Le jeu indie dans tous ses états !
Placée sous le signe du yokai, l’édition 2025 du BitSummit est une ode au transformisme avec des jeux aux directions artistiques plus folles et étonnantes les unes que les autres.

Comme chaque année depuis le lancement de cette newsletter et du podcast Pixel Bento, je vous invite à m’accompagner au BitSummit de Kyoto, qui s’est imposé depuis que je me suis installé au Japon en 2018 comme l’un de mes rendez-vous vidéoludiques favoris.
Si le Tokyo Game Show a également son charme avec la venue des collègues français et la présence des plus gros éditeurs japonais bombant le torse à coups de stands plus exubérants les uns que les autres, le BitSummit, lui, propose une expérience plus intime.
Un peu comme une vieille connaissance, un rien maladroite, heureuse comme pas possible de nous retrouver, et qui nous accueille en nous tendant les bras alors que ces derniers sont encore chargés de cadeaux ! Alors elle en renverse partout et on essaye tant bien que mal de l’aider à tout ramasser ! Ces cadeaux sont bien sûr les jeux indépendants, qui n’arrivent pas seulement du Japon, mais bien des quatre coins du monde.



Et cette année encore, Kyoto nous a gâté.
Alors il s’agit ici d’une première cueillette, d’une petite sélection des jeux qui ont attiré mon regard et attisé ma curiosité ! Cette newsletter a en effet été écrite (à l’arrache !) quelques heures après la fin de la première journée du salon.
Commençons par Hirogami, en hommage à Origami !
Ce jeu d’action / exploration possède en effet une histoire pour le moins surprenante.



Hirogami a été développé par une équipe au sein de la branche singapourienne de Bandai Namco, et si le projet a été validé en interne, il est distribué… en externe ! Par Kakehashi Games pour être précis, plutôt connu pour traduire et éditer au Japon des jeux indie étrangers, comme Sea of Stars ou Eastward. Il semblerait en effet que Bandai Namco, spécialisé dans la grosse licence (Dragon Ball, Sand Land, etc.) et l’édition de gros projets (Elden Ring par exemple) préfère ne pas “se disperser” sans pour autant brider la créativité de ses équipes, ce qui est tout à leur honneur.
Hirogami vous permet ainsi d’incarner un maître origami capable de se transformer en feuille de papier pour se laisser porter par le vent. Mais il peut aussi se “plier en quatre” afin de prendre la forme de divers animaux. Lorsqu’il se transforme en tatou par exemple, il gagne la capacité de se rouler en boule - Samus style ! - pour tout détruire devant lui. La direction artistique joue à fond l’esthétique “papier” avec en prime un petit feeling stop motion qui vient habiller de petits frémissements les animations de ses créatures, toutes en papier bien sûr, dans des environnements… en papier !
Une démo jouable est téléchargeable sur Steam et le jeu sort à la rentrée sur PC et PS5, le 4 septembre pour être précis. Et au Japon dans un premier temps, Hirogami sortira également en boîte le 23 octobre avec en bonus… des origamis mes bons amis ! Deux pour être exact, conçus par un maître origami (un vrai) qui a du se contenter de deux formes pour rester “accessible” : la grenouille et le tatou !


J’ai également eu le plaisir de jouer à Lumines arise sur le pavillon indie PlayStation !
Prévu pour cet automne (sans plus de précision), ce puzzle game est le dernier volet de la série initiée en 2004 sur PSP. On la doit au studio enhance, créé par le génial Tetsuya Mizuguchi (REZ), grand spécialiste du jeu de rythme et de la synesthésie (mariage sensitif du son et de l’image).

Pour être honnête, si je suis un fan absolu de REZ, je n’ai jamais joué sérieusement à Lumines. Mais là, avec ce nouvel habillage visuel tout en particules, reprenant une esthétique qui rappelle celle de Resogun (ou de Tetris Effect: Connected du même studio), je pense que j’aurais pu passer ma journée à jouer.
Le principe n’a pas bougé à priori : on manipule toujours des blocs composés de deux “couleurs”, pour tenter de créer des amalgames de quatre couleurs identiques qui pourront alors être “effacés” par une ligne verticale qui traverse l’écran avec la régularité d’un métronome, au rythme de la musique. Difficile de ne pas rapidement être hypnotisé pour onduler devant son écran comme une tige de bambou agité par un vent “synesthétique” ! D’autant plus que musiques et environments évolueront sous nos yeux en fonction de notre façon de jouer.
Et si comme tout le monde vous vous demandez qui est derrière la musique de cette bande-annonce, il s’agit de Only Human du groupe électro Hydelic, qui a composé des musiques pour REZ Infinite et Tetris Effect: Connected. Le titre, issu de la BO de Lumines arise, est d'ailleurs déjà disponible sur Bandcamp et les plates-formes habituelles.
Je glisse ici subrepticement un autre jeu découvert (tardivement, j’en conviens) dans le pavillon PlayStation : le futur beat’em all / roguelike Absolum de Dotemu, annoncé pour cette année !
Si Dotemu édite, c’est le studio canadien Guard Crush, co-créateur de Streets of Rage 4 avec Lizardcube, qui développe ce jeu à la direction artistique comic book aussi somptueuse que son gameplay est… onctueux.
Vous n’avez aucune idée de quoi je parle ? Vous vous dites : “non là il va trop loin avec ses histoires de jouabilité onctueuse, c’est n’importe quoi !”… Hé ben essayez la démo Steam, et vous comprendrez :p



Monowave est un jeu de plates-formes qui reprend (un peu) le pitch du film d’animation Vice Versa de Pixar ! Intriguant non ?
Créé par un jeune studio coréen, Monowave est né sur les bancs de l’université de Sogang. Ce jeu qui a débuté comme un projet d’étudiants, met en scène la créature appelée Mono, qui ressemble à une tête d’ourson montée sur deux pattes. Cet étrange “gardien” possède la capacité d’absorber des émotions comme la colère, l’anxiété, la joie ou la tristesse, ce qui lui confère des capacités uniques.
La joie lui permet de sauter plus haut par exemple ; la tristesse de se liquéfier pour se glisser dans les passages les plus étroits ; la colère de sauter de mur en mur à coups de tête (façon PC Kid !) ; et l’anxiété de marcher sur les épines comme si de rien n’était ! Toutes les émotions sont ainsi utiles à notre progression. Et Mono peut aussi “vibrer” et transférer une émotion aux créatures environnantes pour en faire ses alliées.
Un jeu étonnant, qui pourrait sortir cette année, sur Steam dans un premier temps. Quant à sa direction artistique faite de couleurs néons… j’adore !
Encore un jeu à la direction artistique sérieusement perchée, en mode “rétro voxel” ! Son nom : Dreams of Another. Son pitch : heu… comment dire…
Dreams of Another est un jeu développé par Q-Games, un studio basé à Kyoto à qui l’on doit l’excellente série des PixelJunk (Shooter ❤️, Monsters, etc.). Dans ce nouveau titre prévu pour le 10 octobre prochain sur PC et PS5 (PSVR2 aussi), on dirige un type en pyjama, un fusil d’assaut en bandoulière, qui shoote un brouillard de voxels (plein de petits cubes formant environnements et objets).
Pourquoi shooter ce brouillard ? Pour révéler des personnages et des objets, et ainsi tenter de donner sens à des souvenirs, à moins que ce ne soient des rêves… ou les deux à la fois. Je ne sais pas trop en fait. Plusieurs personnes ont essayé de m’expliquer l’histoire du jeu, et la seule chose que j’ai vraiment compris, c’est que ces personnes n’étaient pas sûr elles-mêmes d’avoir bien pigé de quoi le jeu retournait.
Ceci dit il est vraiment beau. Chelou, mais vraiment beau.
Bon il va bientôt falloir conclure le mini bilan de cette première et excellente journée de BitSummit. Avec pour commencer un petit message d’utilité publique : allez télécharger la démo de Forestrike ! Maintenant !!
Cela fait maintenant des années que j’en parle, ce nouveau jeu de Thomas Olsson, le créateur de Olija, est une petite merveille.
Forestrike est un jeu de combat où chaque altercation met en scène de multiples adversaires, dont il faudra se défaire comme s’il s’agissait des pièces d’un puzzle.
Un coup de poing esquivé peut ainsi atterrir en pleine face d’un second ennemi, qui lâchera alors une arme dont on pourra se saisir pour éliminer un troisième sbire… Tout se connecte pour tenter de créer l’enchaînement de coups et d’esquives parfait, sachant que le flow d’actions disponibles dépend des pouvoirs obtenus au fil de son run. Car Forestrike est bel et bien un roguelike, où chaque partie est unique, et son personnage doué de capacités sans cesse fluctuantes, déterminées par nos choix.
Et n’ayez pas peur de l’échec ! Tous les combats se joueront d’abord “dans votre tête”, pour être répétés et chorégraphiés jusqu’à ce ce que vous vous sentiez prêt(e)s à passer à l’action “pour de vrai” !
Un jeu unique, édité par Devolver Digital, prévu pour cette année, et dont la date de sortie pourrait être communiquée (on l’espère) une fois la chaleur estivale envolée. Et le plus étonnant, c’est que ce roguelike raconte aussi une histoire - faite de trahisons, nourrie aux arts martiaux et habitée par ses maîtres à penser ! - écrite par Thomas et un autre français vivant à Kyoto : Victor Moissan, auteur du superbe (et prochainement mis à jour) : Zelda, Le Jardin et le Monde aux éditions Façonnage.
Sérieux, si vous avez un PC, allez télécharger la démo gratuite du jeu.
Allez, un petit dernier pour la fin ! Son nom : Saru Box, qui peut se traduire par : la boîte à singe.
L’objectif : ne pas réussir à sortir la banane de sa boîte, afin d’essayer d’obtenir le QI le plus bas possible.

Il faut cela tourner sa banane aussi vite que possible dans la boîte, pour “essayer de la sortir” dans le sens montré sur l’écran, afin d’activer les bons capteurs. L’échec est de mise, mais l’idée est d’essayer d’enchaîner ces échecs aussi vite que possible ! Vous l’aurez compris, il s’agit de l’un des titres de l’espace “jeux pour amuser le public avec des périphériques chelous” qui est l’un des passages obligés du BitSummit !
Je passerai en revue d’autres expériences improbables de cette espace incroyable, et puis plein d’autres jeux indie dans le prochain podcast Pixel Bento qui devrait sortir courant août ! Allez, il est dans d’aller dormir pour bien attaquer la seconde journée de cette édition 2025 du BitSummit 😄
PS : Toutes les photos illustrant cet article ont été prises par mes soins. Les captures d’écran des jeux Hirogami, Absolum et Dreams of Another sont tirées de leurs pages Steam respectives.
Un sacré rendez vous pour les amoureux de l'indé (que nous sommes.)
Ta première sélection est quand même aux petits oignons... J'ai trop hâte de jouer à Lumines (étant fan absolu de Tetris effect).
C'est vraiment un rendez vous que j'attends impatiemment, la scène indépendante est quand même exceptionnelle je trouves... Et en plus je sais que notre Thierry national fait tout pour nous rendre une parfaite vision du terrain 💪👍 Merci Thierry pour cette lecture du vendredi ❤️