Elden Ring : future meilleure adaptation ciné de tous les temps ?
Le jeu culte de FromSoftware a désormais un réalisateur attaché à son adaptation sur grand écran : Alex Garland !
Je sais… Je me projette avec un enthousiasme qui patauge joyeusement dans l’aveuglement du fan de base, mais j’ai quelques arguments dans ma sacoche à talismans ! Et puis… Les questions inutiles ne sont-elles pas finalement les plus fun ?
Elden Ring est un monstre de jeu.
L’un de ces titres qui marquent une industrie au point de lui faire changer de cap, comme un bateau de marchandises Triple A abordé par une bande d’anachroniques pirates japonais.
Ce jeu de rôles / action marque le passage “en monde ouvert” de la formule popularisée par la série Dark Souls, grâce à laquelle le studio FromSoftware a acquis un niveau de vénération similaire à celui d’un des dieux déchus d’Elden Ring.

Joueuses et joueurs explorent dans Elden Ring, un monde de dark fantasy où des dieux perfides et leurs champions écorchés vifs se déchirent depuis des temps immémoriaux sur des terres gangrénées, infestées de créatures infernales. Nous entrons dans ce monde en tant que paria, un “Sans-éclat” ayant perdu la grâce des dieux, cherchant à revendiquer sa position dans un échiquier politique corrompu jusqu’au sang.
Ce spectaculaire monde de dark fantasy a subjugué plus de 30 millions de personnes depuis sa sortie en 2022. Un succès faramineux, stupéfiant, que j’ai tenté d’expliquer dans deux articles en 2023, parmi les premiers de cette newsletter hebdo !
Bien entendu, c’est avant tout ce succès commercial colossal et l’indéniable dévouement de sa communauté de fans qui a conduit Hollywood à s’intéresser à Elden Ring. Variety, la “gazette d’Hollywood”, a ainsi confirmé fin Mai que le réalisateur Alex Garland allait adapter le jeu sous la forme d’un film live, pour A24.
A24 est un studio ayant la réputation de prendre des risques et de produire (ou distribuer) des films d’auteur visuellement impactants, comme Everything Everywhere All at Once ou Uncut Gems par exemple. Mais il a aussi, et surtout, prouvé sa capacité à accompagner la gestation de projets “extrêmes”, pour ne pas dire dérangeants. Je pense à The Witch par exemple, ou encore Midsommar, The Lighthouse ou le spectaculaire et trop méconnu The Green Knight.
Des films qui portent indéniablement la patte de leurs auteurs et se distinguent par leur opiniâtreté à créer des mondes fantastiques soignés, aussi stylisés que crus. Le fait que A24 soit derrière le film et Alex Garland - un réalisateur avec lequel le studio a déjà maintes fois travaillé - est donc de bon augure.
Soyons honnêtes, Alex Garland n’est pas forcément la première personne à laquelle j’aurais pensé pour adapter Elden Ring sur grand écran.
Personnellement, Guillermo Del Toro aurait été mon “premier choix”, même si je vous avoue qu’il est mon premier choix pour à-peu-près tous les projets de films quels qu’ils soient ! Mais en creusant un peu, on s’aperçoit qu’Alex Garland pourrait s’avérer à la hauteur d’un tel défi…

Je ne vais pas m’attarder ici sur la carrière du réalisateur anglais pour me contenter de la résumer grossièrement en quatre bullet points :
c’est un romancier devenu un excellent scénariste, à qui l’on doit 28 jours plus tard, Sunshine et la superbe adaptation du comic Judge Dredd, sobrement intitulée Dredd (celle avec Karl Urban, et non Stallone !)
c’est un joueur qui respecte le média et n’hésite pas à le créditer quand il parle de ses influences en interview, comme il a pu le faire avec Resident Evil par exemple
il a déjà travaillé dans le jeu vidéo pour avoir collaboré à l’écriture de Enslaved: Odyssey to the West, DmC: Devil May Cry (celui de Ninja Theory, que j’aime bien perso) et d’une adaptation abandonnée de Halo
il a réalisé des oeuvres visuellement impressionnantes aux thématiques aussi passionnantes que perturbantes, comme la série Devs ainsi que les films Ex Machina et Annihilation
Annihilation est un film imparfait, qui a pas mal divisé la critique à sa sortie en 2018.
Il n’en reste pas moins un long-métrage fantastique au concept fascinant, porté par un réalisateur qui parvient à créer des scènes d’une indéniable originalité et des moments d’horreur qui ne s’oublient pas facilement.
Avec ce film, Alex Garland prouve à mon sens qu’il est capable de créer sur grand écran l’atmosphère poisseuse et malaisante qui convient à Elden Ring.
Étonnamment, le jeu FromSofware et Annihilation possèdent plus d’un point commun, comme un monde “empoisonné” contrôlé par des entités mystérieuses ; des créatures informes, infectées, transformées par leur environnement ; des “déités” dont les plans ne sont jamais clairement explicités ; ou des personnages profondément affectés par leur exploration de ce monde.

Soyons clairs, Annihilation et aucun autre film d’Alex Garland ne possèdent le scope (la taille et la profondeur) du monde d’Elden Ring. Un monde dans lequel moi et des millions d’autres joueuses et joueurs ont vécu une expérience unique, inoubliable, souvent distillée sur une petite centaine d’heures de jeu… Une expérience tout simplement impossible à reproduire au cinéma, un média linéaire à la durée limitée à quelques heures.
Elden Ring sur grand écran ne peut être autre chose qu’une “vertical slice”, pour reprendre une expression de l’industrie vidéoludique, c’est à dire une expérience condensée visant à donner une idée du projet, et non à en reproduire la globalité.
Au-delà de l’ampleur du jeu, de sa narration unique reposant sur l'investissement personnel des joueurs et les choix qu’ils seront amenés à faire durant leur partie, le problème des séquences d’action se pose également.
Car les combats de Elden Ring sont… mémorables !
Je n’ai pas vu tous les films d’Alex Garland, mais il me semble qu’il n’a jamais réellement fait montre d’une appétence particulière pour la représentation de l’action à l’écran. Autrement dit, il n’est ni Tsui Hark, ni George Miller… Il préfère poser sa caméra afin de façonner des moments forts, pesants et / ou dérangeants, plutôt que la balader à l’épaule en mode correspondant de guerre.
Mais je ne suis pas certain que cela soit réellement problématique. Les affrontements majeurs d’Elden Ring se distinguent avant tout par leur consistance physique, et non par leur frénésie. Leur rythme appliqué, je dirais même “laborieux” dans le sens le plus noble du terme, repose en effet sur la défense et la parade.
En fait, la vraie question, est : que demande-t-on finalement d’une adaptation au cinéma d’Elden Ring ?
Je vous laisse partager votre avis dans les commentaires, mais pour moi, ce qui compte avant tout, c’est que le film parvienne à retranscrire l’atmosphère poisseuse du jeu pour - enfin ! - nous offrir le grand film de dark fantasy que l’on attend depuis si longtemps…
Un peu comme une version torturée et dérangeante du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson ! Un film, donc, dont la sincérité serait évidente, et qui bénéficierait d’un soucis du détail absolument maniaque, qui ne sacrifierait pas 100% de sa fabrication, de sa production design, aux départements en charge des effets spéciaux numériques, pour au contraire embrasser un body horror eighties à la The Thing de Carpenter ou La Mouche de Cronenberg.
Un film où le design et la représentation visuelle de chaque créature seraient approchés avec le même soin qu’un Guillermo Del Toro sur Le Labyrinthe de Pan ou Hellboy II.
Je souhaite que Elden Ring le film se présente comme un survival horror contemplatif où l’horreur et l’action exploseraient de temps en temps, pour nous fasciner, nous immerger, sans jamais que l’on parvienne à desserrer nos mains des accoudoirs de notre siège.
Elden Ring le jeu, est suffisamment fou et unique pour nous offrir la meilleure adaptation de tous les temps d’un jeu vidéo au cinéma.
Maintenant, il ne nous reste plus qu’à reposer nos espoirs à l’abri du plus spectaculaires des arbres, en espérant qu’il ne prenne pas feu avant de déployer ses branches sur grand écran.
PS: Toutes les images (sauf une) illustrant cet article sont issues du site officiel Bandai Namco / FromSoftware dédié à Elden Ring. La capture d’écran prise par mes soins l’a été sur une version commerciale du jeu sur PlayStation 5.
Je n’ai pas vu tous les films d’Alex Garland, mais il me semble qu’il n’a jamais réellement fait montre d’une appétence particulière pour la représentation de l’action à l’écran. Autrement dit, il n’est ni Tsui Hark, ni George Miller… Il préfère poser sa caméra afin de façonner des moments forts, pesants et / ou dérangeants, plutôt que la balader à l’épaule en mode correspondant de guerre.
Regarde son dernier (?) - Civil War -tu vas devoir modifier ce passage - et être encore plus excité de ce choix 😁
Merci pour l'article, je suis toujours plus hypé pour m'acheter une machine pour faire tourner Elden Ring et BG3, j'attends juste de trouver 200h devant moi 😅