés pour être carrément réédités, et ainsi profiter d’une nouvelle exposition massive, dépassant de loin la visibilité offerte par la presse spécialisée classique. Une presse qui, avouons-le, a plutôt tendance à privilégier les Triple A au détriment des indie… Combien de critiques de Assassin’s Creed Shadows pour une critique de BZZZT ?
Selon l'agrégateur de notes Metacritic, et au moment où j’écris ces lignes : 82 pour 6 ! Et BZZZT a une note moyenne de 91% comparée au 81% du dernier Assassin’s Creed. Mais je m’égare, revenons à Star of Providence (6 critiques… 😅).

Soyons honnête, le mélange shoot’em up / roguelike donne bien évidemment un jeu à la difficulté particulièrement corsée.
Mais à l’image des meilleurs roguelite2, le chaos induit par la génération aléatoire de ses niveaux est contrebalancé par un apprentissage progressif et une jouabilité d’une extrême précision. On apprend ainsi à connaître les ennemis, les boss, les pièges croisés dans les niveaux, mais aussi les armes et les upgrades qui nous conviennent le mieux.
Et rapidement, au bout de quelques heures je dirais (une quinzaine de parties), on commence à “sentir” son vaisseau et à le diriger avec une forme d’instinct forgé par la répétition et l’expérience.
Star of Providence se situe à l’exacte intersection entre Geometry Wars: Retro Evolved, The Binding of Isaac et Enter the Gungeon. Il s’agit donc d’un Twin-stick shooter (le stick gauche pour bouger son vaisseau, le droit pour tirer) ; d’un jeu d’exploration où l’on traverse une succession d’écrans fixes générés de façon aléatoire bourrés de secrets ; et d’un jeu de tir où les armes, les bombes et le dash jouent un rôle central pour éliminer et slalomer entre ennemis et boulettes.
Les musiques composées par Sebastian Zybowski (également co-designer du jeu) sont aussi nombreuses que fantastiques ! Et elles collent parfaitement aux constants changements de rythme provoqués par la variété des pièces traversées.
Star of Providence mêle ainsi la tension du shoot’em up à l’exploration du roguelike. On explore dans le jeu de la Team D-13 une espèce de mystérieuse usine peuplée de machines, de mages et autres créatures étranges, dont il faut descendre les étages pour tenter d’atteindre un mystérieux “pouvoir éternel”. Chaque étage est constitué d’une série de pièces connectées. Lorsque l’on pénètre l’une d’elle, les portes se ferment dernière nous jusqu’à ce que les ennemis qu’elle renferme aient tous été éliminés.
Chaque ennemi détruit rapporte des débris qui servent de monnaie. Plus on détruit d’ennemis, plus notre multiplicateur monte (jusqu’à x3), augmentant ainsi nos gains. Mais dès que l’on se fait toucher, il chute drastiquement.
Certaines pièces spéciales peuvent aussi abriter des marchands ; des machines (une par étage) vous conférant un pouvoir spécial (à choisir entre trois) ; des PNJ avec lesquels faire du troc ou combattre ; de mystérieuses déités et leurs offrandes ; des mini-boss ; ou encore des conteneurs remplis d’armes !



Les armes ! Parlons-en. Notre petit vaisseau possède une arme de base, un “peashooter” (comme dans Mega Man) aux munitions illimitées. Mais des armes spéciales de différents types et raretés peuvent être trouvées. Et celles-ci s’auto-détruisent une fois leurs munitions limitées épuisées.
Laser, Railgun, Revolver, Fireball… on peut même débloquer une épée ! Ces armes secondaires ultra puissantes doivent être achetées dans le Hub principal du jeu, pour être “débloquées” avant de pouvoir apparaître de façon aléatoire dans nos parties. Mais toutes les épées, par exemple, ne se ressemblent pas ! Ces armes peuvent prendre différentes formes, voire être personnalisées à l’aide de mots clés leur attribuant une faculté particulière, comme celui de geler les ennemis touchés.

La dimension “exploration” héritée du roguelike de Star of Providence confère à son système de combat une richesse et une flexibilité lui assurant une incroyable rejouabilité.
Franchement, même après 50 heures de jeu et avoir battu le “vrai” Boss (celui qui déclenche l’apparition des crédits de fin), je suis TRÈS LOIN d’en avoir fait le tour. Déjà parce qu’il existe d’autres boss, bien plus difficiles et plus ou moins cachés. Ensuite, parce que l’on peut débloquer de nouveaux vaisseaux (apportant parfois avec eux une gestion des armes totalement différente), de nouveaux modes de jeu (Loop, Seed, Boss Rush, etc.), et que le jeu regorge de secrets et de routes alternatives !



Star of Providence n’est pas pour tout le monde. Le jeu est difficile et bien moins généreux dans son approche du roguelite qu’un titre comme Hadès. S’il est également possible de décorer son Hub (la pièce dans laquelle chaque partie commence) et de débloquer quelques bonus à même de faciliter nos futures parties (comme le One-Time Care Package, à acheter dès qu’il apparaît dans la boutique), on meurt la plupart du temps “sans rien gagner”... Sinon l’expérience engrangée pour nous permettre d’aller toujours un peu plus loin !
Mais la richesse de son lore (même les ennemis commencent à vous parler dans le Hub !), la densité de ses secrets, sa spectaculaire jouabilité et le renouvellement constant des capacités de nos petits vaisseaux sont pour moi de puissants antidotes à la frustration parfois ressentie.
N’hésitez pas à partager vos shoot’em up préférés dans les commentaires ! 😊
PS: Toutes les images et vidéos de Star of Providence illustrant cet article ont été capturées par mes soins à partir d’une version commerciale sur Nintendo Switch, tout comme l’image d’Asteroid l’a été à partir de la compilation Atari 50: The Anniversary Celebration. Enfin, l’image de Mushihime-Sama provient du site de l’éditeur japonais de jeux en version physique Super Deluxe Games.
Pour avoir une idée du style Dunkey, je vous conseille sa vidéo consacrée à Sonic Frontiers !
Le roguelite est similaire à un roguelike, soit un jeu où les niveaux sont le plus souvent générés (ou agencés) aléatoirement, et où l’objectif est d’aller le plus loin possible. Lorsque l’on meurt, on repart de zéro, ou presque. Là où le roguelike est un jeu de rôle où l’on explore un donjon, un roguelite applique la formule aux genres les plus variés (shoot’em up, jeux de plates-formes, etc.).
Allez c'est bon, entre ton article et le segment Silence on joue qui en parle, c'est vendu ! Je m'en vais rajouter ça dans Steam !
Vivent les shmups !
Et cet article qui sort le lendemain du reveal de Salamander 3, tu ne pouvais pas mieux tomber mon cher Thierry !
En tout cas le concept de ce Star of Providence m'a l'air tout à fait alléchant.
Pour ma part, j'ai été élevé à l'école Konami du shoot'em up : Gradius, Parodius, Axelay, TwinBee... Sacrés souvenirs.
Mais Macross: Scrambled Valkyrie avait aussi été une super claque !