Le Big Bang du jeu de plates-formes 3D
Super Mario Galaxy 2 : un petit pas pour Mario… un bond de géant pour le jeu de plates-formes 3D !

En rejouant à Super Mario Galaxy 2 ces derniers jours, j’ai pris conscience de l’ampleur de la dette qu’Astro Bot avait envers le jeu Nintendo de 2010.
Ses planètes, ses pouvoirs, ses idées de level design, sa structure globale, son accessibilité, son ton décontracté… jusqu’à ses crédits de fin interactifs !
L’idée ici n’est pas de critiquer le jeu Asobi, loin de là ! J’adore Astro Bot et j’avais déjà souligné dans cette newsletter l’influence positive qu’avait eu sur lui Super Mario Galaxy. Nicolas Doucet, son directeur créatif, a d’ailleurs remercié à demi-mots Nintendo en recevant le prix du meilleur jeu de l’année lors des The Game Awards 2024.
Non, je vais m’efforcer avec cet article de souligner le génie et l’incroyable aura de cette suite !
Si on me demande de faire mon Top 10 de mes jeux préférés, un certain nombre de titres apparaîtront et disparaîtront en fonction de divers paramètres : mon humeur, mes derniers coups de coeur, l’évolution d’un genre, la sortie d’une suite… ce jeu genre de choses. Mais une poignée de jeux résistent à l’usure du temps.
Super Mario Galaxy 2 fait partie de ces indéboulonnables.
Si j’ai rejoué et terminé Super Mario Galaxy premier du nom il y a 5 ans, à l’occasion de sa ressortie dans la compilation éphémère Super Mario 3D All-Stars1, je n’avais plus touché à sa suite depuis sa sortie sur Wii en 2010.
Le relancer aujourd’hui comportait donc un gros risque… Celui d’être atrocement déçu ! (Comme lorsque j’ai revu des années plus tard Rox et Rouky, mon Disney préféré étant enfant 😭)
Mais je n’ai pas été déçu, bien au contraire. Rejouer à Super Mario Galaxy 2 m’a non seulement conforté dans mon ressenti (la quintessence du genre “plates-formes 3D” !), mais l’a également hissé un peu plus haut dans mon panthéon du jeu vidéo…



On dit parfois d’un jeu qu’il propose une nouvelle idée par niveau, Super Mario Galaxy 2 est peut être le premier à ne pas nous faire mentir.
Créée sur les fondations d’un jeu déjà incroyable, cette suite est un stupéfiant Big Bang d’idées plus originales les unes que les autres. L’ingéniosité de son level design tout en “rondeurs” va de pair avec une exploitation brillante de ses mécaniques de saut et un jeu incessant avec les notions de gravité et de perspective.
Le résultat est un enchantement de chaque instant. Mario se déplaçant comme dans un rêve - le “saut en longueur” de Galaxy (que l’on retrouve aussi dans Odyssey) est sans doute l’un des sauts les plus satisfaisants de l’histoire du jeu vidéo - les level designer ont pu se concentrer sur la création de niveaux plus alambiqués et surprenants les uns que les autres.
Le saut en longueur, que l’on réalise en appuyant sur le bouton saut (B) juste après s’être accroupi (avec ZL), fait décoller Mario. La sensation est délicieuse. Et elle est encore renforcée par la qualité de l’animation (Mario mouline des bras dans les airs comme un chef) ; la légère pesanteur du personnage ; sans oublier le framerate à 60 images par seconde bien sûr ! On peut ainsi franchir de longues distances et couper à travers les niveaux comme le plus trompe-la-mort des funambules !
Que ce soit en raffinant des concepts introduits dans Galaxy (qui rappelons-le est aussi une merveille !) ou en développant de nouvelles idées, on a rapidement l’intime conviction que les level designers se sont entendus pour “lâcher prise” et laisser libre court à leur imagination.
Un niveau qui s’illumine brièvement comme si un géant le prenait en photo de nuit à l’aide d’un flash ; le temps que l’on ralentit quelques secondes à la faveur de la pression d’un bouton alors que les décors passent au noir & blanc ; la gravité qui s’inverse et nous fait marcher la tête en bas lorsqu’elle ne nous projette pas à gauche et à droite telle une feuille ballotée par le vent ; Yoshi (qui fait son grand retour dans cette suite !) faisant apparaître la terre ferme autour de lui à la faveur de l’ingestion d’un fruit aux pouvoirs divins…

Mario peut aussi se transformer en pierre pour jouer les boules de bowling, ou en nuage pour faire apparaître de duveteuses plates-formes sous lui, lorsqu’il n’utilise pas un foret afin de percer des trous et traverser une planète de part en part !
Le hub de Super Mario Galaxy, qui était un poil trop grand et un peu vide, laisse désormais la place à une petite planète faisant office de vaisseau spatial, dont la surface se recouvre petit à petit d’invités surprises.
Super Mario Galaxy 2 possède un côté plus “condensé” et propose des niveaux au format express que l’on termine en quelques minutes. À l’ancienne en fait… Façon Super Mario World (et un certain Astro Bot).

On enchaîne ainsi des parcours d’obstacles définis, peaufinés à l’extrême, propices à des parties aussi courtes que satisfaisantes. Une approche qui s’est un peu perdue avec les mini mondes ouverts de Super Mario Odyssey je trouve…
J’apprécie personnellement l’élégance de ces niveaux qui se “referment” sitôt une étoile obtenue, un peu comme l’on tire les rideaux à la fin d’une scène dans une pièce de théâtre. Ces “ponctuations” créent un rythme unique, proche d’une course de relais, qui convient au genre et nous permet de faire des pauses mais aussi de quitter sans mal le jeu pour y revenir plus tard.
La linéarité de ces niveaux que l’on débloque au fur et à mesure est dynamisée par l’ajout d’étoiles cachées et de Lumas goinfres que l’on peut inviter sur son vaisseau pour les nourrir de fragments d’étoiles et créer de nouvelles routes menant à des galaxies bonus. Et puis les “comètes farceuses” font leur grand retour avec leur challenge plus relevé nous opposant à des clones maléfiques de Mario qui reproduisent nos moindres mouvements, lorsqu’il ne faut pas affronter à nouveau un boss avec un seul et unique point de vie !
Super Mario Galaxy 2 se distingue également par son ton bon enfant (la traduction française est pleine de jeux de mot et autres “blagues à papa” à la Animal Crossing !), mais aussi sa bienveillance… On est sans cesse encouragé et félicité par les personnages croisés. Une approche positive qui rappelle celle d’un autre classique du jeu de plates-formes : Celeste !
Après avoir joué à Hollow Knight : Silksong, je vous assure que ça fait un bien fou !



Alors le jeu n’est pas non plus exempt de défauts… Ces derniers sont majoritairement liés à l’héritage “motion gaming” de la Wii avec de rares séquences de deltaplane où l’on doit bougé la manette en étant accroché à un oiseau par exemple. Il faut aussi se faire à la possibilité de balader à l’écran un curseur pour aller capter les fragments d’étoiles flottant un peu partout, ce curseur nécessitant de repositionner régulièrement la caméra (on s’y fait vite, et ce curseur peut aussi être géré par un second joueur).
La gestion des vies peut aussi paraître vieillotte. Si on quitte le jeu avec 99 vies, on reprendra sa partie avec seulement 4 vies ! On peut bien sûr laisser la console en veille sans quitter le jeu, et il est facile de faire rapidement le plein de vies (via un certain niveau du monde 4 avec ses koopas géants par exemple…), mais ça reste un “tic” appartenant à une époque révolue.
Ce remaster Switch coûte aussi 40 euros, voire 70 euros si on décide de l’acheter en boîte avec son prédécesseur ! Un prix qui peut se justifier si vous n’y avez jamais joué, mais reste élevé pour des remasters, tout particulièrement si vous aviez (comme moi) acheté Super Mario 3D All-Stars en 2020 et possédez donc déjà Super Mario Galaxy 1…
Mais ces défauts s’effacent rapidement manette en mains. Maniabilité parfaite, inventivité de tous les instants… Super Mario Galaxy 2 est une corne d’abondance, un concentré de joie et d’idées. Y jouer revient à feuilleter le manuel du “parfait petit jeu de plates-formes 3D”. Moi qui suis un amoureux absolu du genre, je n’ai pu m’empêcher d’être à nouveau saisi par l’invraisemblable générosité de cette suite.
Jouer à Super Mario Galaxy 2, c’est un peu comme tomber dans la potion magique. On en ressort plus fort que jamais, des étoiles plein les yeux, aussi rassasié qu’affamé…
Une claque cosmique je vous dis !

PS: Toutes les captures illustrant cette infolettre ont été prises par mes soins à l’aide d’une version commerciale de Super Mario Galaxy 2 sur Switch 2.
L’absence de Super Mario Galaxy 2 dans Super Mario 3D All-Stars (qui comprenait Super Mario 64, Super Mario Sunshine et Super Mario Galaxy), sorti en 2020 pour célébrer les 35 ans de Mario, avait d’ailleurs autant déçu qu’agacé. Cette compilation de Mario 3D incomplète avait de plus été mise en vente durant une période de temps limitée (de septembre 2020 à mars 2021)… Il semblerait donc que Nintendo avait dès le départ l’intention de garder ce titre “sous le coude” pour les 40 ans de Mario… ce qui a obligé les fans (dont je fais partie) à acheter Super Mario Galaxy deux fois s’ils souhaitaient acquérir les jeux en boîte. Les jeux ne peuvent être achetés séparément qu’en démat’…
Salut Thierry (et coucou Marc et Nico)! Et merci encore pour ce retour sur ton expérience Mario Galaxy 2. C'est dingue car je suis parfaitement d'accord en ce qui concerne l'originalité et l'inventivité des différentes planètes et sur la beauté du jeu, mais alors en terme de maniabilité je trouve que Mario souffre de la pire inertie que j'aie jamais expérimentée dans un Mario 3D. Je ne parle pas de la fonction Motion Gaming qui elle est je trouve superbement implémentée, mais bien du manque de réactivité de Mario qui peine à atteindre sa vitesse maximale au point qu'il est impossible d'effectuer un saut périlleux de côté (side somersault) sur de petites plates-formes puisque l'animation de freinage quand on penche rapidement le joystick dans la direction opposée de la course n'a lieu que si Mario a déjà atteint sa vitesse maximale. Ça m'a fait ressentir un manque de “peps” dans la jouabilité qui rend le jeu un peu “lourdaud”, ce qui n'était pas le cas de 64, Sunshine et ne parlons même pas d'Odyssey qui est pour moi le paroxysme du plaisir de jeu dans les Mario 3D. Mon avis final sur le jeu n'est absolument pas négatif, juste une petite frustration que je voulais partager. Merci à vous trois!
Hello !
Je ne sais pas si j'aurais l'occasion de rejouer à ces 2 pépites sur Switch 2 mais suis très curieux des sensations de jeu sur cette console (dans différentes configurations dockées et portable).
À l'époque ces 2 Mario Galaxy m'avaient vraiment donné l'impression d'être des jeux taillés parfaitement pour le combo Wiimote Nunchuck. J'ai du mal à imaginer pouvoir y jouer autrement.
Du coup, je me demande si ce que tu perçois comme un défaut hérité du motion gaming ne vient pas simplement du fait que le motion gaming n'est plus qu'une fonctionnalité accessoire sur les consoles modernes (ce qui potentiellement pourrait rendre l'expérience de ce type de gameplay plus fade voire désagréable dans certains cas).
Un peu comme lorsqu'on dit que rien ne vaut l'expérience sur le matériel original (en jouant à des jeux rétros). Je serais curieux de pouvoir faire une comparaison côte à côte en ressortant ma bonne vieille wii pour tirer tout cela au clair.