Je suis probablement à contre courant de tout ce qui est dis ici.
Je trouve la literature sur le JV globalement ennuyeuse. Je pense que le JV a grandi bien trop vite et n'a pas eu le temps de se définir correctement, et la littérature produite à son sujet s'est trop calquée sur la littérature produite pour le cinoche. Or, cette derniere accepte pleinement le cinema comme object filmique là où on est encore loin de l'acceptation du JV comme objet videoludique. La plupart des écrits à son sujet tentent constamment d'escamoter toute reference à son aspect de jeu, de jouet pour ce concentrer sur son seul coté video qui semble etre la seul parti "noble".
Un bouquin sur le cinoche tisse des liens entre le reel et le film qu'il traite, il peut te parler de "camera qui se balade", "de l'épatante actrice qui incarne cette journaliste tenace", et du pourquoi comment les sentiments qui te traversent au visionnage sont liés à ces conditions technique, ces choix de prod, ces personnes impliquées, et pas seulement au seul fait qu'il y a des personnages qui font des trucs dans une histoire.
Quand on te parle d'"etre de pixel" ou de ces "grandioses montagne virtuelles", ca raconte rien. C'est juste des synonymes ou des qualificatifs qui n'ont aucune incidence sur ces liens entre reel et virtuel.
Souvient toi le bruit caractéristique de la tete de lecture d'une PSX quand celle-ci va charger les assets necessaires à ces "montagnes virtuels" ou d'une cinematique sur le CD avant qu'elles ne soient affichées. Comment tu devinais que "quelque chose" allait se produire.
Maintenant, rien de tout ça n'est inclu dans la diegese d'un jeu video. C'est reléguer à un aspect technique traité séparément, bien souvent gênant, parce qu'on a toujours honte que le JV ça soit pas aussi "noble" que le cinoche et que ces betes aspect technique sont sa plebe genante ... Alors meme que la littérature cinoche l'accepte totalement.
Y'a qu'a voir la dissonance entre un joueur qui va te parler de BG3 ou d'un souls : les "builds", et ce que tu vas trouver dans un bouquin qui va traiter de ces jeux : le lore et l'histoire et parfois quand on a du bol, un bout de mécanique superficielle directement lié à ces deux aspects.
Pour finir, en vrai, y'a bien eu quelques essais qui embrassait entièrement la condition de jeu du jeu video. Un en particulier m'a marqué et continue de me marquer 20 ans plus tard.
*bon, j'avoue que j'y vais un peu fort, d'autant plus que le peu que je lis sur le JV n'est pas du tout représentatif de la prod littéraire globale. J'ai juste une lassitude de voir le JV toujours courir après d'autre media quand il sort de sa chambre d'echo.
Faudrait qu'il fasse sa crise de Nintendo, se Wii-fise et accepte pleinement sa part de JEU XD*
Merci pour ce long commentaire et le partage de l’article du magazine Gaming sur “La Première Lampe” de CHAZumaru, qui est en effet excellent. Et c’est aussi une parfaite illustration du point que j’essayais de faire avec mon article ! :p
Se mettre soi-même (autrice, auteur) “en jeu” lorsque l’on écrit sur le jeu vidéo, est passionnant. C’est exactement ce que fait CHAZumaru (que je ne crois pas connaître, en tout cas pas via son pseudonyme…) dans son papier sur notre "conditionnement" de joueur et la raison pour laquelle on ne peut pas s’empêcher de tirer sur la première lampe que l’on voit dans un jeu vidéo (dans l’article : Deus Ex Invisible War).
En passant, quel bonheur de pouvoir ainsi partager et consulter la presse JV française via les scans réalisés sur Abandonware Magazine ! Je me demande si un équivalent existe outre-atlantique et particulièrement en Angleterre…
Je trouve que ton point sur l’approche “presse ciné” de l’analyse de jeu était surtout valable il y a une ou deux décennies, mais que la littérature sur le jeu a depuis bien évolué. Alors certes je ne lis malheureusement pas suffisamment et j’ai un énorme backlog de livres (sur le JV spécifiquement) à lire pour vraiment pouvoir me prononcer, mais mes lectures récentes m’ont suffisamment emballé pour que j’ai envie d’en lire plus, en anglais comme en français.
Le fait que le jeu vidéo soit un média qui fasse de nous plus que des spectateurs est une invitation à se mettre en scène, et / ou à l’analyser à travers des angles et des dispositifs narratifs inhabituels ; de manière à embrasser son interactivité en quelque sorte. Ma découverte du livre sur Shadow of the Colossus en 2018 (je crois) a été un déclic, comme celle de A Theory of Fun for Game Design de Raph Koster à la fin des années 2000 ou de Game Over (l’histoire de Nintendo) par David Sheff ; ou encore, plus récemment, du livre sur les Bitmap Brothers de Duncan Harris, de la BD Replay de Jordan Mechner, de l’autobio de Romero, ou du livre sur Ocarina of Time de Victor Moissan… Les exemples ne manquent pas ! Et je continuerai à parler ici ou dans le podcast Pixel Bento des livres qui me plaisent et osent parler du jeu autrement, mais surtout avec passion ;-)
Apres je parle d'une categorie de litterature en fait. Celle qui retrace le contexte de production ou l'histoire d'une boite, celle qui se veulent autobiographique, ne sont pas l'origine de ma complainte du tout.
En revanche, celle qui se veulent analytique, de decryptage ou critique ben j'ai justement l'impression qu'il y a 20 ans, on parlait de jeu video sans cacher ce qu'il etait d'ou mon partage de l'essai de Chazumaru pour illustrer ça.
Mais de nos jours, on s'attache à parler de personnage, d'histoire, de lore, d'experience en cachant ou omettant tout l'aspect interactif, la place du joueur et l'aspect technique, pour se rapprocher du recit d'une sensation, d'un moment, d'une emotion. Un truc un peu etheré.
On préfère tisser des ponts entre la mythologie fictive de l'univers de FFXIII avec la mythologie de l'Histoire de l'humanité plutot que de discuter du lien entre ses condition de prod', sa narration et son gameplay.
On passe sous silence le framerate et les controles d'Argo dans Shadow of the Collosus pour exacerber son univers (vide) et sa morale.
Quand on lit quelque chose sur The Last of Us on va jamais se pencher sur le coté jeu que sur le coté video.
Au final, sans contexte, sans les codes, tu peux facilement penser qu'on parle d'autre chose que d'un JV, et c'est quand meme problématique.
J'évoquais justement cet après-midi à mes amis, malgré mon incapacité totale de créativité et d'intelligence rédactionnelle, mon "regret" de ne pas être né une dizaine d'années plus tôt pour vivre de l'intérieur l'ambiance d'une rédaction (notamment jeux vidéo) papier.
Le temps me manque à l'instant trop pour évoquer tous les souvenirs et anecdotes liés à la lecture "vidéoludesque", mais je vais assurément pouvoir y repenser en me couchant. Pour ça, merci !
L'ambiance d'une rédac est vraiment le point qui me manque le plus sur mon projet de newsletter, par essence solo ou au minimum "remote". Heureusement que le podcast est là pour "combler" ce manque :-)
Encore un bel article, qui m'a aussi replongé dans mes souvenirs d'enfance / adolescence, où je lisais relisais certains magasine quand j'étais en vacances ou en voiture. J'aimais tellement lire et regarder les image et imaginer le jeu en mouvement.
Je valide tellement cet article ! Moi même, même sans être journaliste ou apparenté, je trouve que coucher sur papier ce que l'on ressent à propos d'une oeuvre renforce son appréciation. Ainsi, je maintiens une liste de tous les jeux que j'ai fini depuis 2005 (oui, cette liste a 20 ans !), et je chronique ceux que j'ai le plus apprécié sur Sens Critique (pseudo JipéF, si certains sont intéressés...). C'est un plaisir d'écrire sur ce qu'on aime, en fait !
Tout à fait ! Je pense qu'écrire sur une oeuvre qui nous a touché ou que l'on a simplement apprécié, surtout si c'est dans l'idée de "la partager", est une bonne façon de s'interroger sur les raisons pour lesquelles elle nous a séduit ;-)
Belle constance de ta part sur les critiques Sens Critique !
En les parcourant je suis tombé sur celle dédiée à Super Hydorah, dont je me permets de passer un petit extrait ci-dessous, et je pense que l'un de mes futurs articles (courant juillet / début août ?) devrait te plaire ;-)
"Locomalito est un fou. Enfin plus exactement, c’est un gamer qui a une attitude bien singulière : au lieu de collectionner les titres cultes, il a choisi de créer les siens et de concrétiser ses rêves sur un écran, le tout sur son temps libre et gratuitement. Résultat, une grosse poignée de titres d’une qualité étonnante créés sur une petite dizaine d’années, dont certains se sont fait remarquer par l’industrie."
Oh ! Content que ma critique t'aie plu, je suis vraiment flatté ! Ca fait un moment que je n'en ai pas écris une nouvelle, du coup ça me remotive :) La prochaine, ça sera Indiana Jones et le Cercle Ancien...
Tu abordes différents éléments très intéressants oscillant entre nostalgie et manière plus actuelle d’écrire autour du jeu vidéo.
L’angle de l’expérience personnelle semble en effet quelque chose qui se répand dans les ouvrages depuis quelques années. Malheureusement, je n’ai aucun exemple de ce genre en France. Autant je trouve que notre pays a très tôt voulu écrire des livres sur le jeu vidéo (la nostalgie, le retrogaming, le making of, l’analyse scientifique ) autant je pense que nous n’integrons pas encore l’importance de l’autobiographie (dans le sens la place du jeu dans la vie de l’auteur).
La série Boss Fight Books est en cela précurseur et Omake Books a eu le nez creux en souhaitant les éditer. Mais comme il ne semblent pas y avoir de nouvelles traductions, il est possible que les ouvrages n’aient pas trouvé leur public.
Les éditeurs français semblent encore enfermés dans le making of et l’analyse culturelle (faire des ponts et des comparaisons, relever les influences…) sans aller vers le sensitif, le ressenti de l’auteur.
Celui-ci s’efface derrière son sujet alors qu’il pourrait y avoir un fil rouge, un apparté, des encadrés… dans lesquels il parle de son rapport à la série, de ses souvenirs marquants.
L’autre problème étant la mise en avant des auteurs. Third Editions continue de publier des ouvrages sans présenter leurs auteurs. Je n’ai jamais entendu parler d’eux, je ne connais pas leurs travaux et vu la construction imposée par l'éditeur (contexte, histoire, analyse) , difficile de ne pas penser qu’un autre auteur aurait pu faire pareil (probablement pas j'en conviens mais l'idée m’a traversé l’esprit). J’en avais déjà parlé ailleurs, mais c’est clairement quelque-chose qui me freine dans mes achats de livre a 25€.
Il manque également une lecture critique des sorties de livres sur le JV. Florian Velter tenait la rubrique “lecture seule” sur Gamekult et critiquait les livres. C'était passionnant et cela permettait de découvrir des ouvrages peu médiatisés.
D’ailleurs, je me permets de dire que si cette newsletter choisissait de nous faire découvrir de passionnants ouvrages de temps en temps, je serais totalement partant.
D’un point de vue plus retro. Le magazine de jeu vidéo a toujours été celui qui me faisait aller en librairie étant adolescent.
J’ai reçu mes premiers magazines officiels Playstation avec les démos par un oncle qui avait une PlayStation mais l’avait revendu. Ne sachant pas quoi faire de ses magazines, il me les a donné. Je les ai littéralement dévoré.
Je ne lisais pas de magazine jusque-là et je suis alors tombé dans un autre monde : je lisais et relisais les tests sur des jeux dont je n’avais jamais entendu parler. Je comparais avec d’autres magazines ou sites internet pour indiquer les notes que je trouvais à côté de celles du magazine PlayStation.
Je n’en avais qu’une dizaine mais ils m’ont profondément marqués.
J’ai commencé à acheter des magazines en décembre 2001 lorsque j’ai pu obtenir la PS2. Je prenais l’officiel PlayStation pour suivre l’actualité de la console et surtout obtenir les dvd de démos. J’ai dû le faire de manière irrégulière jusqu'en 2003. Le numéro le plus important restera pour moi celui de février 2002 avec la démo de MGS2 que j’ai fait un nombre incalculable de fois (presque toute la partie sur le Tanker, c’est fou ce qu’elle était longue mine de rien).
Cependant s’il ne fallait en garder qu’un, ce serait ce numéro estival 2002 de JeuxVideo Magazine. Ce numéro a été ma bible que j’ai lu et feuilleté des centaines de fois.
Il compilait de nombreux jeux testés depuis le mois de Janvier 2002. Nous avions donc une compilation d’avis ou de tests sur les meilleurs jeux PC/GBA/PS2/NGC/XBOX car ces deux dernières consoles venaient de sortir quelques mois auparavant. Je me retrouvais alors face à une porte d’Oblivion où un autre monde s'ouvrait à moi, celui de dizaines de jeux auxquels je rêvais de jouer. Ils m'étaient inaccessibles par manque de moyens et je ne pouvais qu’en rêver à travers ce magazine.
Je l’ai toujours et je pense que je le garderai toujours. Je l’ai d’ailleurs feuilleté pour écrire mon message et je retrouve les petites croix laissés près de ces jeux que je rêvais de faire.
Adolescent la lecture sur le jeu vidéo s'apparentait à une usine à rêves. Adulte j’y trouve une activité parallèle à unjeu vidéo qui me permet de prolonger une expérience, de redécouvrir une serie ou un jeu auquel j’ai joué il y a longtemps.
Je vois dans ma lecture actuelle des ouvrages sur le JV, un moyen de nourrir ma curiosité et développer mon esprit critique. De ne plus seulement consommer un produit mais également de mieux réfléchir sur ce média.
Lire sur le JV est devenu aussi passionnant qu’y jouer.
Merci de me lire régulièrement et de participer ainsi de façon active !
Florent Gorges (Omake Books) m'a envoyé un petit message suite à cette newsletter et m'a en effet confirmé que les traductions (6 en tout : Final Fantasy 5, Shadow of the Colossus, Super Mario Bros. 3, Kingdom Hearts II, Earthbound, Metal Gear Solid) des livres Boss Fight Books sous le label Gaming Legends n'avaient pas du tout trouvé leur public... Alors ces trads remontent tout de même à quelques années maintenant (2018) et c'est peut être juste une question de timing, de communication ou alors peut être même de contexte - autrices et auteurs étant le plus souvent américain(e)s - mais je t'avoue que je ne m'explique pas du tout cet échec. Il me reste plein de livres sur le JV à découvrir et j'en ai même quelques-uns qui m'attendent dans ma bibliothèque (Alone in the Dark, Undertale, Outer Wilds, Havres de peur, la bio de Will Wright en VO, pour n'en citer que quelques-uns...), mais généralement j'aime partager mes lectures que ce soit via cette newsletter ou dans le podcast Pixel Bento comme j'ai pu le faire avec la bio de Romero (DOOM GUY) ou le SMB3 de Alyse Knorr, et je compte bien continuer !
Comme toi, j'aime beaucoup lire sur des jeux ou des séries que j'ai aimé, surtout si cela me permet de les redécouvrir à travers un prisme plus personnel. J'aime quand la personnalité de la personne qui écrit transparaît et vient nourrir une analyse ;-)
Un sujet qui me parle beaucoup. Lire et écrire en particulier des anecdotes personnelles tournant autour du jv est d'ailleurs la raison m'ayant poussé à lancer le topic "Les jeux vidéos et vous: vos anecdotes" sur le forum de l'atnl:
Mais je dirais qu'écouter (par exemple, un Marc enfant se demandant pourquoi il se bat contre des épis de maïs dans un niveau de Megaman 2) ou même voir un Medoc raconter sa rencontre avec l'univers du j-rpg avec Phantasy star dans la rubrique "Mon souvenir" de 101%, me sont tout aussi appréciables !
Pas eu vraiment la chance d'avoir un abonnement aux magasines jv donc je profitais à fond du peu d'exemplaires qui sont arrivés jusqu'à moi. De même, j'ai la nostalgie du temps que passais dans mon lit de jeune ado à lire et regarder les notices magnifiques des jeux super Nes.
Bonjour ! Merci pour le partage de ce très joli Thread ;-)
Plein de jolies anecdotes avec même quelques partages de screenshots et de vidéos !
Un petit extrait avec en plus du Sonic dedans :p 👇
"Une anecdote d'enfance : quand on était petits, on avait une Master System, et on jouait souvent à Sonic premier du nom. Sauf que quand on est petit on n'est pas forcément très doués, donc ça nous arrivait jamais de dépasser la deuxième zone (celle du pont). Mais en tout cas on s'amusait bien. Et un jour que mon daron ne travaillait pas, on rentre de l'école et là on le voit en train de jouer à Sonic sans nous. Et il était arrivé à la troisième zone, dans la jungle. Pour nous c'était un truc de fou, on découvrait un tout nouveau jeu ! Et ça m'a marqué, je m'en souviens encore parfaitement."
Merci pour ce billet de qualité comme d'habitude. Dans mes jeunes années, j'ai longtemps vécu votre vie "idéale" par procuration. Ma chambre d'ado remplie de mag JV. Certes, certains articles n'étaient pas aussi poussés qu'il aurait pu, notamment dans les années 80. Les sujets étaient parfois survolés selon la revue. Adulte, j'ai eu l'occasion d'écrire pour des maisons d'éditions du JV, c'était quelque part un reve de gosse qui se réalisait. Mais j'aurais adoré être présent durant l'âge d'or (pour moi) 88-95. Ou plus récemment travaillé dans un excellent mag qu'était IG
Mais bon la vie est ainsi faite, le presse JV n'est plus ce qu'elle était, c'est ainsi, les choses changent et évoluent.
Je suis probablement à contre courant de tout ce qui est dis ici.
Je trouve la literature sur le JV globalement ennuyeuse. Je pense que le JV a grandi bien trop vite et n'a pas eu le temps de se définir correctement, et la littérature produite à son sujet s'est trop calquée sur la littérature produite pour le cinoche. Or, cette derniere accepte pleinement le cinema comme object filmique là où on est encore loin de l'acceptation du JV comme objet videoludique. La plupart des écrits à son sujet tentent constamment d'escamoter toute reference à son aspect de jeu, de jouet pour ce concentrer sur son seul coté video qui semble etre la seul parti "noble".
Un bouquin sur le cinoche tisse des liens entre le reel et le film qu'il traite, il peut te parler de "camera qui se balade", "de l'épatante actrice qui incarne cette journaliste tenace", et du pourquoi comment les sentiments qui te traversent au visionnage sont liés à ces conditions technique, ces choix de prod, ces personnes impliquées, et pas seulement au seul fait qu'il y a des personnages qui font des trucs dans une histoire.
Quand on te parle d'"etre de pixel" ou de ces "grandioses montagne virtuelles", ca raconte rien. C'est juste des synonymes ou des qualificatifs qui n'ont aucune incidence sur ces liens entre reel et virtuel.
Souvient toi le bruit caractéristique de la tete de lecture d'une PSX quand celle-ci va charger les assets necessaires à ces "montagnes virtuels" ou d'une cinematique sur le CD avant qu'elles ne soient affichées. Comment tu devinais que "quelque chose" allait se produire.
Maintenant, rien de tout ça n'est inclu dans la diegese d'un jeu video. C'est reléguer à un aspect technique traité séparément, bien souvent gênant, parce qu'on a toujours honte que le JV ça soit pas aussi "noble" que le cinoche et que ces betes aspect technique sont sa plebe genante ... Alors meme que la littérature cinoche l'accepte totalement.
Y'a qu'a voir la dissonance entre un joueur qui va te parler de BG3 ou d'un souls : les "builds", et ce que tu vas trouver dans un bouquin qui va traiter de ces jeux : le lore et l'histoire et parfois quand on a du bol, un bout de mécanique superficielle directement lié à ces deux aspects.
Pour finir, en vrai, y'a bien eu quelques essais qui embrassait entièrement la condition de jeu du jeu video. Un en particulier m'a marqué et continue de me marquer 20 ans plus tard.
C'était dans le magazine Gaming nº3 (https://abandonware-magazines.org/affiche_mag.php?mag=174&num=3564&album=oui) à la page 92. Ca s'intitule "La premiere Lampe" et c'est probablement ce qui représenterait le mieux une littérature de qualité sur le JV.
*bon, j'avoue que j'y vais un peu fort, d'autant plus que le peu que je lis sur le JV n'est pas du tout représentatif de la prod littéraire globale. J'ai juste une lassitude de voir le JV toujours courir après d'autre media quand il sort de sa chambre d'echo.
Faudrait qu'il fasse sa crise de Nintendo, se Wii-fise et accepte pleinement sa part de JEU XD*
Merci pour ce long commentaire et le partage de l’article du magazine Gaming sur “La Première Lampe” de CHAZumaru, qui est en effet excellent. Et c’est aussi une parfaite illustration du point que j’essayais de faire avec mon article ! :p
Se mettre soi-même (autrice, auteur) “en jeu” lorsque l’on écrit sur le jeu vidéo, est passionnant. C’est exactement ce que fait CHAZumaru (que je ne crois pas connaître, en tout cas pas via son pseudonyme…) dans son papier sur notre "conditionnement" de joueur et la raison pour laquelle on ne peut pas s’empêcher de tirer sur la première lampe que l’on voit dans un jeu vidéo (dans l’article : Deus Ex Invisible War).
En passant, quel bonheur de pouvoir ainsi partager et consulter la presse JV française via les scans réalisés sur Abandonware Magazine ! Je me demande si un équivalent existe outre-atlantique et particulièrement en Angleterre…
Je trouve que ton point sur l’approche “presse ciné” de l’analyse de jeu était surtout valable il y a une ou deux décennies, mais que la littérature sur le jeu a depuis bien évolué. Alors certes je ne lis malheureusement pas suffisamment et j’ai un énorme backlog de livres (sur le JV spécifiquement) à lire pour vraiment pouvoir me prononcer, mais mes lectures récentes m’ont suffisamment emballé pour que j’ai envie d’en lire plus, en anglais comme en français.
Le fait que le jeu vidéo soit un média qui fasse de nous plus que des spectateurs est une invitation à se mettre en scène, et / ou à l’analyser à travers des angles et des dispositifs narratifs inhabituels ; de manière à embrasser son interactivité en quelque sorte. Ma découverte du livre sur Shadow of the Colossus en 2018 (je crois) a été un déclic, comme celle de A Theory of Fun for Game Design de Raph Koster à la fin des années 2000 ou de Game Over (l’histoire de Nintendo) par David Sheff ; ou encore, plus récemment, du livre sur les Bitmap Brothers de Duncan Harris, de la BD Replay de Jordan Mechner, de l’autobio de Romero, ou du livre sur Ocarina of Time de Victor Moissan… Les exemples ne manquent pas ! Et je continuerai à parler ici ou dans le podcast Pixel Bento des livres qui me plaisent et osent parler du jeu autrement, mais surtout avec passion ;-)
Ha oui, tu trouve ?
Apres je parle d'une categorie de litterature en fait. Celle qui retrace le contexte de production ou l'histoire d'une boite, celle qui se veulent autobiographique, ne sont pas l'origine de ma complainte du tout.
En revanche, celle qui se veulent analytique, de decryptage ou critique ben j'ai justement l'impression qu'il y a 20 ans, on parlait de jeu video sans cacher ce qu'il etait d'ou mon partage de l'essai de Chazumaru pour illustrer ça.
Mais de nos jours, on s'attache à parler de personnage, d'histoire, de lore, d'experience en cachant ou omettant tout l'aspect interactif, la place du joueur et l'aspect technique, pour se rapprocher du recit d'une sensation, d'un moment, d'une emotion. Un truc un peu etheré.
On préfère tisser des ponts entre la mythologie fictive de l'univers de FFXIII avec la mythologie de l'Histoire de l'humanité plutot que de discuter du lien entre ses condition de prod', sa narration et son gameplay.
On passe sous silence le framerate et les controles d'Argo dans Shadow of the Collosus pour exacerber son univers (vide) et sa morale.
Quand on lit quelque chose sur The Last of Us on va jamais se pencher sur le coté jeu que sur le coté video.
Au final, sans contexte, sans les codes, tu peux facilement penser qu'on parle d'autre chose que d'un JV, et c'est quand meme problématique.
Encore un superbe article. Merci, Thierry !
J'évoquais justement cet après-midi à mes amis, malgré mon incapacité totale de créativité et d'intelligence rédactionnelle, mon "regret" de ne pas être né une dizaine d'années plus tôt pour vivre de l'intérieur l'ambiance d'une rédaction (notamment jeux vidéo) papier.
Le temps me manque à l'instant trop pour évoquer tous les souvenirs et anecdotes liés à la lecture "vidéoludesque", mais je vais assurément pouvoir y repenser en me couchant. Pour ça, merci !
Merci de me lire !
L'ambiance d'une rédac est vraiment le point qui me manque le plus sur mon projet de newsletter, par essence solo ou au minimum "remote". Heureusement que le podcast est là pour "combler" ce manque :-)
Encore un bel article, qui m'a aussi replongé dans mes souvenirs d'enfance / adolescence, où je lisais relisais certains magasine quand j'étais en vacances ou en voiture. J'aimais tellement lire et regarder les image et imaginer le jeu en mouvement.
Merci encore
Merci !
Tu pouvais lire durant tes trajets en voiture ! C'est un super-pouvoir ça ! ;-)
Je valide tellement cet article ! Moi même, même sans être journaliste ou apparenté, je trouve que coucher sur papier ce que l'on ressent à propos d'une oeuvre renforce son appréciation. Ainsi, je maintiens une liste de tous les jeux que j'ai fini depuis 2005 (oui, cette liste a 20 ans !), et je chronique ceux que j'ai le plus apprécié sur Sens Critique (pseudo JipéF, si certains sont intéressés...). C'est un plaisir d'écrire sur ce qu'on aime, en fait !
Tout à fait ! Je pense qu'écrire sur une oeuvre qui nous a touché ou que l'on a simplement apprécié, surtout si c'est dans l'idée de "la partager", est une bonne façon de s'interroger sur les raisons pour lesquelles elle nous a séduit ;-)
Belle constance de ta part sur les critiques Sens Critique !
En les parcourant je suis tombé sur celle dédiée à Super Hydorah, dont je me permets de passer un petit extrait ci-dessous, et je pense que l'un de mes futurs articles (courant juillet / début août ?) devrait te plaire ;-)
"Locomalito est un fou. Enfin plus exactement, c’est un gamer qui a une attitude bien singulière : au lieu de collectionner les titres cultes, il a choisi de créer les siens et de concrétiser ses rêves sur un écran, le tout sur son temps libre et gratuitement. Résultat, une grosse poignée de titres d’une qualité étonnante créés sur une petite dizaine d’années, dont certains se sont fait remarquer par l’industrie."
https://www.senscritique.com/jeuvideo/super_hydorah/critique/175632129
Oh ! Content que ma critique t'aie plu, je suis vraiment flatté ! Ca fait un moment que je n'en ai pas écris une nouvelle, du coup ça me remotive :) La prochaine, ça sera Indiana Jones et le Cercle Ancien...
Passionnante newsletter encore une fois.
Tu abordes différents éléments très intéressants oscillant entre nostalgie et manière plus actuelle d’écrire autour du jeu vidéo.
L’angle de l’expérience personnelle semble en effet quelque chose qui se répand dans les ouvrages depuis quelques années. Malheureusement, je n’ai aucun exemple de ce genre en France. Autant je trouve que notre pays a très tôt voulu écrire des livres sur le jeu vidéo (la nostalgie, le retrogaming, le making of, l’analyse scientifique ) autant je pense que nous n’integrons pas encore l’importance de l’autobiographie (dans le sens la place du jeu dans la vie de l’auteur).
La série Boss Fight Books est en cela précurseur et Omake Books a eu le nez creux en souhaitant les éditer. Mais comme il ne semblent pas y avoir de nouvelles traductions, il est possible que les ouvrages n’aient pas trouvé leur public.
Les éditeurs français semblent encore enfermés dans le making of et l’analyse culturelle (faire des ponts et des comparaisons, relever les influences…) sans aller vers le sensitif, le ressenti de l’auteur.
Celui-ci s’efface derrière son sujet alors qu’il pourrait y avoir un fil rouge, un apparté, des encadrés… dans lesquels il parle de son rapport à la série, de ses souvenirs marquants.
L’autre problème étant la mise en avant des auteurs. Third Editions continue de publier des ouvrages sans présenter leurs auteurs. Je n’ai jamais entendu parler d’eux, je ne connais pas leurs travaux et vu la construction imposée par l'éditeur (contexte, histoire, analyse) , difficile de ne pas penser qu’un autre auteur aurait pu faire pareil (probablement pas j'en conviens mais l'idée m’a traversé l’esprit). J’en avais déjà parlé ailleurs, mais c’est clairement quelque-chose qui me freine dans mes achats de livre a 25€.
Il manque également une lecture critique des sorties de livres sur le JV. Florian Velter tenait la rubrique “lecture seule” sur Gamekult et critiquait les livres. C'était passionnant et cela permettait de découvrir des ouvrages peu médiatisés.
D’ailleurs, je me permets de dire que si cette newsletter choisissait de nous faire découvrir de passionnants ouvrages de temps en temps, je serais totalement partant.
D’un point de vue plus retro. Le magazine de jeu vidéo a toujours été celui qui me faisait aller en librairie étant adolescent.
J’ai reçu mes premiers magazines officiels Playstation avec les démos par un oncle qui avait une PlayStation mais l’avait revendu. Ne sachant pas quoi faire de ses magazines, il me les a donné. Je les ai littéralement dévoré.
Je ne lisais pas de magazine jusque-là et je suis alors tombé dans un autre monde : je lisais et relisais les tests sur des jeux dont je n’avais jamais entendu parler. Je comparais avec d’autres magazines ou sites internet pour indiquer les notes que je trouvais à côté de celles du magazine PlayStation.
Je n’en avais qu’une dizaine mais ils m’ont profondément marqués.
J’ai commencé à acheter des magazines en décembre 2001 lorsque j’ai pu obtenir la PS2. Je prenais l’officiel PlayStation pour suivre l’actualité de la console et surtout obtenir les dvd de démos. J’ai dû le faire de manière irrégulière jusqu'en 2003. Le numéro le plus important restera pour moi celui de février 2002 avec la démo de MGS2 que j’ai fait un nombre incalculable de fois (presque toute la partie sur le Tanker, c’est fou ce qu’elle était longue mine de rien).
Cependant s’il ne fallait en garder qu’un, ce serait ce numéro estival 2002 de JeuxVideo Magazine. Ce numéro a été ma bible que j’ai lu et feuilleté des centaines de fois.
Il compilait de nombreux jeux testés depuis le mois de Janvier 2002. Nous avions donc une compilation d’avis ou de tests sur les meilleurs jeux PC/GBA/PS2/NGC/XBOX car ces deux dernières consoles venaient de sortir quelques mois auparavant. Je me retrouvais alors face à une porte d’Oblivion où un autre monde s'ouvrait à moi, celui de dizaines de jeux auxquels je rêvais de jouer. Ils m'étaient inaccessibles par manque de moyens et je ne pouvais qu’en rêver à travers ce magazine.
Je l’ai toujours et je pense que je le garderai toujours. Je l’ai d’ailleurs feuilleté pour écrire mon message et je retrouve les petites croix laissés près de ces jeux que je rêvais de faire.
Adolescent la lecture sur le jeu vidéo s'apparentait à une usine à rêves. Adulte j’y trouve une activité parallèle à unjeu vidéo qui me permet de prolonger une expérience, de redécouvrir une serie ou un jeu auquel j’ai joué il y a longtemps.
Je vois dans ma lecture actuelle des ouvrages sur le JV, un moyen de nourrir ma curiosité et développer mon esprit critique. De ne plus seulement consommer un produit mais également de mieux réfléchir sur ce média.
Lire sur le JV est devenu aussi passionnant qu’y jouer.
Merci de me lire régulièrement et de participer ainsi de façon active !
Florent Gorges (Omake Books) m'a envoyé un petit message suite à cette newsletter et m'a en effet confirmé que les traductions (6 en tout : Final Fantasy 5, Shadow of the Colossus, Super Mario Bros. 3, Kingdom Hearts II, Earthbound, Metal Gear Solid) des livres Boss Fight Books sous le label Gaming Legends n'avaient pas du tout trouvé leur public... Alors ces trads remontent tout de même à quelques années maintenant (2018) et c'est peut être juste une question de timing, de communication ou alors peut être même de contexte - autrices et auteurs étant le plus souvent américain(e)s - mais je t'avoue que je ne m'explique pas du tout cet échec. Il me reste plein de livres sur le JV à découvrir et j'en ai même quelques-uns qui m'attendent dans ma bibliothèque (Alone in the Dark, Undertale, Outer Wilds, Havres de peur, la bio de Will Wright en VO, pour n'en citer que quelques-uns...), mais généralement j'aime partager mes lectures que ce soit via cette newsletter ou dans le podcast Pixel Bento comme j'ai pu le faire avec la bio de Romero (DOOM GUY) ou le SMB3 de Alyse Knorr, et je compte bien continuer !
Comme toi, j'aime beaucoup lire sur des jeux ou des séries que j'ai aimé, surtout si cela me permet de les redécouvrir à travers un prisme plus personnel. J'aime quand la personnalité de la personne qui écrit transparaît et vient nourrir une analyse ;-)
Si tu as des livres à recommander n'hésite pas !
Je m'abonne sans hésitation 💜💜💜
Lecture très passionante, Merci.
Merci beaucoup !
Hello !
Un sujet qui me parle beaucoup. Lire et écrire en particulier des anecdotes personnelles tournant autour du jv est d'ailleurs la raison m'ayant poussé à lancer le topic "Les jeux vidéos et vous: vos anecdotes" sur le forum de l'atnl:
https://forum.atnl.fr/index.php?threads/les-jeux-vid%C3%A9o-et-vous-vos-anecdotes.291/
Mais je dirais qu'écouter (par exemple, un Marc enfant se demandant pourquoi il se bat contre des épis de maïs dans un niveau de Megaman 2) ou même voir un Medoc raconter sa rencontre avec l'univers du j-rpg avec Phantasy star dans la rubrique "Mon souvenir" de 101%, me sont tout aussi appréciables !
Pas eu vraiment la chance d'avoir un abonnement aux magasines jv donc je profitais à fond du peu d'exemplaires qui sont arrivés jusqu'à moi. De même, j'ai la nostalgie du temps que passais dans mon lit de jeune ado à lire et regarder les notices magnifiques des jeux super Nes.
Bonjour ! Merci pour le partage de ce très joli Thread ;-)
Plein de jolies anecdotes avec même quelques partages de screenshots et de vidéos !
Un petit extrait avec en plus du Sonic dedans :p 👇
"Une anecdote d'enfance : quand on était petits, on avait une Master System, et on jouait souvent à Sonic premier du nom. Sauf que quand on est petit on n'est pas forcément très doués, donc ça nous arrivait jamais de dépasser la deuxième zone (celle du pont). Mais en tout cas on s'amusait bien. Et un jour que mon daron ne travaillait pas, on rentre de l'école et là on le voit en train de jouer à Sonic sans nous. Et il était arrivé à la troisième zone, dans la jungle. Pour nous c'était un truc de fou, on découvrait un tout nouveau jeu ! Et ça m'a marqué, je m'en souviens encore parfaitement."
Avec grand plaisir !
Je profite d'ailleurs de ta visite pour mettre à jour pas mal de liens morts (le topic existant de puis 2018 mine de rien !).
Je te dédie une anecdote en particulier au passage:
https://forum.atnl.fr/index.php?threads/les-jeux-vid%C3%A9o-et-vous-vos-anecdotes.291/post-162787
A bientôt !
Merci pour ce billet de qualité comme d'habitude. Dans mes jeunes années, j'ai longtemps vécu votre vie "idéale" par procuration. Ma chambre d'ado remplie de mag JV. Certes, certains articles n'étaient pas aussi poussés qu'il aurait pu, notamment dans les années 80. Les sujets étaient parfois survolés selon la revue. Adulte, j'ai eu l'occasion d'écrire pour des maisons d'éditions du JV, c'était quelque part un reve de gosse qui se réalisait. Mais j'aurais adoré être présent durant l'âge d'or (pour moi) 88-95. Ou plus récemment travaillé dans un excellent mag qu'était IG
Mais bon la vie est ainsi faite, le presse JV n'est plus ce qu'elle était, c'est ainsi, les choses changent et évoluent.