Le livre est le plus bel objet jamais créé.
Le livre est un objet au coeur duquel se déploient des récits qui nous accompagneront, parfois, tout au long de notre vie. Certains de ces récits ont contribué à façonner notre personnalité, forger des amitiés, ou donner corps à des inspirations qui deviendront de véritables compas de vie.
Des personnages, des situations, des dénouements… voire même parfois des phrases entières (!), peuvent surgir à n’importe quel moment à la surface de nos esprits, telles des bouées gonflées par notre mémoire et notre inconscient.
Qu’ils appartiennent ou non au domaine de la fiction, ces livres sont les architectes de mondes au sein desquels nous tenons un rôle majeur. Nous sommes les maçons et charpentiers de ces édifices de mots. C’est grâce à notre imagination qu’ils finissent par prendre forme et se déployer au sein de notre esprit.
S’il demande de notre part un effort plus conséquent que le cinéma ou le jeu vidéo par exemple, le livre, par l’intimité du lien qu’il tisse avec nous et la nécessité de notre collaboration asynchrone, propose une immersion comparable à nulle autre.
J’aime le livre en tant qu’objet pour de multiples raisons. Déjà, parce que sa présence dans une bibliothèque offre une fenêtre sur ma culture et constitue une invitation à la discussion. Un livre est une main tendue.
Mon propre intérêt pour les livres vient de ceux que l’on a pu m’offrir enfant bien sûr, et du fait que mes parents lisaient… Mais la fascination exercée par la majestueuse bibliothèque de mon arrière-grand père, remplie de livres et de bandes dessinées superbement reliées, n’est pas non plus à négliger.
Le livre en tant qu’objet physique est fascinant. J’adore prendre un livre entre mes mains. J’aime le manipuler en sachant qu’il renferme en lui un monde dans lequel je vais pouvoir m’immerger. Tourner ses pages, revenir sur un paragraphe pour le lire à nouveau afin d’en affiner le sens et se faisant apporter de nouvelles fioritures à la fresque mentale qu’il peint… Le livre entretient avec nous une relation dont la physicalité n’est pas à négliger.
J’aime son poids, la texture de son papier, le rythme qu’il nous impose par son chapitrage et sa pagination. Lorsque je suis happé par un récit et que soudainement le destin d’un personnage est en jeu ou que je sens une conclusion (souvent redoutée) proche, j’adore résister à l’envie de jeter un oeil quelques pages plus loin pour saisir un mot, une phrase, qui pourrait me donner un indice sur le dénouement à venir.
Le livre, par sa simplicité, sa portabilité aussi, contribue à créer avec nous un moment de pure intimité. J’aime me “poser quelque part” pour lire. Je savoure ces instants, proches du recueillement, qu’il contribue à créer autour et au sein de nous.
Et plus que tout, je déguste ces moments où l’on est soudainement emporté par le récit, balloté comme une feuille sur une rivière déchaînée. Au même titre que j’apprécie ce petit moment de déchirement où l’on doit se résigner à interrompre sa lecture !
Pourtant, cela fait maintenant quelques années que je lis moins.
Faute de temps, de patience aussi, ou simplement par paresse, il faut bien l’avouer… Si je devais cumuler le temps passé à doomscroller sur mon iPad ou mon téléphone en 2024, je me demande combien de livres j’aurais pu lire à la place !
Mais en fin d’année dernière, j’ai pris la décision de prendre le temps de lire pendant mes vacances de fin d’année. J’ai débuté par des petits livres de la collection Boss Fight Books, dont j’ai mentionné celui dédié à Day of the Tentacle dans ma précédente newsletter.
J’ai également dévoré ceux de Alyse Knorr et Kelsey Lewin respectivement consacrés aux jeux vidéo Super Mario Bros. 31 et Animal Crossing. J’aime particulièrement ces livres parce qu’ils analysent un média que j’adore et le font à travers un prisme souvent très personnel. Alyse, par exemple, parle de sa relation à son père (avec lequel elle jouait et auquel son livre est dédié) à travers son analyse ultra poussée et documentée du classique de Nintendo. Cette fine couche autobiographique apporte à ces courts récits un supplément d’humanité qui les rend particulièrement attachants.
En rentrant en France l’été dernier, je suis également tombé sur une récente édition d’un livre de Roger Zelazny sorti en 1985 appelé : 24 Vues du Mont Fuji par Hokusai… Et il s’agissait d’un livre de science-fiction ! Avouez qu’il y avait de quoi être intrigué !
Zelazny est un auteur dont j’avais dévoré la série des Princes d’Ambre dans les années 90. Découvrir un livre inspiré d’une vue que je savoure tous les jours, écrit par cet auteur “du passé” m’a absolument cueilli par surprise, déclenchant un achat compulsif que je ne regrette pas.
Cette histoire ne se contente pas de rendre hommage au maître de l’ukiyo-e, pour citer de multiples oeuvres culturelles auxquelles la mystérieuse Mari pense durant son étrange et dangereux pèlerinage au Japon. Un personnage que l’on découvre petit à petit pour enfin comprendre les enjeux de ce récit, qui renvoie à des préoccupations très actuelles liées au développement de l’Intelligence Artificielle.
J’ai également lu le roman de SF : Dans la toile du Temps de Adrian Tchaikovsky, que l’une de mes soeurs m’a offert il y a quelques temps. Une histoire ambitieuse d’une grande efficacité confrontant l’hubris humain à son improbable descendance. Un récit, rythmé par les voyages dans des caissons d'hibernation, qui nous interroge sur notre rapport au temps, à la mortalité et à notre héritage en tant que race humaine. Une histoire qui résonne, elle aussi, étonnamment avec l'actualité…
Qu’ils soient fictifs ou accompagnent d’autres arts pour venir leur apporter du contexte, comme le jeu vidéo par exemple, ces livres m’ont rappelé à quel point la lecture était un plaisir. Un plaisir que j’avais envie de partager ici, sans doute un peu hâtivement et maladroitement, mais qui m’a mis convaincu que si je devais me faire un cadeau cette année, ce serait celui de lire un peu plus.
N’hésitez pas à me conseiller vos livres de SF favoris dans les commentaires, je me sens dans un mood “anticipation” !
Une traduction française du superbe ouvrage de Alyse Knorr dédié à Super Mario Bros. 3 est sorti aux éditions Omaké Books sous le titre : Super Mario Bros. 3 Gaming Legend vol.3 ! Un grand merci à sseb22 pour avoir partagé cette information dans les commentaires de l’article 😀
Merci Thierry pour cette belle lettre d'amour au papier, je n'en attendais pas moins de quelqu'un qui vient de la presse papier ! Une question peut-être un peu indiscrète à laquelle tu n'est pas obligé de répondre, mais que je pose quand même : à la manière de certain de tes anciens collègues de la presse JV, n'as tu jamais été tenté, toi-même, d'écrire un livre ?
J'ai beau avoir une kindle, et reconnaître que c'est pratique dans plein de situation, je préfère le papier aussi. Mais je suis vieux aussi, ça doit expliquer.
Sinon, après avoir adoré la trilogie du problème à 3 corps, j'attaque la servante écarlate (handmaid's tale). Et c'est plutôt pas mal du tout, l' écriture est originale et sympa.