La neige et le jeu vidéo, une histoire à partager autour d’un chocolat chaud (ou d’un grog !)
Si on devait claquer des doigts pour faire disparaître la neige de tous les jeux vidéo existants, avec elle fonderait une grosse partie de nos meilleurs souvenirs vidéoludiques.
Si on vous parle de la neige dans le jeu vidéo, ça vous évoque quoi à vous ? Quel jeu vous vient immédiatement en tête, avec la vélocité de la boule de neige projetée d’un grand moulinet de bras ?
La sortie des placards du manteau d’hiver ; le début officiel de cette saison dans Animal Crossing le weekend dernier ; la couverture du récent petit magazine Nintendo avec des Pikmins interloqués qui se reluquent dans une boule de Noël ; et le fait que je vive au Japon depuis quelques années maintenant, un pays où les saisons sont marquées et célébrées plus fortement qu’en France…
Tous ces éléments m'ont donné envie de partager mon expérience personnelle de cette saison, et surtout de la neige qui la caractérise, à travers le jeu vidéo ! Parce que… pourquoi pas ?! Cet article est donc bien entendu subjectif, car basé sur mon parcours unique de joueur, et ne cherche en aucune façon à être exhaustif !
Un personnage qui glisse, tandis que mes mains se crispent sur la manette à la vue du précipice si proche (trop proche); une jauge de vie qui diminue à une vitesse alarmante; l’éternel pic de glace menaçant de tomber; les embruns projetés dans un virage serré… La neige a toujours eu une place privilégiée dans le jeu vidéo, et elle recouvre tous les genres. Ludique, tactile et malléable, elle permet d’ancrer physiquement le joueur dans un environnement de jeu. Elle s’enfile comme un gant pour le placer, bien au chaud, au cœur d’une expérience familière. Mais cette expérience peut aussi, très vite, prendre une tournure extrême et confronter le joueur à la nécessité de survie. Car la neige peut être fragile comme un flocon, ou dure et aiguisée comme un pic de glace.
Quand je pense “neige” et “jeu vidéo”, les premières images qui me viennent à l’esprit sont celles de jeux à monde ouvert. L’un d’eux en particulier s’impose avec la rigueur de l’hiver : Red Dead Redemption 2… De par son pedigree bien sûr, mais aussi son emphase sur les grands espaces propres au genre qu’il investit, à savoir le western. Le jeu Rockstar débute et se termine dans la poudreuse. L’aventure commence alors qu’Arthur et le gang Van der Linde se retrouvent à parcourir des montagnes enneigées dans des conditions météorologiques atroces, alors qu’ils tentent de fuir les forces de l’ordre…
La neige dans RDR2 semble vivante, comme le reste des environnements du jeu. Son réalisme absolu nous plonge dans une expérience immersive comparable à nulle autre. Elle est aussi synonyme de danger, comme celui d’être attaqué par un prédateur dissimulé par le blizzard; mais également de mystère, les zones montagneuses au nord de la carte étant riches en secrets dissimulés dans la poudreuse. Cet environnement est aussi l’un des plus propices à la traque, nos proies laissant comme nous de profondes traces dans la neige. Comment oublier la capture épique du pur-sang arabe, le meilleur cheval du jeu, dont la robe blanche le camoufle à nos yeux.
Notre premier contact avec la neige dans The Legend of Zelda : The Breath of the Wild (ou sa suite, Tears of the Kingdom) est tout aussi empreint de danger. A cause du froid extrême, la vie de Link diminue rapidement dans cet environnement, demi coeur par demi coeur, et nous oblige à utiliser l’un des nombreux moyens mis à notre disposition pour y survivre : allumer un feu, s’habiller plus chaudement ou manger des plats à base de piment par exemple !
God of War Ragnarök, lui aussi, place Kratos et son fils dans un hiver synonyme de survie, voire même de sursis, puisqu’il n’annonce rien moins que la fin du monde… Le début du jeu nous confronte à plusieurs spectaculaires attaques dans la neige : alors que le duo se trouve à bord d’un traîneau tiré par des chiens et un peu plus tard, à pieds, face à un ours enragé d’une taille colossale.
Le monde ouvert de Elden Ring est un peu différent, dans le sens où, TOUS ses environnements se traversent avec la sensation d’être un mort en sursis ! Malgré tout, comment oublier le spectaculaire combat contre le géant de feu, l’un des boss du jeu, dans la région des Cimes des Géants ? Ou ces terrifiantes mains araignées géantes aux doigts bien trop nombreux, accrochées aux flancs des rochers, qui peuvent nous tomber dessus à n’importe quel moment lorsque l’on passe à côté d’elles sans les voir ?! Toutes ces expériences liées à la neige, et tout particulièrement aux risques que représentent les environnements qu’elle recouvre avec la pudeur d’un linceul blanc, sont inséparables des jeux open world.
Mais dans le jeu de plates-formes aussi, la neige est un écosystème synonyme de danger (au même titre que la lave)... mais dans un registre peut être un peu plus léger, comique même ? En tout cas plus immédiat !
Comment imaginer un jeu de plates-formes sans un Monde enneigé ? Le dernier Super Mario Bros. Wonder n’échappe pas à la règle devenue trope ! Mais TOUS les Mario proposent des niveaux où les surfaces gelées permettent, au mieux de glisser sur les fesses (ou juchées sur des patins à glace, etc.), au pire de déraper inexorablement vers une mort symbolisée par l’éternel trou entre deux plates-formes ! Et que dire de Celeste, darling du jeu vidéo indépendant et chef d'œuvre absolu du genre plates-formes… Un titre où l’ascension bien réelle d’une montagne adopte une dimension métaphorique pour représenter l'épreuve du changement, mais aussi les obstacles qui se dresseront dans notre vie, tels des parois hérissées de pics de glace, et qu’il faudra parvenir à franchir pour continuer à avancer et grandir.
Mais la neige s’avère capable d’échapper au statut de “marqueur environnemental” pour embrasser l’idée même du passage du temps. Autrement dit, elle peut aussi être un marqueur temporel, et simplement accompagner les saisons. Deux philosophies peuvent ici s’opposer, qui se résument très bien avec ces deux titres : Don’t Starve et Animal Crossing ! Dans le jeu de survie de Klei Entertainment, l’hiver est une épreuve, un test à passer. Comme son titre l’indique (que l’on peut traduire par “Ne meurs pas de faim”), il faudra se préparer pour littéralement espérer “passer l’hiver”.
Dans l’énorme hit de Nintendo, sorti en pleine pandémie, si l’hiver arrive lui aussi pour succéder à l’automne, il est à l’extrême opposé de Don’t Starve, pour être non pas un test, mais au contraire une nouvelle cours de récré ! Le joueur a simplement l’opportunité de découvrir son île sous un autre jour.
Dans les deux cas, la neige se pose sur une terre nourricière, riche en matières premières, que l’on travaille et que l’on exploite afin de survivre… ou faire plaisir à ses gentils voisins en leur fabriquant de nouveaux objets de déco pour leur maison !
Dans les simulations de sports extrêmes ou automobiles, la neige, et la glace bien sûr, sont tout autant des terrains de jeu. Sauf qu’ici, elles représentent un challenge. Celui de maîtriser l’art de la glisse et du slalom, dans un gymkhana permanent avec les éléments. Sans oublier la vitesse qui prend ici toute sa dimension ! Une vitesse faite d'embruns projetés à chaque coup de reins ou de volant… Personnellement, mes souvenirs les plus marquants sont les SSX de l’ère PlayStation 2 ou les simulations de rallye, comme Colin McRae DIRT sur Xbox 360 par exemple. Et puis… NHL Hitz 2003 sur GameCube, ça compte aussi non ?!
Et là je m’aperçois que ce papier pourrait ne jamais se conclure. La neige est présente dans tellement de jeux ! Le RPG bien sûr, le FPS, la plupart des simulations (sportives ou économiques), les point & click, les shoot’em ups, les jeux d’infiltration, de combat, d’aventure/action… tous les genres se sont vus infiltrés d’une façon ou d’une autre par la neige et le froid de l’hiver. L’isolation laisse vraiment à désirer dans l’industrie du JV :p
Pour finir, survolons un peu le bestiaire épatant qui accompagne souvent la neige dans le jeu vidéo ! Au-delà des yétis, caribous, ours polaires, morses, mammouths (Metal Slug 3 !), bonhommes de neige, dragons de glace et autres géants, je pense au pingouin bien sûr ! Ce dernier est à jamais associé, dans mon esprit de joueur ayant grandi avec le MSX, aux jeux Konami Antarctic Adventure et Penguin Adventure !
Le pingouin Pentaro reste encore aujourd’hui l’un de mes personnages de JV préféré. Une mascotte qui respire le bonheur de vivre et illustre ce oscillement, induit par l’arrivée de la neige, entre l’état de léthargie (bien au chaud chez soi, sous une couverture, une manette en mains !) et l’explosion d’énergie qui caractérise les enfants lorsque, les joues rougies par le froid, ils se réchauffent en improvisant des batailles de boules de neige !
Et puis ce qui est bien avec la neige dans le jeu vidéo, c’est qu’ici, elle est garantie !
PS: les images et photos illustrant cet article ont toutes été capturées ou prises par mes soins, à l’exception des screenshots de Don’t Starve et de DIRT 5, issus de leurs pages officielles.
Et pour en savoir plus sur certains des jeux cités dans cet article, comme Elden Ring, The Legend of Zelda : Breath of the Wild ou Super Mario Bros. Wonder, voici une petite liste de papiers à leur avoir été consacrés ici !
Pour ma part, c’est Astérix et Obelix sur Mastersystem qui me vient en tête ! Il fallait taper sur des Romains cachés dans des bonhommes de neige, et si une boule de neige nous tombait sur la tête, le système de contrôle s’inversait ce qui rendait la difficulté bien plus forte ! (Il fallait aller à droite pour que son perso aille vers la gauche !)
J’ai retrouvé un playthrough : https://youtube.com/clip/UgkxFeOYLI6WDhuOxkh1GEVIZXfgez9ePiYz?si=JQMuBiMO3stTvSe2
Pour ma part c’est Metal gear solid qui me vient en premier. Ma première claque vidéo ludique qui a probablement enclenché mon addiction 😅