Silksong, Hard Boiled et Piranesi
Premiers pas dans Silksong ; revoir sur grand écran le plus grand film d’action de tous les temps ; et la lecture échevelée d’un roman fantastique qui m’attend depuis 5 ans…
Mon été en France touche à sa fin, dans quelques heures je repars pour Tokyo.
Un long et gourmand mois d’août, qui a été jusqu’à grignoter quelques jours à Septembre. Juste assez pour vivre dans la maison de mes parents la sortie très attendue de la suite de Hollow Knight, Silksong, un peu comme si j’étais retombé en enfance, au moment où je découvrais sur MSX un autre “Metroidvania”, Knighmare II: The Maze of Galious !
Un été qui fut l’occasion de revoir la famille, les amis et anciens collègues bien sûr, mais aussi, comme souvent, l’opportunité de lire beaucoup. Une poignée de polars de Fred Vargas, dont les personnages m’amusent autant que les mots (Sous les vents de Neptune, etc.) ; un classique terrassant de Annie Ernaux (La Place) ; le recueil d’essais sur le cinéma des années 70, entre souvenirs d’enfance et critiques éclairées, du réalisateur Quentin Tarantino (Cinema Speculation) ; mais aussi et surtout : Piranesi.
Piranesi est le second roman de Susanna Clarke, une autrice anglaise que j’ai découvert en 2004 avec son superbe roman de fantasy Jonathan Strange & Mr Norrell. Il a fallu attendre 16 ans pour que sorte son second roman, que j’ai longuement guetté. Mais lorsque Piranesi est enfin apparu dans les librairies en 2020, étonnamment, je l’ai ignoré.
J’ai malgré tout recommandé sa lecture à mon épouse, qui l’a lu avec enthousiasme il y a maintenant plusieurs années, et ne cesse depuis de me conseiller (avec vivacité) de le lire à mon tour. L’ami Moguri, dans son podcast Cosy Corner, en a également parlé il y a quelques mois avec ferveur. Mais ce n’est finalement que cet été que j’ai enfin pris le temps de le lire… Et quel bonheur ce fut.
Piranesi possède plusieurs points communs avec Jonathan Strange & Mr Norrell, comme le goût de la trahison et l’amour de la magie.
On découvre dans ce roman de fantasy un monde ancien, habité par un zélote d’une étonnante pureté nommé Piranesi. C’est à travers les pages de son “journal” que l’on explore à ses côtés ce monde comparable à nul autre, solennel, beau et froid. On ressent la majesté des lieux décrits grâce à la chaleur des descriptions de Piranesi. Il aime son labyrinthe, autant que ses rares habitants, qu’ils soient morts ou vivants, ailés ou bien trop humains.
Hard Boiled, alias À toute épreuve, est le plus grand film d’action de tous les temps.
Ça, je le sais depuis que je l’ai découvert durant une nuit John Woo au Max Linder dans les années 90. J’ai revu le film de multiples fois, mais cette première découverte a suffi à imprimer à jamais les séquences de gunfights irréelles, comme filmées en apesanteur, de ce classique absolu du cinéma de Hong Kong.
Sorti en 92, quelques années avant la rétrocession de HK à la Chine, le film est habité d’une rage contenue et d’une sauvagerie incarnées à la perfection par deux des plus grands acteurs du pays : Tony Leung (celui de In The Mood for Love et Hero) et Chow Yun-fat (Tigre & Dragon, The Killer). Deux acteurs dont le charisme explose littéralement à l’écran ! Et on peut ajouter à cette explosion de charisme le second couteau Philip Kwok, qui incarne Mad Dog, l’homme de main de l’un des gangs de trafiquants d’armes qui font régner la terreur sur la ville.
En redécouvrant ce film dans sa version remasterisée bien installé dans une salle de cinéma parisienne avec des amis, je me suis pris la même claque qu’au cours de cette soirée inoubliable au Max Linder.
Pas une ride, pas une balle de trop, mais des chorégraphies d’une inventité folle, des effets pyrotechniques à la cinégénie incensée, des cascadeurs trompe-la-mort, et l’inégalable sens du rythme et de la dramaturgie de John Woo.
Revoir Hard Boiled nous pousse à remettre en perspective la série John Wick et ses ersatz pour se rendre compte à quel point leurs séquences d’action sont aseptisées et vides de sens, aussi impressionnantes soient-elles.
Silksong est là, j’y ai joué quelques heures.
Hollow Knight est l’un de mes Metroidvania préférés, l’un de mes jeux indie préférés et l’un de mes jeux vidéos préférés tout court. Autant vous dire que j’attendais la sortie de sa suite avec trépidation.
Après une petite frayeur (partagée par le monde entier à priori) quant à ma capacité à pouvoir la télécharger au moment de sa sortie, j’ai enfin pu me connecter sur la boutique en ligne Nintendo pour l’acheter sur Switch 2.

Dès l’introduction on retrouve l’ambiance unique de Hollow Knight.
Hornet, une guerrière exceptionnelle qui a croisé le chemin du chevalier sans nom dans le premier jeu afin de le tester et lui permettre d’accomplir sa destinée, est enlevée.
Enfermée dans une cage, elle est transportée à travers des paysages désolés par des insectes dissimulés sous des voiles. Et lorsqu’elle parvient enfin à s’échapper, c’est pour se retrouver seule, perdue sur les Terres inconnues de Pharloom, loin de Hallownest.
Immédiatement, la beauté de la direction artistique du jeu nous saisit. Si l’on évolue dans un cadre plus détaillé, plus coloré aussi, celui du vert pâle de la végétation qui recouvre la première zone du jeu, quelque chose de rance et de mortel ne s’en dégage pas moins. Une sensation encore appuyée par le fait qu’Hornet semble malade et doit parfois ralentir, puis s’arrêter pour contrôler ses quintes de toux (ce qui n’est pas sans nous rappeler le héros malade de Hyper Light Drifter). Pas de carte, beaucoup de chemins possibles, la sensation d’avancer à l’aveugle, de se perdre, nous saisit rapidement, comme dans le premier jeu.
Comme dans Hollow Knight, on croise de nombreux insectes, plus étranges, beaux et charismatiques les uns que les autres. Et ce, qu’ils soient ennemis ou amis, comme Sherma, un pèlerin que l’on aide à progresser, à son insu semble-t-il, ou Mooshka, chef de caravane et maître des puces.



Tous ces personnages sont “bruités à la bouche”, comme dans le premier jeu, ce qui donne à Silksong une texture sonore unique, quasi-cartoon, contrastant fortement avec la noirceur de son ton. Et les personnages croisés semblent aussi portés sur le chant… Tout dans Pharloom fredonne, résonne ou cherche l’écho. Ce monde foisonne de sons.
Et le son de l’aiguille de Hornet frappant les carapaces des insectes ennemis s’ajoute rapidement à cette mélopée.
Les combats sont omniprésents et le challenge également. Que ce soient de petits insectes rôdant sur le chemin ou des pèlerins gagnés par la folie (au comportement plus agressifs), il faudra apprendre leurs patterns pour ne pas tomber sous leurs coups. Et puis il y a les boss, plus gros, plus complexes, plus dangereux.

En quelques coups un boss peut tuer Hornet, encore fragile, qui cherche à regagner ses forces perdues. S’ils y parviennent, elle se retrouvera sur le dernier banc (de sauvegarde) sur lequel elle s’est assise, laissant derrière elle un cocon qu’il faudra retrouver et détruire afin de récupérer les matériaux ramassés jusque là.
En prenant en mains Silksong, même si le monde exploré n’est plus le même, nous sommes en terrain connu.
Émerveillement de la découverte ; sourire arraché par un insecte peureux, bravache ou totalement déconnecté de la réalité ; sensation d’avancer “sur le fil du rasoir”, toujours en danger ; challenge de la difficulté, toujours aussi retorse, obligeant parfois à des allers et retours ; précision des contrôles et l’immédiate certitude qu’ils vont se complexifier pour nous permettre d’exécuter “de fil(s) en aiguille” les formidables chorégraphies de l’héroïne que l’on a combattu dans Hollow Knight ; et surtout, surtout… L’incroyable beauté des environnements traversés, connectés avec élégance et gorgés de personnages étranges, aussi tristes qu’attachants, mais aussi de structures métalliques façonnées avec minutie, que l’on pourrait croire arrachées à une cathédrale gothique.
J’ai hâte de continuer à me perdre, pendant ce que j’imagine être des dizaines d’heures, dans le monde Silksong.
PS: Toutes les captures d’écran de Silksong ont été faites par mes soins à partir d’une version commerciale du jeu sur Switch 2. Un immense merci à mon épouse pour avoir tant insisté pour que je lise Piranesi. Un grand merci à Alex Pilot pour la photo de l’entrée de la salle diffusant Hard Boiled. Et puis aussi à Hakim pour m’avoir rappelé que le film serait en salles pendant mon séjour en France !
Commencé hier Silksong, et y a pas à dire, juste joué une petite heure ça a suffi pour me donner le smile de parcourir encore ce fabuleux univers
Et Hard Boiled, découvert aussi avec la ressortie, je confirme: incroyable film d'action, y a des images qui marquent la rétine comme Philip Kwok qui allume sa clope avec une voiture qui crame :)
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