Le 9ème volet de la franchise culte fêtait ses 25 ans en 2025. Square a marqué le coup avec une superbe exposition, que je partage avec vous aujourd'hui (+ de 50 photos !).
Au character design du jeu, toujours l’immense Yoshitaka Amano. L’exposition qui s’est tenue à Tokyo au Yurakucho Marui, du 22 novembre au 7 décembre, s’ouvrait sur les sublimes dessins de l’artiste.
Final Fantasy VII fut sans doute le dernier Final Fantasy à faire l’unanimité chez les fans de la franchise.
Les deux épisodes qui suivirent, en 1999 et 2000, sont si différents en termes de direction artistique et créative, qu’ils pourrait aussi bien avoir été développés par deux studios différents.
Une galerie 100% Amano pour bien commencer... Un grand merci à Julien (et Laurent !) pour avoir réservé les places si longtemps à l'avance et m'avoir invité à l'accompagner !
Final Fantasy VIII a été créé au Japon par une équipe composée de nombreuses jeunes recrues dirigée par Yoshinori Kitase, tandis que Final Fantasy IX, lui, a été conçu à Hawaï (!), et marque le retour aux fourneaux du papa de la saga, épaulé de sa “vieille garde”, soit de vétérans ayant travaillé sur les premiers volets de la Famicom.
Le papa en question est Hironobu Sakaguchi. Directeur créatif sur les cinq premiers épisodes, le succès de la franchise sur les consoles 8 et 16-bit de Nintendo l’a rapidement propulsé dans la hiérarchie de Square Soft, et il devient Vice Président Exécutif du studio en 1991. Désormais occupé à manager la boîte, il adoube le “jeune” Yoshinori Kitase, avec qui il a travaillé sur FFV, pour lui confier les rennes de la franchise.
Mais Hironobu Sakaguchi n’est pas encore tout à fait prêt à lâcher prise, et “s’inquiète” de la nouvelle direction empruntée par la saga sous la direction de Kitase. Et le management, finalement… ce n’est pas trop son truc.
Quelques-uns des personnages centraux de FFIX : Zidane, avec sa longue chevelure blonde et sa queue de singe ; la princesse Garnet ; Vivi, le bouleversant mage noir et le personnage qui m'a le plus touché ; le rigide et "Buzz Lightyear-esque" (non ?) chevalier Steiner ; ainsi que la petite Eiko, superbement designée par Amano.
On peut aussi voir dans les photos ci-dessus, et d’autres partagées dans cette newsletter, des croquis de Toshiyuki Itahana. Enfin… Je suppose ! Car malheureusement seuls les dessins de Amano sont clairement crédités. Toshiyuki Itahana, génial character designer (aussi connu pour la série Final Fantasy Crystal Chronicles), a réinterprété pour le jeu les concepts de Amano.
Je partage en fin de newsletter des images de son dernier livre d’illustration pour enfants où il met en scène Vivi et son “grand-père” Quan ! Son style est toujours aussi incroyable et constitue pour moi l’essence même de FFIX.
La fin des années 90 marque le lancement de l’ère PlayStation de la saga, débuté avec le monument Final Fantasy VII.
Une période qui représente à mes yeux l’âge d’or de Square Soft. Une période, aussi, où la saga Final Fantasy était la figure de proue de l’industrie du jeu vidéo. La sortie d’un FF constituait alors un événement majeur, c’était LA série qui faisait vendre les magazines consoles de l’époque, et dont on guettait les premières démos en trépidant d’impatience.
Une période marquée par des ambitions folles ; l’avènement du format CD, des cinématiques qui allaient de pair ; mais aussi de la 3D en général et de la PlayStation. Peut être la seule période où l’expression “next gen” eu réellement un sens... C’était en tout cas la sensation que l’on avait à l’époque.
Les épisodes 7, 8 et 9 sont TOUS sortis sur la première console Sony en l’espace de 4 ans (97, 99 et 2000), ce qui est tout simplement inimaginable aujourd’hui, surtout au regard de leur qualité respective et des vastes différences entre chaque épisode.
Si Hironobu Sakaguchi développe FFIX à Honolulu, c’est qu’il s’est installé là-bas pour chapeauter le lancement de Square Pictures, un studio dédié à la création de longs-métrages en images de synthèse. On est en 1997, et Pixar a lancé deux ans auparavant son sublime Toy Story. Nous n’en sommes alors qu’aux débuts d’une révolution, mais Sakaguchi et Square voient loin. Ils visent le soleil, quitte à se brûler les ailes. Leur premier film 100% CGI sera un miracle technologique, avec des personnages ultra réalistes à des années lumières des jouets Pixar.
Et bien évidemment, ce film sera un Final Fantasy.
Le film comme le jeu sont écrits par Hironobu Sakaguchi, et partagent d’ailleurs des thèmes communs. FFIX est lancé en 2000, et Final Fantasy : Les Créatures de l’esprit sort l’année suivante. Le jeu est un énorme succès, et le film un échec cuisant qui provoquera la fin de la carrière de Sakaguchi au sein de Square (il quittera la boîte en 2003 pour fonder son propre studio, Mistwalker, toujours à Hawaï).
RPG oblige, de nombreuses armes ont été conçues pour tous les personnages pouvant apparaître dans notre équipe.
Je pourrais parler longtemps de ce film et de cette période incroyable dans l’histoire de Square, mais on s’égare. Revenons à Final Fantasy IX, qui fut donc développé à Hawaï parallèlement à un premier projet de film, mais aussi à FFVIII (1999) et Dragon Quest VII (2000) au Japon ! Une période faste (and furious 😬) pour Square Soft !
FFIX propose des personnages “mignons”, aux proportions caricaturales, qui reprennent l’esthétique SD - Super Deformed - d’une moitié de FFVII. C’est à dire des grosses têtes sur des petits corps, là où les héros de FFVIII, sorti un an plus tôt, semblaient s’être échappés d’un boys band japonais !
Deux visions radicalement différentes du héros de Final Fantasy… (FFVIII à gauche, le IX à droite).
En fait les personnages de Final Fantasy IX ressemblent beaucoup à des poupées, et se rapprochent du travail de Jim Henson et Frank Oz sur The Dark Crystal (une des inspirations de l’équipe hawaïenne). Les deux oeuvres possèdent des similitudes en termes de design mais aussi de ton. FFIX est un conte pour enfants plein d’humour autant qu’un drame shakespearien. Son côté théâtral est un artifice de mis en scène visant à mettre à exergue les tourments intérieurs de ses personnages de prime abord enfantins, mais définitivement torturés.
Personnellement, j’ai fait l’impasse sur Final Fantasy VIII en 1999, pour me jeter sur Final Fantasy IX l’année suivante. Et beaucoup on fait l’inverse… C’est une décision que je regrette aujourd’hui (je ferais FFVIII un jour prochain) et j’ai fini par accepter la nouvelle direction plus “réaliste” prise par la série.
Mais j’ai l’intime sensation que depuis la sortie de FFIX, la série n’a plus jamais trouvé son équilibre. Chaque “nouveau numéro” sorti depuis a divisé la communauté de fans. Après être passé à côté de nombreux volets, j’ai fini par renouer en 2023 avec la saga. Final Fantasy XVI, malheureusement, n’est plus réellement une “Fantasy japonaise”, ni vraiment un RPG… La série vit désormais dans l’ombre de son glorieux passé.
Il est amusant de constater que si les Final Fantasy ont abandonné le côté “poupée” des personnages de FFIX pour adopter le réalisme fashionista de ceux de FFVIII, le prochain remake de Dragon Quest VII, lui, ressemble de manière assez saisissante au dernier FF de Hironobu Sakaguchi. (FFIX au centre, DQ7 Reimagined à gauche avec, à droite, les poupées exposées au Tokyo Game Show 2025)
Retrouver les personnages de Final Fantasy IX dans cette exposition a donc fait ressortir maints souvenirs et émotions, alors que j’ai terminé ce jeu il y a maintenant… 24 ans (il est sorti en France en 2001).
Mais je ne suis pas le seul à avoir été marqué par celle-ci. Voici ce qu’en a pensé Marc du podcast Pixel Bento (un grand merci à lui !).
Passionné d’histoires liées au développement de jeux, celle de Final Fantasy IX est particulièrement intéressante. Premier épisode canonique développé en dehors du Japon, à Hawaii, avec un budget conséquent et une équipe multiculturelle, ce qui était bien moins courant dans les années 90 que cela peut l’être aujourd’hui. Dernier épisode de la trilogie 32 bits, il repousse encore plus loin les limites de son moteur ainsi que celles de la PlayStation.
Cette exposition fut donc, pour moi, l’occasion non pas de vivre un instant de nostalgie, mais bel et bien de faire un voyage de l’autre côté de l’écran, entre anecdotes, illustrations et autres éléments de conception.
Tout jeu ne montre en réalité qu’une fraction du travail nécessaire à sa création. Dès les premiers pas dans l’exposition, cela devient immédiatement clair : chaque élément présenté est une pièce du puzzle qui, une fois assemblé, permet d’entrevoir comment le monde de Gaia, ses races, ses continents, ses royaumes et ses personnages ont été pensés. Un voyage authentique au cœur du développement qui ne donne qu’une seule envie : relancer le jeu afin d’observer comment chacun de ces éléments a été implémenté dans le produit final.
De nombreux documents de travail du directeur artistique de FFIX, Hideo Minaba, ont aussi été exposés.
J’espère que ce résumé express de l’histoire du développement de Final Fantasy IX et surtout la visite de l’exposition qui lui a été consacré pour ses 25 ans à Tokyo vous aura plus !
Et comme promis en début d’article, voici maintenant quelques images de Vivi et papi: le jour du grand départ (ma traduction non officielle), le livre d’illustration pour enfants scénarisé par Kazuhiko Aoki et dessiné par Toshiyuki Itahana.
Ce dernier a réinterprété les personnages créés par Yoshitaka Amano, dans le style “conte pour enfants” qui définira Final Fantasy IX. Mais Kazuhiko Aoki est aussi un vétéran de Square ! Il a travaillé sur FFIX, mais également sur FFIII et IV ou encore Chrono Trigger ! Le duo avait auparavant officié sur le livre Chocobo et le bateau volant, sorti en 2021. Comme ce premier volet de la collection “Album Illustré Final Fantasy” avait été traduit en français par les éditions Kurokawa, on peut espérer que ça sera aussi le cas pour Vivi et papi: le jour du grand départ !
La photo des deux BD japonaises entourée des superbes artworks (j'adore) de Toshiyuki Itahana.
L’expo proposait bien sûr son indispensable petit “spot photo” avec la possibilité de prendre en main Excalibur II, l’épée ultime du chevalier Steiner, et l’une des armes les plus difficiles à obtenir du jeu. Belle idée !
N’hésitez pas à laisser en commentaires vos souvenirs de Final Fantasy IX (ou VIII !) si vous avez eu l’opportunité d’y jouer !
PS: Toutes les photos illustrant cet article ont été prises par mes soins en parcourant l’exposition FINAL FANTASY Ⅸ 25th ANNIVERSARY THE EXHIBITION. Les captures d’écran de Dragon Quest 7 Reimagined, Final Fantasy VIII et IX sont tirées de leurs pages Steam.
Merci d’avoir lu cet article de Pixel Bento par Thierry Falcoz ! Inscrivez-vous, si ce n’est déjà fait, pour recevoir automatiquement les prochains et merci pour votre soutien.
Cet article, d’abord dédié aux photos de l’exposition des 25 ans de FFIX, résume à gros traits une histoire complexe et nuancée pour simplement vous donner une idée du contexte dans lequel est sorti le RPG culte et quelques-uns des raisons pour lesquelles il marqua la fin d’une époque (où tout du moins d’une certaine idée de ce qu’est Final Fantasy). L’idée ici n’est pas de prendre parti pour dire que le IX est supérieur au VIII, mais simplement de souligner à quel point ces deux titres étaient aussi différents qu’uniques. Pour en savoir plus sur l’histoire de FFIX, il existe une tonne de sources d’informations sur le Net. Je vous conseille de lire cette interview publiée en juillet 2000 dans le magazine japonais Hyper PlayStation, traduite par le site Shmuplations, et d’écouter cet excellent épisode, intitulé “How Final Fantasy IX Closed a Golden Age”, du podcast Resonant Arc, également dispo sur YouTube.
Merci pour l'article ! La photo de fin est géniale ;)
MErci pour le partage.
Excellent la photo à la fin :)