
Bon… autant jouer cartes sur table sans attendre… Il m’a fallu tout au long de cet article résister à l’envie d’en dire trop ! Mais je me suis astreint (comme Nicolas dans le podcast !) a une règle stricte des plus simples : zéro spoil ! Il vaut mieux en effet expérimenter par vous-mêmes l’histoire de Oshi No Ko et vous saurez très vite au bout du long épisode 1 (une heure et demie !) si la série est votre truc ou non.
Surprenante série animée, Oshi No Ko parvient à être beaucoup de choses à la fois. Un soap opera avant tout, dans la plus pure tradition des “ドラマ” (drama) japonais. Un mélodrame donc, comme Plus belle la Vie (ou Les feux de l’Amour, pour les plus âgés !), où les destins et les intrigues amoureuses s’entrechoquent et chavirent sous l’impact des drames personnels et de secrets dont le poids finit toujours pas écraser ceux qui les portent. Une plongée à la limite du documentaire dans le monde de l'entertainment japonais, des pop idols aux reality shows en passant par les influenceur-ses de réseaux sociaux comme YouTube ou TikTok. On en apprend beaucoup sur les coulisses de la création de ces programmes, ainsi que sur l’écosystème des agences et autres boîtes de production à l’ombre desquelles les destins se font et se défont. Une série fantastique aussi, avec un pitch de départ franchement ahurissant dans son hilarant jusqu'au-boutisme qui interloque et pose la question : “what… the… fuck??”. Une enquête sur l’énigmatique passé du personnage de la pop idol Ai Hoshino ( 星野のアイ), à l’ombre duquel évoluent la plupart des personnages de la série. Une critique acérée et documentée de la cruauté d’une industrie du divertissement qui façonne, contrôle, manipule, et finalement dévore ses jeunes stars, jetées en pâture à un public immature et prompt au lynchage (comment ne pas penser par moment au séminal Perfect Blue de Satoshi Kon…).

Oshi No Ko est tout ça à la fois, et c’est beaucoup. Mais ce ne serait rien si ses personnages de jeunes adultes en devenir, à peine sortis de l’adolescence, ne sonnaient pas aussi justes. Une critique acerbe, certes, mais aussi une lettre d’amour à ces gamins dont les illusions, l’énergie et le dévouement bercent les vies de millions de fans. Des gamins en quête d’identité et de vérité dans un monde où l’apparence et les mensonges sont autant des outils de travail que des boucliers nécessaires pour protéger leur santé mentale. Mem-Cho, Akane, Kana ainsi que le couple de héros, Aqua et Ruby, tous (ou presque…) cherchent à incarner leurs rêves, alors même que ces derniers sont sujets à d’incessants questionnements et remises en question. Cette galerie de personnages humains et attachants gravite dans un cadre développé avec un réalisme - quasi didactique - inédit. Ce qui contribue à donner à cette série animée (du moins sa première saison), un parfum unique sans pour autant qu’elle renonce aux jalons attendus d’un drama tournant autour de romances adolescentes et de quêtes identitaires.






En l’espace de 11 épisodes, cette série a rencontré un franc et mérité succès. Techniquement de facture classique, elle est produite par le studio Doga Kobo, connu pour des séries comme Himouto! Umaru-chan et New Game! (perso je n’avais jamais entendu parler de ce studio avant de découvrir Oshi no Ko). Techniquement, le dessin animé ne peut prétendre, à mon humble avis, atteindre les standards de qualité en termes de mise en scène et d’animation de Chainsaw Man ou Jujutsu Kaisen par exemple, pour prendre des exemples de succès récents. Les ambitions de la série se situent ailleurs. L’anime n’en reste pas moins très bien rythmé et découpé, et se regarde avec plaisir.
Je n’ai pas lu les mangas, dont 11 volumes ont été publiés à ce jour depuis la sortie du premier volume en 2020, mais sa traduction française a débuté cette année aux éditions Kurokawa. Dessiné par la mangaka Mengo Yokoyari et écrit par Aka Akasaka, qui a renoncé au dessin pour se focaliser sur l’écriture, Oshi No Ko n’a pas fini de faire parler de ses héros torturés et embrasse à bras-le-coeur une certaine culture Otaku, pour en extraire une palette d’émotions dont la variété et l’intensité m’ont réellement désarçonné. L’occasion de glisser ici un léger avertissement, si Oshi no Ko adopte un ton léger, c’est aussi un seinen, une oeuvre mature donc, abordant avec réalisme des sujets sérieux comme le harcèlement et le suicide.
Retrouvez les impressions de la team Pixel Bento au grand complet, et de l’ami Nicolas en particulier, dans le Pixel Bento #37 : La meilleure suite de l’histoire du jeu vidéo ?
Et d’ailleurs, voici un court extrait de 40s de la chronique (ou plutôt du Take !) de Nicolas !
PS: toutes les photos et images illustrant cet article ont été prises par mes soins.
Je n'ai pas pu arrêter l'anime une fois commencé. Vivement la suite. Je vais peut être aller sur le manga.