Mes années 'micro-ordinateurs' - Podcast #HS14
L’interview d’Alex Pilot pour son projet de film DEMO m’a replongé (avec délice et effroi) à l’époque de l’Amiga et mes débuts dans la presse jeu vidéo.

J’ai un aveu à vous faire. J’ai failli intituler cette newsletter “Ma nouvelle vie de ‘palier’ dans une campagne de financement participatif” 😛
J’ai en effet eu l’immense honneur d’être inclu dans la campagne Ulule du film DEMO, un projet de long-métrage réalisé par Alex Pilot, pour lequel je vais “tester”, comme je le faisais dans les pages de Génération 4, un jeu micro 16-bit développé pour les besoins du film !
Et pour cause, l’histoire de DEMO se déroule en 1990 et suit le parcours semé de disquettes 3,5 pouces d’un jeune codeur amateur qui va tenter de développer son premier jeu vidéo avec une bande de potes.

Si vous voulez en savoir plus sur le projet DEMO et entendre parler Alex Pilot, avec qui j’ai eu le plaisir de travailler à Nolife (mais aussi Game One et très brièvement France Five), foncez écouter notre tout dernier podcast Pixel Bento, un hors-série qui fait le grand écart entre la France et le Japon, à la manière de JC Van Damme dans ces mêmes années “16-bit” ! 👇
Les liens pour écouter et s’abonner au podcast Pixel Bento :
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Comme on le mentionne dans le podcast, ces années “16-bit”, qui courent de la fin des années 80 au milieu des années 90, représentent une période de folle expérimentation dans l’histoire du jeu vidéo.
Une époque difficile à imaginer aujourd’hui, où le développement d’un jeu était plus une question de mois que d’années (ok, ok, si on oublie le Epic du studio anglais Digital Image Design !). Une époque, aussi, où les équipes conservaient une taille humaine et les projets s’enchaînaient à une vitesse infernale.
Pour moi, la période Amiga / micro 16-bit est une immense cocotte-minute dans laquelle je bouillonnais au milieu d’autres ingrédients de l’époque : des jeux bien sûr (des tonnes de jeux !), mais aussi des amis aussi passionnés que moi, des démos, des articles de magazines (français ET anglais), des “tips”, des disquettes circulant de main en main pour se multiplier comme des petits pains (!), etc.

Mon Amiga 500 était le centre d’attraction de mon hub social, la machine autour de laquelle une bonne partie de ma vie gravitait. Un micro-ordinateur magique qui attirait et agrégeait tous les “ingrédients” pré-cités comme une boule Katamari. Et moi, je me sentais un peu comme le “Prince de tout le Cosmos” de Katamari Damacy : à rouler ma “boule Amiga” en perpétuelle recherche de nouveautés à découvrir, jouer et partager !
Un partage qui ne s’opérait pas encore derrière un écran mais bel et bien “en vrai”, IRL comme on dirait aujourd’hui.
Dans les années 80/90 les passions ne se vivaient pas en remote, elles nécessitaient de se rencontrer physiquement pour s’échanger les disquettes. Et les joutes multijoueur s’organisaient dans les garages, les chambres, parfois les salons (lorsque les parents étaient absents), ou les clubs informatiques. On s’organisait pour transporter nos ordinateurs et leurs volumineux écrans accompagnés de leur cohorte de joysticks (Navigator en ce qui me concerne, qui ressemblait à une espèce de gros Nunchuk Wii) !

Ma passion dévorante pour le jeu vidéo m’a vite mené à m’intéresser et suivre des studios de développement particuliers, comme on suit l’un de ses réalisateurs de films préférés. Sur Amiga, mon James Cameron s’appelait Psygnosis, et mes frères Cohen les Bitmap Brothers ! J’adorais aussi la scène française et je suis littéralement tombé en pâmoison devant le Another World de Eric Chahi en 1991, également cité par Alex dans le podcast.
Avant de rejoindre la rédaction de Génération 4 fin 93, j’ai également travaillé quelques mois, le temps d’un stage étudiant, dans le studio français Silmarils, développeur des très bons Ishar et autres Crystals of Arborea. Situé en Seine et Marne, pas très loin de chez mes parents, j’ai pu découvrir dans ce studio les coulisses du développement de jeu sur micro, mais aussi celles de la presse jeu vidéo ! Grâce à la visite d’un journaliste du magazine Joystick (le génial et regretté Sébastien Hamon, qui signait sous le pseudo Seb), dont la qualité du reportage m’a profondément marqué.
J’adorais lire la presse jeu vidéo. Je me rappelle vivement avoir parcouru d’innombrables librairies dans des petits villages des Alpes durant mes “grandes vacances” pour tenter d’acheter le numéro double d’été de Micro News ou Génération 4. Je lisais d’ailleurs essentiellement la presse micro dans les années 80 / début 90, et très peu la presse consoles.

Grâce à Gen4, Joy, Tilt et Micro News (ex-MSX News, d’où ma passion pour ce mag qui a longtemps continué à parler du micro-ordinateur japonais avec lequel j’ai grandi !), j’ai appris à mieux connaître et identifier les studios et les personnalités derrière mes jeux préférés.
Les frères Rocques de Silmarils, Philip Ulrich (Captain Blood), Eric Chahi (Another World), Jordan Mechner (Prince of Persia), Eric Matthews et Mike Montgommery (The Bitmap Brothers), Peter Molyneux (Populous), Richard Garriott (Ultima), Ron Gilbert, Dave Grossman et Tim Schafer (Monkey Island), Roberta Williams (King’s Quest), Frédérick Raynal (Little Big Adventure), Paul Cuisset (Flashback), Jon Hare (Sensible Soccer), David Braben (Virus), Rémi Herbulot (Extase), et tellement d’autres !
Je ne cite ici qu’une poignée de jeux et de noms appartenant à des équipes plus larges, même si elles étaient rarement composées de plus de 5-10 personnes !
Le fait que ces jeux soient développés par de petites équipes, à peine plus grandes que celles que l’on formait avec mes potes lorsque l’on se faisait une après-midi multi / réseau sur Sensible Soccer, Kick Off 2 ou Speedball 2, a évidemment joué dans la fascination qu’exercait (et exerce toujours !) sur moi les coulisses du développement de jeu vidéo. Une fascination qui se doublait d’une sensation de proximité. Car ces développeurs (et rares développeuses) étaient à peine plus âgé(e)s que nous (mais généralement plus jeunes que nos parents ) !
C’est donc avec un vrai plaisir que je vais me replonger dans cette époque grâce au film d’Alex Pilot ! Et ce fut un véritable plaisir de discuter et partager avec lui durant ce podcast ces souvenirs de nos “années 16-bit”.
Voici maintenant quelques vidéos et infos bonus en lien avec le contenu du podcast et de l’interview d’Alex Pilot.
On commence avec le thread sur le réseau social Bluesky où le créateur de jeu Étienne Périn nous parle de Light And Shadow, l’un des deux jeux qui seront (réellement) développés pour les besoins du film !
Et on conclue avec une mini salve de vidéos !
Le premier épisode du making of du long-métrage d’animation Mars Express, réalisé par Alex Pilot.
Le réalisateur de Mars Express, Jérémie Périn, participera d’ailleurs au film d’Alex en créant (avec Deluxe Paint !) le logo de l’équipe formée par les héros de DEMO. 👇
La bande-annonce de la série animée japonaise 16bit Sensation: Another Layer où l’on suit Konoha Akisato, une jeune artiste qui travaille dans un studio de développement et se retrouve soudainement transportée en 1992 ! Elle décide alors de rejoindre un studio de l’époque en espérant pouvoir enfin réaliser le jeu de ses rêves. 👇
Le trailer du film de Jonah Hill Mid90s, qui suit de manière intimiste le quotidien d’un jeune skater de 13 ans dans le Los Angeles des années 90. 👇
N’hésitez pas à partager dans les commentaires ci-dessous vos souvenirs des années 90 et vos anecdotes sur cette période incroyable de l’histoire du jeu vidéo !
PS: Toutes les photos et images illustrant cet article ont été prises, réalisées et partagées par Alex Pilot, futur réalisateur du film DEMO en cours de financement sur la plateforme Ulule jusqu’au 7 novembre prochain. Les couvertures des magazines Génération 4, Joystick et Micro News sont quant à elles tirées de l’indispensable site Abandonware Magazines.



Une époque et des machines je n'ai fatalement pas connus moi-même, étant né en 91. Mais on sent à quel point toute cette époque a été marquante et déterminante pour énormément de monde : les créateurs, les testeurs et les joueurs.
Et même si on ne fait pas partie de la même génération, je suis quand même heureux d'avoir connu cet âge d'or des magazines de mon époque (que j'ai continué de feuilleter jusqu'en 2014 !). Ma première démo doit dater de 1999, sans lassitude je me baladais dans la maison gigantesque de Toy Story 2 et faisais en boucle le peu de courses proposées dans Crash Team Racing.
Après avoir dévoré la biographie de Marcus sortie récemment, un nouveau retour dans le passé bienvenu et intéressant. Merci Thierry !
Première machine que j'ai eu, c'était une Amiga 500, avec mon père qui a ramené la machine et trois boîtes remplis de disquettes (pas vraiment officielles 👀 mais je devais avoir 8-9 ans à l'époque donc ça me semblait pas anormale)
Je réalisais pas trop encore le jeu vidéo en tant que tel, j'étais juste content de découvrir autant de jeux (avant de passer plus tard à la Megadrive) et j'ai pu découvrir du Bitmap Brothers comme Gods, Xenon 2 ou Speedball 2, du Lucasarts avec Monkey Island (mais trop jeune pour aller au bout) ou des trucs plus obscurs comme Zool ou Les aventures de Moktar (oui oui)
Bref, gros souvenirs sur ça, tout un pan de ma jeunesse là-dedans !