Arcade Classics in Japan : Alien vs. Predator
L’ultime fantasme de geek, photographié par Alex Pilot.
Lorsque l’on évoque les monstres sacrés du 7ème art, quels sont ceux qui viennent immédiatement hanter votre esprit ?
Il y a tout de même de fortes chances que l’Alien de H. R. Giger jaillisse immédiatement d’un recoin de votre cerveau (la partie qui abrite vos traumas cinématographiques !), suivi de près par le Predator de Stanley Winston1, non ?!
Perso, ces deux splendides “gueules de porte-bonheur”, pour reprendre la phrase désormais mythique du personnage incarné par Schwarzenegger dans la version française de Predator, se sont immédiatement imposées, aux côtés d’une poignée d’autres, comme Godzilla bien sûr, le Pinhead de Hellraiser, King Kong ou le Rancor de Star Wars par exemple.
N’hésitez pas à partager vos monstres de cinéma favoris dans les commentaires en bas de l’article !
Mais l’Alien et le Predator ont toujours affiché une certaine… proximité !
Déjà, seules quelques années les séparent. Le xénomorphe du film Alien a été révélé en 1979 par Ridley Scott (et définitivement iconisé en 1986 par l’Aliens de James Cameron), tandis que John McTiernan parvenait à rapetisser Schwarzy en le confrontant au Predator en 19872.
Les deux créatures partagent aussi la particularité d’être des chasseurs. L’Alien est un apex prédateur, une créature non dénuée d’intelligence mais qui reste néanmoins un animal, tandis que le Predator est un extra-terrestre qui cherche à parfaire sa collection de trophées en se confrontant aux créatures les plus dangereuses de l’univers.
Ces deux monstres cinégéniques semblaient donc destinés à se rencontrer. Ce qu’ils ont fait dès 1989 dans les pages de Dark Horse Comics, avant de s’emparer des télés et des moniteurs dans les années 90. Oui ! Nous allons bien sûr nous concentrer sur le superbe jeu d’arcade Capcom et certainement pas sur la série de nanars lancée en 2004 par l’infâme Alien vs. Predator de Paul W. S. Anderson ! Un film de triste mémoire qui a clairement “Z’ifié” les deux icônes et drastiquement fait baisser leur côte. On peut même dire qu’ils ne s’en sont jamais remis.
Mais si le concept Alien vs. Predator s’est méchamment ramassé sur grand écran, en 1994 il illumine les salles d’arcade avec la sortie du superbe beat’em all éponyme, développé par un Capcom alors au sommet de sa maîtrise du pixel art et des adaptations de franchises. Dès 93, le studio derrière Street Fighter s’est ainsi rapproché de Marvel pour créer de multiples jeux qui feront d’ailleurs prochainement l’objet d’une compilation très très attendue !
D’ailleurs, si l’annonce de cette compilation (dont je vais parler dans le prochain podcast Pixel Bento #46 !) a autant fait le buzz, c’est parce que les jeux proposés dans celle-ci n’étaient pas ressortis sur consoles ou PC depuis 2013, pour une question de droits ! Un problème partagé par Alien vs. Predator qui pour le coup n’a JAMAIS été adapté sur consoles. En fait, il n’est ressorti (en 2019) que sur une très onéreuse “mini console” qui prenait l’apparence d’une double manette géante plug & play en forme de logo Capcom !
Bref, si vous souhaitez jouer à Alien vs. Predator aujourd’hui, vous ne pouvez le faire qu’en arcade, via cette étrange machine dédiée, ou en émulation !
Si Capcom est surtout connu en arcade pour ses jeux de baston, il a aussi brillé dans le domaine du beat’em all avec des classiques tels que Final Fight (1989) ou Dungeons & Dragons: Tower of Doom (1994). Et quant il s’agit de sélectionner les meilleurs représentants du genre pour les besoins d’un Top 10, Alien vs. Predator fait définitivement partie des indéboulonnables.
Contrairement aux (très bons) FPS sortis sur Atari Jaguar (1994) et plus tard sur PC (1999), cet Alien vs. Predator ne nous permet pas d’incarner un Alien, les xénomorphes étant ici l’ennemi.
Si le jeu Capcom est jouable à 3, on a le choix entre 4 personnages : le duo humain composé du Lieutenant Linn Kurosawa et du Major Dutch Schaefer, et le duo de Predator comprenant le Hunter et le Warrior.
Enfin… ‘humains’ c’est vite dit ! Car Linn et Dutch sont tous deux des cyborgs ! Le jeu se déroule en effet dans le futur, au coeur de la ville céleste de San Drad en Californie. Si Linn, la “survivante samouraï”, est une création originale qui emprunte son nom au réalisateur des 7 Samouraïs, Dutch est bien entendu la montagne de muscles incarnée par Arnold Schwarzenegger dans le film de 87 !
Alors qu’ils tentent d’endiguer l’invasion d’Aliens qui a débuté dans la ville californienne, ces deux cyborgs se retrouvent vite dépassés, et ne doivent leur salut qu’à l’intervention de deux (trois ?) Predator ! En plus de leur épaulette canon (iconique !), ils sont équipés chacun d’une arme blanche : une lance pour le Warrior et une hallebarde pour le Hunter.
Notons ici que le jeu Alien vs. Predator est sorti en 94, soit 4 ans après le fort sympathique Predator 2 ! Une suite cinématographique qui développe avec malice la mythologie Predator et plante dans l’imaginaire de millions de fans la graine d’un Versus de rêve en plaçant le crâne d’un Alien dans la vitrine de trophées du vaisseau Predator !
Et puis cette suite révélait aussi que le Predator ne voyageait pas seul. L’un d’eux, plus âgé, offre même à la fin du film un pistolet datant de 1715 au flic survivant incarné par Danny Glover. On comprend ainsi qu’ils chassent sur Terre depuis des siècles, ce qui justifie quelque part la présence de l’hallebarde (modifiée ?) qui équipe le Hunter !
Le beat’em all Capcom fait clairement honneur au lore des films.
Parmi les armes à récupérer provisoirement dans les niveaux, on trouve ainsi le M41A Pulse Rifle (simplement nommé Pulse Gun dans le jeu) qui équipe une bonne partie des Colonial Marines de Aliens et dont le son produit par ses rafales est aujourd’hui culte ; ou encore le longiligne et non moins iconique M56 A2 Smartgun (Smart Gun) manipulé par Vasquez et Drake dans Aliens. Et bien entendu le lance-flammes est de la partie, tout comme le Smart Disk dont est équipé le Predator dans le second film !
Alien vs. Predator respecte aussi les codes du beat’em all comme la pizza cachée dans une caisse pour récupérer sa vie, ainsi que les “passages obligés” du genre. On aura donc la scène de l’ascenseur où l’on doit survivre à des vagues d’assaut, ou celle située sur le toit d’un véhicule en mouvement, ici un APC (Armored Personnel Carrier), soit le transport blindé utilisé par les Colonial Marines lorsqu’ils débarquent sur la planète LV-426 dans Aliens.
Mais le jeu Capcom ose également prendre quelques libertés et parvient du coup à surprendre.
Le quatuor de héros stoppe l’invasion Alien dès la fin du Stage 4 (il en y a 7 en tout), en venant à bout de la Reine Alien ! Dans les niveaux suivants, on part enquêter sur le crash d’un vaisseau spatial et ce sont les soldats de la Weyland Yutani (orthographiée Wayland dans le jeu) qui viennent remplacer les Aliens en tant qu’ennemis ! Si vous avez vu les films de la saga Alien vous connaissez le nom de cette puissante corporation qui tente (en secret) de transformer les Aliens en armes de destruction massive… Ces nouveaux ennemis sont donc équipés des armes spéciales que l’on pouvait ramasser dans les niveaux précédents, et certains utilisent même le monte-charge en forme d’exosquelette que Ripley apprend à utiliser dans Aliens !
On aura même l’occasion d’affronter (dans un ascenseur en mouvement, la totale !) un Predator rendu fou suite aux expériences pratiquées sur lui par les scientifiques de la Weyland !
Alien vs. Predator, que j’ai eu l’opportunité de redécouvrir dans la salle d’arcade rétro Mikado de Takadanobaba3, est une merveille. Le jeu rend hommage aux deux franchises iconiques de la Fox et fait montre à leur encontre du respect qui sera totalement absent des adaptations cinématographiques qui suivront dix ans plus tard !
Et franchement, ce clash de deux monstres sacrés du cinéma, au-delà du rêve humide de fan, sied à merveille au beat’em all, qui a toujours été, avant toute chose, un défouloir. Et pour évacuer le stress d’une journée de boulot, quoi de mieux franchement que de dégommer des Aliens dans la peau d’un Predator !
PS: Mis à part le visuel de Marvel vs. Capcom Fighting Collection: Arcade Classics, issu du compte X (Twitter) officiel Capcom, toutes les photos illustrant cet article ont été prises par Alex Pilot, que je remercie mille fois et que vous pouvez suivre sur son compte Bluesky, où il poste régulièrement de superbes photos (de sa borne bien sûr, mais pas que !).
Pour l’anecdote, si Stan Winston est bel et bien à l’origine du design du Predator, il a eu un petit coup de James Cameron lors d’un voyage en avion (vers le Japon !), qui lui a soufflé l’idée d’un monstre avec des mandibules !
On parle souvent (et à juste titre) de 1982 comme étant une année exceptionnelle pour le cinéma. Mais en fait 1987 n’est pas mal non plus ! Voici une liste de films sortis cette année là en même temps que Predator : Full Metal Jacket ; Evil Dead 2 ; RoboCop ; The Princess Bride ; Prince of Darkness ; L’Arme fatale ; Le Syndicat du Crime 2 ; Sens Unique ; Les Incorruptibles ; Arizona Junior ; Hidden ; Good Morning Vietnam… Pas mal non ? Qui dit mieux ?
Un coucou à Alexandre, mon partenaire de jeu lors de mon trip Arcade qui m’a mené à la redécouverte de Alien vs. Predator !
Une dernière recommandation pour les fans d'Alien, je vous conseil les livres audio Alien (possibilité de les écouter sur youtube) c'est assez incroyable et je vous conseil pour commencer l'incroyable Alien : la sortie des profondeurs, c'est la suite d'alien le 8eme passager, le script abandonné de Ridley avec les voix officielles de Sigourney Weaver et H.
Le script est tellement incroyable... Foncez c'est fantastique !
Merci Thierry pour cet article sur les deux sagas qui me sont chère.. étant un grand fan d'alien de Ridley, j'anime en maître de jeu le magnifique jeu de rôle dédié à Alien (publié au édition Arkham Asylum) c'est un univers tellement vaste et tellement incroyable (surtout avec l'ajout de promotheus et Convenant) .
Pour répondre à ta demande : pour moi mon monstre préféré reste ( et de loin) le monstre de The Thing, c'est pour cela que je vous recommande le superbe jeu Carrion de chez Devolver faisant vraiment pensé a ce type de monstre vu dans le film.
Merci Thierry !! Bisous