Vous reprendrez bien une mini-bouchée de Triforce ?
Castaway est un jeu indie qui se "termine" en moins d'1h ! Cet hommage tout en pixels à The Legend of Zelda est développé par le créateur de LUNARK, Johan Vinet, qui nous parle de son “micro-jeu”.
The Legend of Zelda: Echoes of Wisdom, auquel j’ai consacré un article lorsque Nintendo l’a sorti de son chapeau il y a 3 mois, débarque la semaine prochaine.
Et je ne pense pas avoir le temps d’y jouer… 😭 En tout cas, pas tout de suite.
Les raisons sont multiples : le jeu sort en plein Tokyo Game Show, j’ai déjà plusieurs titres qui m’attendent, dont Flock et Marvel vs. Capcom Fighting Collection: Arcade Classics (!)... Bref, mon bento est déjà bien plein comme on dit par chez nous. Mais j’ai quand même eu le temps de finir une seconde fois le mode Histoire du jeu Castaway avant d’écrire cet article.
En fait, il n’est pas impossible que je le finisse une troisième fois !
“Mais quelle est donc cette diablerie !!” s’exclame la foule incrédule !
Nulle question de magie ici, c’est simplement que Castaway fait partie de cette catégorie de jeux qui se terminent en l’espace d’une soirée (avec une surprise à débloquer à la fin pour prolonger le plaisir !).
Et il est loin d’être un cas unique. Le classique absolu Journey vient immédiatement à l’esprit dans le style, et une bonne pelletée d’excellents jeux indépendants comme A Short Hike, Minit, Nuclear Blaze, Sayonara Wild Hearts, Turnip Boy Commits Tax Evasion, Stanley Parable, Inside ou The Exit 8 se sont également distingués dans le genre “Bref”.
Les “walking simulators” comme Gone Home, What Remains of Edith Finch ou Firewatch se sont aussi faits les hérauts d’une durée de vie plus courte. Et n’oublions pas les genres issus de l’arcade, comme le beat’em all ou les shoot’em up par exemple. Les continues infinis qu’ils ont gagné avec leur portage sur consoles et PC, ont le mérite de réduire leur difficulté et par voie de conséquence leur durée de vie jusque là artificiellement allongée !
Mais Castaway est étonnant dans son concept. Le jeu ne cherche pas à raconter une histoire complexe, ni à proposer une narration décalée ou un concept perché, mais plutôt à réduire l’expérience The Legend of Zelda à sa plus simple expression : arrivée dans un monde “à poil” ; exploration mâtinée de puzzles et de combats ; donjons menant à un boss, qui une fois vaincu donne accès à un outil permettant de poursuivre son exploration (grappin, etc.).
Sauf qu’avec Castaway, tout est en taille XXS !
3 mini donjons et 2 outils à acquérir, avec en prime le déblocage en fin de partie d’une option speedrun et d’un mode “roguelite”. Ce dernier, appelé La Tour (dont on doit bien entendu gravir les étages), rallonge la durée de vie du jeu, même si ici la “durée de vie” n’est pas vraiment le propos…
Johan Vinet, son créateur solo (il a tout fait : graphismes, musique et programmation), nous parle de la gestation du jeu…
Castaway est né d'un projet Pico-8 sur lequel je travaillais en 2016 avec un ancien collègue de Tribute Games. À l’origine, c'était un exercice de style, un défi technique où l'on souhaitait créer un Zelda-like ultra condensé dans un cadre limité. La version initiale du jeu était encore plus simplifiée, mais nous avons dû l’abandonner par manque de temps. Pendant le développement de LUNARK, j'avais besoin de pauses créatives, alors j'ai commencé à le porter sous GameMaker, en gardant l’essentiel intact. Finalement, après la sortie de LUNARK, pour sortir de cette phase difficile d’après-projet, j'ai décidé de transformer Castaway en un jeu commercial. J'y ai consacré environ 8 mois, en ajoutant des donjons, des cinématiques, différents modes de jeu, ainsi que la deuxième partie du jeu : la Tour.”
Le jeu est donc parti d’un “exercice de style” avant de se transformer en respiration créative. L’objectif ? Prendre le Grand Arbre Mojo de The Legend of Zelda pour le transformer en bonsaï !
Mais si Johan définit Castaway comme étant avant tout : “une introduction accessible au genre, un jeu pour toute la famille”, il est difficile de ne pas y voir également un projet en accord avec l’air du temps.
Le temps, justement, après lequel nous courrons toutes et tous avec l’énergie du désespoir !
La solution pour joueuses et joueurs pressés pourrait donc s’appeler Castaway.
Haha, disons que c'est une proposition ! En ce moment, je me tourne effectivement vers des jeux plus courts, et Castaway est conçu pour des joueurs dans la même situation que moi, en manque de temps.
C’est là que l’option “snack” ou “goûter sur le pouce” prend tout son sens pour le jeu vidéo, un média qui a longtemps construit son identité autour de la notion de durée de vie. Finir un jeu qui propose une expérience courte mais satisfaisante n’est-elle pas finalement plus gratifiante que de faire un gros Triple A par petites cessions de 1h ou 2 (les parents savent de quoi je parle…) sur une longue période de temps ?
Castaway encapsule qui plus est l’expérience Zelda de manière à ce qu’elle puisse être partagée, voire servir d’introduction au genre. J’ai personnellement fini pour la première fois le jeu avec deux de mes jeunes neveux âgés de 5 et 12 ans, et j’ai passé un super moment ! Le plus grand avait bien sûr déjà joué à The Legend of Zelda (quel Tonton serais-je sinon ?!) et il s’est éclaté comme moi, tandis que le plus petit observait avec grand intérêt et sans ennui. Il faut dire que la cession de jeu a duré à peine plus longtemps qu’un épisode de série animée !
Il était amusant de voir avec quelle facilité il a progressé après m’avoir pris la manette des mains (pour ne plus me la rendre !). La “matrice Zelda”, parfaitement réduite dans Castaway, n’avait déjà plus de secrets pour lui. Mais voilà, le jeu est agréable à prendre en main, très joli (le pixel art parle à tous les âges !) et se déguste aussi vite qu’un bonbon.
Castaway, c’est un peu un The Legend of Zelda qui fond sous la langue !
Ceci dit, faire un micro-jeu signifie forcément que l’on s’expose à des retours négatifs, la communauté gaming étant encore obsédée par le “temps de jeu”, souvent considéré comme un élément crucial à sa satisfaction. L’expression “en avoir eu pour son argent” est souvent associée à une question de temps et non de qualité.
Je pense que les mini-jeux ont définitivement un avenir, mais la clé réside dans une communication claire pour bien cadrer les attentes des joueurs. Malgré mes efforts, Castaway n’a pas échappé aux critiques du genre “sympa mais trop court”, qui dominent les avis négatifs sur Steam. Avec un niveau de finition très proche de son inspiration, il est difficile de dissiper les grandes attentes des joueurs. En plus, sa structure inhabituelle, avec deux jeux en un, a peut-être joué contre lui. Beaucoup de critiques sur la durée du jeu viennent de joueurs qui n’ont pas exploré la Tour, qui est pourtant plus longue.
Je ne leur en veux pas, c’est un risque que j’ai pris, et le fait d'avoir mis les crédits à la fin de la première partie n'a pas aidé. Cela dit, la majorité des joueurs ont apprécié l’expérience, et je suis ravi des retours. Les journalistes qui ont jugé Castaway pour ce qu’il est (ou essaye d'être) – et non pour ce qu’ils espéraient qu’il soit – lui ont même attribué d’excellentes notes.”
Je pense comme Johan que les micro-jeux ont un bel avenir devant eux, qu’ils durent 4h, 2h ou 30mn. Si une communication claire est essentielle pour ne décevoir personne, la question du prix reste délicate. 8 euros pour Castaway peut être jugé onéreux, comparé aux 7 euros de A Short Hike ou au 4 euros de The Exit 8 par exemple.
Mais j’aime beaucoup l’idée d’encapsuler un genre dans une expérience de jeu resserrée. Un exercice qui m’a rappelé l’excellent micro-jeu de plates-formes Arkedo Series - 001 JUMP! du studio français Arkedo (aujourd’hui disparu). Un titre publié en 2009 aux côtés de 002 SWAP! et 003 - PIXEL! sur le service d’autopublication XNA de la Xbox 360, qui a contribué à l’essor de la scène indie.
Castaway est un peu le descendant spirituel de cette série. Et j’espère que Johan Vinet ainsi que d’autres développeurs et développeuses continueront à explorer le potentiel ludique et commercial de ces “mini-bouchées de jeu vidéo”, qui s’adaptent si bien à nos emplois du temps toujours plus chargés.
Dans sa communication, Johan a d’ailleurs suggéré que Castaway pourrait n’être qu’une… mise en bouche !
Les joueurs qui ont terminé Castaway savent que certaines questions restent en suspens, et c’est volontaire : j’ai toujours envisagé d’ajouter des épisodes. Je ne peux rien promettre pour l’instant car je suis en phase de préproduction, mais l’idée est d’introduire de nouveaux personnages, chacun avec des capacités uniques, dans un environnement qui lui est propre. Si le premier épisode (l’aventure de Martin) propose une Tour de la Mort après avoir terminé le mode Histoire, ce sera peut-être une toute autre proposition dans les futurs épisodes. Pour ce qui est du format de distribution de ces épisodes potentiels, il est trop tôt pour en parler.
Un grand merci à Johan pour avoir eu la gentillesse de prendre le temps de répondre à mes questions par e-mail !
Mais… et vous alors ?!
N’hésitez pas à développer votre avis et à partager vos micro-jeux favoris dans les commentaires !
J’en profite également pour vous diriger vers deux anciens podcasts Pixel Bento :
PS: Toutes les images de Castaway (Canari Games), mais aussi celles de A Short Hike (Adam Robinson-Yu), Minit (Jan Willem Nijman) et The Exit 8 (Kotake Create) ont été prises par mes soins à partir de versions commerciales sur Nintendo Switch. L’image de The Legend of Zelda : Link’s Awakening (Nintendo) a été capturée sur la chaîne Game Boy du service Switch Online.
J'ai ecrit ce message le lundi 23 vers 8h00 mais à cause d'un chargement de la page, il fut entièrement effacé. Je le reecrir le soir même via l'application. Saif qu'entre temps plusoeurs choses ont changé.
Message initial :
" Merci pour cette belle présentation d'un jeu que j'avais découvert dans un Nintendo Direct et que j'avais assez rapidement mis de côté car Echoes of the Wisdom sortait quasiment au même moment.
Il est donc aller dans ma wishlist mais en ajoutant l'option "Pas avant 75% de réduction".
Ce choix n'est encouragé par le rapport temps de jeu /prix du jeu qu'à 25%. C'est surtout le poids du backlog qui m'oblige à me restreindre (difficilement je dois l'avouer) afin de ne pas l'acheter plein tarif pour qu'il traîne au fon fond d'une carte SD déjà bien teop remplie.
Je suis d'ailleurs dans une phase d'acceptation que mon temps de jeu est restreint. Je remarque que jouer à des jeux devient parfois crispant si je n'ai pas le sentiment de progresser (meme un chouilla) dans l'aventure.
Je suis dons dans une phase où je reste en mode normal où j'accepte plus facilement le mode facile pour ne pas être coincé.
Je viens également de supprimer de ma wishlist, une centaine de jeux indés que j'avais repéré au fil des mois et consciencieusement notés. Je les sacrifie car je ne pourrais pas leur consacré le temps nécessaire. Ils s'empilaient zu point que cela en devienne ridicule. J'ai loupé le coche les concernant, je me recentrerai sur les futures sortis et ne concerve desormais que les classiques que je n'ai toujours pas fait.
Ce CastAway viendrait à point nommer mais j'ai deja tellement à faire.
Message du lundi 23h10.
Ce jeu n'a pas quitté mon esprit de la journée et je pense que je vais finalement craquer. J'ai pas mal de travail cette semaine et assez peu de temps libre donc cette fameuse dose de JV me ferait le plus grand bien tout en étant la juste dose.
Mais pire encore, j'en viens à reconsidérer ces jeux que j'ai supprimé de ma wishlist et qui validaient également ce critère de selection : experience courte mais de qualité "
Définitivement, je ne te remercie pas Thierry. Je commençais à me seuvrer et tu me replonges dans la construction de cette wishlist
J'ai adoré Castaway.
Il ne me reste « plus » qu'à réussir le mode Unfair et je l'aurai fait à 100%
Mon seul regret, ce sont tous ces gens qui ne se renseignent pas avant d'acheter et qui sont déçus par la durée de vie. Alors que c'est marqué partout que c'est un micro jeu.
Et puis bon, comme je lutte avec ce mode et que j'ai adoré le mode Tower, j'en suis à plus de 9h de jeu, en fait.
Thierry : c'est quoi ton record pour le speedrun ?
Actuellement, le WR c'est 7min13s
https://www.youtube.com/watch?v=X07ChVgfmKo