Mes “petits moments” de 2024
Bonne année et bonne santé à toutes et à tous ! Commençons cette année avec le partage de quelques moments et sources régulières de plaisir culturel.
Parfois ça ne tient à rien.
Un fou rire dans un podcast, une communicative camaraderie dans un stream, une tournure de phrase dans une newsletter, une scène impactante dans une série ou un anime… autant de “petits moments” qui nous cueillent au dépourvu et nous font skipper une respiration.
C’est à quelques-uns de ces petits moments - hors jeu vidéo - que je souhaite dédier cette première newsletter de l’année !
Alors je ne vais pas vous faire ici un bilan exhaustif de tout ce que j’ai aimé en 2024, ce serait ridicule. Et puis c’est déjà quelque chose que j’essaye de faire avec cette newsletter en fait ! Non, l’idée ici est plutôt de vous partager une poignée de ces petits moments culturels, à même d’illuminer une journée.
Je vais commencer par Origami, un média indépendant lancé il y a un an et demi par une petite troupe de talentueuses et talentueux journalistes. Ils ont créé ensemble une série d’émissions se déclinant autour de thèmes variés, qui me tiennent à coeur, et vous tiennent à coeur aussi puisque vous lisez ces lignes !
L’Hebdo, Internet Exploreuses, La Mardinale JV, Super Vieux Jeux, Head Shot… autant d’émissions diffusées gratuitement sur YouTube et Twitch, souvent streamées en live, et préparées comme des émissions TV en plateau… à l’ancienne ! Des journalistes aguerri(e)s, que ce soit devant une caméra, un micro ou un stylo - souvent les 3 ! - qui se retrouvent pour échanger sur des sujets qu’ils aiment, maitrisent et traitent avec recul, coeur et professionnalisme.
Pas toujours facile à capter en live, mais aisément rattrapable “en différé”, je m’aperçois avec le temps que leur travail est pour moi une source importante d’information et de plaisir. Celui de suivre des gens qui aiment parler de jeu vidéo, mais aiment aussi (et surtout) se retrouver pour en parler ensemble.
L’une de mes émissions Origami favorites est devenue Internet Exploreuses qui réussit l’exploit de me faire sentir à la fois vieux - mais ça, c’est de moins en moins difficile - et de me rajeunir !
En apprenant ce qu’était le meme Skibidi Toilet je pense avoir rajeuni de 2 ans et quelques semaines, même si Héloïse Linossier, Lucie Ronfaut et leur invitée m’avaient fait perdre 4 ans de vie lors d’une émission précédente en m’apprenant que, oui, il était bel et bien possible de “couper Internet” !
Origami n’est pas le seul collectif de journalistes à me fournir chaque semaine ou presque ces “petits moments” de plaisir. Capture Mag en est un autre, et je peux même vous dire que l’un de leurs membres a mangé il y a quelques mois une chaussette promotionnelle Beetlejuice 2 à l’antenne ! Composé de journalistes aguerri(e)s et spécialisé(e)s dans le cinéma, elles et eux-aussi proposent des émissions diverses comme Sale Temps pour un Film, consacrée aux sorties ; Steroids, dédiée à l’analyse d’un film d’action… ou des formats plus longs comme Monster Squad et Capture Mag Le Podcast.
Ces derniers sont mes préférés. Monster Squad, animé par Marie Casabonne, dissèque les grandes séries d’épouvante / horreur comme Freddy, Hellraiser ou Chucky, tandis que Capture Mag Le Podcast est une émission, souvent découpée en plusieurs parties, qui revient sur la carrière d’un cinéaste. Steven Spielberg c’est un podcast en 4 parties de plus de 12h par exemple, tandis que Stanley Kubrick, toujours en 4 parties, se dévoile en 14h environ…
Des podcasts fleuves, déroulant la carrière, un film après l’autre, de ces monstres sacrés du cinéma et qui nous emportent avec eux pour nous échouer, quelques heures plus tard, sur un rivage filmé en scope dont on se relève rassasié. Le sujet de ces podcasts les irrigue d’une passion qui gomme l’agacement que peut provoquer une émission d’actu comme Sale Temps pour un Film, où les prises de position un rien butée et parfois empreinte d’un peu de mauvaise foi de certains membres de l’équipe affleurent de temps en temps. Si l’idée de ces émissions est bien évidemment d’entendre des opinions fortes, étayées par l’indéniable culture de ces spécialistes du cinéma, une plus grande capacité d’écoute au service du débat et de la discussion, est toujours à mes yeux plus intéressante que les monologues sentencieux.
Je vous conseille vivement la dernière en date de Capture Mag Le Podcast, consacrée en un seul (petit !) épisode de 4h à Jim Henson, créateur de Yoda et des Muppets !
Sachez également que l’équipe publie régulièrement des mooks qui peuvent être achetés via des plates-formes de financement participatifs comme KissKissBankBank, et plus tard en librairie. Et une grosse partie de l’équipe collabore aussi régulièrement à l’excellent magazine Rockyrama, qui a récemment sorti un super hors-série dédié à John Carpenter. Dans ce dernier, par exemple, Julien Dupuy, le mangeur de chaussette promotionnelle (et formidable journaliste / documentariste passionné par les effets spéciaux), consacre un article à Mike Ploog, l’un des artisans du monstre protéiforme de The Thing !
Quand on parle d’écriture, l’écosystème des newsletters découvert avec le lancement de la mienne, m’a révélé quelques pépites comme celle du Pavé Numérique, dont les mots de l’édito m’enchantent chaque semaine avec la régularité d’un jouet thermodynamique à bascule, tel l’oiseau buveur du film Darkman.
Ici, les “petits moments”, dont cette newsletter tente aujourd’hui de se faire l’écho, sont liés au plaisir simple de l’enchantement par les mots. Un plaisir provoqué par l’écriture envisagée avant tout comme une forme de massage du cuir chevelu. Notre crâne serait ainsi composé de touches de clavier sur lesquelles le journaliste Ambroise Garel taperait des mots suscitant de petites étincelles de plaisir. Plaisir d’écriture bien sûr, les mots s’amusant par leur agencement et leur musicalité d’une actualité “tech” pourtant terriblement déprimante… Ressortir à la fois informé ET relaxé de ce massage éditorial est tout simplement miraculeux, à la limite de la sorcellerie en fait.
Le Pavé Numérique n’est pas la seule infolettre à me ravir chaque semaine ou mois, je vous encourage pour en découvrir d’autres à jeter un oeil à celles pointées dans Mes Recommendations !
Au moment où je tape ces mots, pressé par le temps d’un envoi se rapprochant à grandes minutes, et d’un retard accumulé à force de maladie et de diversions, je prends doucement conscience de l’ampleur du sujet, et du mauvais service que je lui rends… Ces “petits moments”, ces bulles de plaisir qui éclatent devant nos yeux pour les faire ciller quelques instants sont légion, et je ne pourrais ici qu’en citer une misérable poignée !
Le podcast est aussi un média découvert tardivement, à l’occasion de mon arrivée au Japon et du lancement de Pixel Bento. J’ai pris depuis quelques temps maintenant l’habitude d’écouter le Cosy Corner, le podcast créé il y a bien longtemps maintenant par Moguri et Medoc, deux vétérans de la presse papier, deux journalistes jeu vidéo et anciens animateurs Nolife, mais aussi deux incorrigibles bavards, qui se sont faits de ces “petits moments” une spécialité.
Le Cosy Corner est en effet une machine infernale dédiée à la production de ces “petits moments”. Une espèce de gigantesque cheminée mécanique, montée sur de longues pattes métalliques aux fines et fumantes articulations, qui traverse les années à grandes enjambées avec une souplesse huilée. Cette cheminée aussi chaleureuse que steampunk est sans cesse alimentée par la vie épique de ses deux créateurs, entre plateaux TV, livres ouverts, écrans d’ordinateur ou de télé, et garages obscures... Combien de fois ai-je éclaté de rire ou pouffé dans les rues tokyoïtes, en les écoutant raconter… absolument n’importe quoi. Mais un “n’importe quoi” rôdé à l’amitié, rythmé par leurs mixtapes, alimenté par leur désir de se faire rire (et nous avec), ainsi qu’une curiosité vorace. Grâce à la chaleur de leur cheminée, le Cosy Corner est un endroit où il fait bon se détendre.
J’adore les livres sur le jeu vidéo, mais cette année j’ai accumulé plus que je n’ai lu ! Une pile of shame de plus, qui dévore et réorganise sans cesse ma petite bibliothèque. Celle-ci se comportant tel un animal repus, rarement au repos, qui ne ne cesse de bouger dans son petit enclos pour tenter d’accueillir ses kilos en trop. L’acquisition de “petits livres” a donc été ma délivrance de décembre 2024, où j’ai englouti en quelques semaines plusieurs ouvrages, délicieux, dont le Day of the Tentacle de Bob Mackey aux éditions Boss Fight Books.
Un livre making of, présenté sous la forme d’une histoire orale et chorale du jeu d’aventure point & click culte, créé chez LucasArts au début des années 90. On y entend des extraits d’interviews, agencés par l’auteur, de tous les artisans ayant contribué de manière plus ou moins directe à la création de Day of the Tentacle. Un jeu d’une générosité folle, qui récompensait de ses bons mots et animations, nos errances et expérimentations. Avec ce livre, on se sent comme une figurine sur un bureau, observant en catimini les coulisses de la création de ce chef d’oeuvre cartoon, où une espèce de dream team créative s’est visiblement entendue à merveille pour produire cette inoubliable aventure.
2024 fut également une année en “grands moments” d’animation. Du français Mars Express (que j’ai enfin pu visionner en Bluray ! Merci Alex et Jérémie !), à l’espagnol Robot Dreams (sorti fin 2024 au Japon), en passant par le japonais Look Back (visible sur Amazon Prime), j’ai également récemment fini la saison 2 de Arcane.
Arcane, diffusée sur Netflix, est un miracle, un accomplissement artistique d’une magnitude rare. Si la série animée créée par le studio français Fortiche et Riot Games pêche parfois par un trop plein d’ambition scénaristique ne laissant à certains moments clés que peu de place pour respirer et se développer… Si elle cède par moment à la “facilité” de séquences “clipesques”… Elle n’en reste pas moins absolument saisissante.
Arcane conte de multiples histoires d’amour ; qu’elles soient charnelles, amicales ou filiales, toutes résonnent avec une justesse habitée, magnifiée par une animation et une direction artistique qui laissent pantois, et mettent à l’amende les plus grosses productions hollywoodiennes actuelles. Cette série, artistiquement, ne se contente pas de se hisser au niveau des Spider-Man: Into / Across the Spider-Verse, mais vient les challenger avec un aplomb et une maîtrise qui m’ont laissé pantois.
Cette série est une compilation de “petits moments”, et fait éclater ici et là des bulles émotionnelles qui viendront humidifier bien des visages. Que de tels projets, à la fois adultes, ambitieux et poétiques, puissent se monter et s’inviter sur des plates-formes regorgeant de “produits” créativement morts, répondant à un agenda d’un cynisme froid, tient tout bonnement du miracle.
Des miracles que je souhaite tout aussi nombreux pour 2025 ! Parce qu’il faut que je m’arrête ! Cette newsletter doit partir dans quelques minutes et je pourrais encore continuer à écrire pendant des heures pour ne plus faire un format long, mais un format fleuve, imbuvable !
Alors je m’arrête là, pour une nouvelle fois vous souhaiter à toutes et à tous, une excellente année 2025, que je vous souhaite remplie de “petits moments”.
PS: Toutes les photos illustrant cet article ont été prises par mes soins ou ceux de mon épouse. Le visuel de l’anime Look Back provient de son site officiel japonais ; celui de l’équipe d’Origami déguisée, de leur compte Bluesky ; celui de Mars Express du site de la boîte de prod Everybody on Deck ; celui du Cosy Corner de leur site Patreon ; et enfin les images de la série animée Arcane de son site officiel et compte X.
Vous pouvez bien sûr soutenir tous les médias cités dans cette newsletter, les liens de leur Patreon sont donnés lorsqu’ils sont cités pour la première fois.
Que de belles recommandations à laquelle je rajouterai l'infolettre de Lucie Ronfaut chez numerama. Elle revient dans " La regle 30" sur des actualités liées aux reseaux sociaux et à internet. Un excellent complément à l'emission "Internet Exploreuses" qu'elle anime sur Origami.
L'équipe de Sumimasen Turbo offre également un angle très intéressant sur le JV et la culture japonaise. Je trouve leur angle parfois different mais souvent complémentaire au podcast Pixel Bento. Mettre côte-à-côte les emissions sur la Sega Saturn est très révélateur.
Et donc bien entendu : le podcast Pixel Bento et l'infolettre du vendredi. Je les attends avec impatience.
Merci encore pour tout ce travail.
Petite recommandation lecture : les editions "les arènes" sortent des livres sur le japon à travers des recits/ temoignages de français y vivant depuis plusieurs années.
Je recommande "Le vie Konbini" (où comment les Konbini font partie intégrante du quotidien des habitants et peuvent se révéler être des lieux de sociabilisation) et "Tokyo Crush" qui narre le parcours d'une française utilisant les applications de rencontre japonaises.
De bien belles recommandations, avec beaucoup de gens de qualité !
Bravo pour le travail accompli ici et dans le podcast avec Marc et Nicolas, c'est toujours un plaisir de vous écouter !