Öoo…uf. Tous les insectes ne veulent pas notre mort !
Öoo est le petit jeu IDÉAL pour respirer un grand coup entre deux parties de Silksong.

Öoo est une petite chenille qui pond des bombes. Ce qui n’est pas banal…
Par chance, elle possède une résistance aux explosions absolument phénoménale, ce qui lui permet de transformer ses bombes en un moyen de propulsion terriblement efficace.
Et ça tombe bien parce que notre héroïne s’est faite enlever (!) et doit parvenir à s’échapper d’un labyrinthe dont les couloirs sont obstrués par une quantité astronomique de grenouilles. Étrange, je sais.
Alors qu’elle sortait de chez elle pour aller grignoter une pomme, un oiseau (semble-t-il ?) plonge sur elle pour l’emporter dans les airs. Et c’est seule, frustrée et affamée, qu’elle se réveille on ne sait où1…
Au départ, elle ne peut qu’avancer, à gauche ou à droite.
Étant une chenille, sa morphologie l’empêche de sauter. Du coup, elle vadrouille dans les environnements pixel art, minimalistes mais néanmoins chatoyants du jeu, où elle évolue d’écran en écran à son rythme. C’est à dire : tranquillou.
Et ce jusqu’à ce qu’elle trouve enfin une pomme à se mettre sous la dent. Ce qui lui permet de retrouver un peu de ses forces et sa capacité à produire des bombes.

“Équipée” d’une bombe, Öoo peut la poser et la faire exploser, et ainsi se propulser dans les airs ou se déplacer plus vite. Si elle ne peut créer (au départ) qu’une bombe à la fois, c’est elle en revanche qui décide quand la faire péter.
Et avec cette mécanique d’une simplicité radicale, le game designer NamaTakahashi a encore fait des étincelles !
Öoo est indéniablement le successeur spirituel de son précédent jeu, ElecHead. Les deux titres proposent un savant mélange de puzzles et de plates-formes avec un twist, tout en affichant une prédilection pour les moments “eurêka”.
J’étais un peu inquiet quant à la capacité du jeu à reproduire pleinement l’émerveillement provoqué par son prédécesseur. Mais ces doutes se sont vite envolés. Très rapidement, la chenille se hisse au niveau du petit robot à tête amovible pour multiplier ces moments d’illumination où l’on s’émerveille de sa propre intelligence !
Une bonne partie des 8 environnements du jeu propose ainsi un gimmick particulier, sans que NamaTakahashi ne change quoi que ce soit aux capacités de notre petite chenille. Du début à la fin du jeu, elle se contentera de poser des bombes et de les faire exploser.
Parvenir à trouver des astuces et moyens détournés d’utiliser sa mécanique de jeu principale sans avoir à la modifier est l’un des super-pouvoirs du game designer japonais.
La structure des niveaux est taillée autour de ces “révélations”, et il est même possible d’esquiver des environnements complets une fois une technique maîtrisée (pour le plus grand bonheur des speedrunners).
Parlons des grenouilles quelques instants…
Les grenouilles sont les gardiens du labyrinthe traversé. Des créatures dont la taille leur permet d’obstruer totalement un couloir, et de nous bloquer. Toutes aussi insensibles aux bombes que notre petite chenille, elles possèdent néanmoins un point faible : les mouches. Elles adorent les mouches. Et il suffit que l’on parvienne à lui en ramener une pour qu’elles l’avalent aussitôt et nous cèdent le passage en récompense.
Les mouches, sans doute conscientes de la menace qui les guette, sont généralement situées dans un recoin de l’écran, au premier abord impossible à atteindre. Ce sont elles qui jouent le rôle de brain teaser. Joueuses et joueurs doivent analyser le terrain afin de parvenir à attraper la mouche infortunée et la ramener (sans mourir) à la grenouille.

Öoo est un jeu dont la simplicité n’a d’égal que l’élégance. Un titre court aussi, assez facile, qui se termine en 2-3 heures (plus si vous tentez de mettre la main sur toutes les statues cachées2 !). Plus épuré qu’ElecHead, il perd en folie (j’adore son côté imprévisible, à la fois brouillon et bouillonnant du titre sorti en 2021) ce qu’il gagne en maîtrise et en clarté. Son accessibilité, son charme aussi, sans oublier sa musique et le plaisir que l’on prend à contrôler notre petite chenille, achèvent de rendre délicieuse l’expérience proposée.
Bref, c’est le jeu IDÉAL pour se calmer et se “recentrer” après des heures à batailler pour sa vie dans Hollow Knight: Silksong !
Deux titres que tout oppose : l’un est très court, et l’autre très long ; Öoo est aussi rassérénant que Silksong est épuisant3 ; et le jeu de NamaTakahashi ne cherche jamais à nous assassiner !
En fait Öoo (mais aussi Time Flies, chroniqué cet été) nous rappelle que les insectes ne cherchent pas tous à nous tuer !
Et c’est aussi ça la grande force du jeu vidéo : sa diversité et sa capacité à nous faire ressentir des émotions aux antipodes les unes des autres.
Ne manquez pas de lire l’interview du créateur de Öoo publiée avec la preview du jeu en janvier dernier si vous souhaitez en savoir plus sur son approche du game design et ElecHead ! Si vous étiez passé(e) à côté ou venez tout juste de vous abonner, cliquez sur cet extrait pour y accéder ! 👇
PS: Toutes les images de Öoo illustrant cet article ont été capturées par mes soins sur Steam Deck à partir d’un code fourni par son créateur, NamaTakahashi.
J’ai ma petite idée de l’endroit où l’on se réveille après avoir “taken”, mais je vous laisse le plaisir de la découverte !
Les statues cachées rendent hommage à de nombreux jeux vidéo. Je vous conseille de les chercher après avoir fini le jeu, en commençant par celle qui n’est pas loin de chez vous !
La veille d’envoyer cet article, j’explorais les recoins de La Citadelle dans l’Acte 2 de Hollow Knight: Silksong, où je me prépare à aller affronter le Boss de (la mauvaise) fin ! Pour le moment, aussi horripilant puisse-t-il être par moment, je l’adore autant, sinon plus, que son prédécesseur ❤️