Demon Slayer : binge story !
Après avoir explosé le box office japonais en pleine pandémie en 2020, Demon Slayer, alias Kimetsu no Yaiba, est revenu dans les salles pour tout exploser à nouveau.

Pour écrire cet article j’ai bingé toute la série en France (où je passe actuellement mes vacances) !
Je m’étais en effet arrêté au Train de l’infini, le long-métrage de 2020, mais la montée record au box-office japonais du dernier film - La Forteresse infinie - sorti le 18 juillet dernier, m’a poussé à me préparer à aller le voir au cinéma à mon retour à Tokyo.
L’idée de cette newsletter écrite à chaud, dans la précipitation, entre deux piqûres de moustiques (😭), est de vous partager, sans spoil, mes interrogations et réflexions sur cette invraisemblable success story. Car si la série semble populaire dans le monde entier, au Japon c’est un véritable phénomène de société.
J’ai regardé la première saison de Kimetsu no Yaiba (Demon Slayer) sur Netflix comme tout le monde pendant la pandémie, et j’ai naturellement été voir sa suite dans les salles de ciné.
Portant le sous-titre Le Train de l’infini, ce film a réalisé l’impossible fin 2020 : détrôner les deux plus gros succès de l’histoire du cinéma d’animation au Japon : Le Voyage de Chihiro (2001) de Hayao Miyazaki et Your Name (2016) de Makoto Shinkai.
Le Voyage de Chihiro, avec 30 milliards de yens de revenus, était non seulement le plus gros succès de l’histoire des films d’animation au Japon, mais le plus gros succès de l’histoire du cinéma tout court ! Les deux autres succès sur le podium, Titanic et La Reine des Neiges ayant respectivement rapporté 27 et 25 milliards de yens.
Le Train de l’infini en a empoché 40…
Dépasser le chef d’oeuvre du studio Ghibli, trônant à la première place depuis presque 20 ans, semblait impossible (voire déplacé).
Pourtant, l’adaptation par le studio ufotable du shōnen de Koyoharu Gotōge (un auteur ou une autrice dont on ne connaît pas la véritable identité) a réalisé cet exploit en pleine pandémie, alors que le film - suite directe de la première saison - nécessitait d’avoir déjà vu 26 épisodes !
Et ce film s’adressait à priori à un public mature, vu sa violence extrême et ses thématiques… Ce qui, disons le tout net, n’est pas du tout le cas, les enfants ayant été à ma grande surprise nombreux dans la salle lorsque j’ai été voir Le Train de l’infini !
Loin de moi l’idée de jouer les prudes, mais… Jugez par vous-même !

L’histoire de Kimetsu no Yaiba, qui se déroule au Japon pendant l’ère Taishō (début du XXe siècle), commence par le massacre d’une famille pauvre et isolée.
Le démon responsable a laissé une jeune fille (Nezuko) “vivante”, et lorsque son frère (Tanjirō) découvre les corps des membres de sa famille, il est attaqué par sa soeur, transformée en une créature sanguinaire. La tragédie prend de nouvelles proportions lorsqu’un Pourfendeur de démon dépêché dans la région pour éliminer - en le décapitant ! - le démon responsable du massacre, tombe sur la jeune fille transformée et cherche naturellement à la tuer.
Et c’est avec une immense surprise qu’il doit non seulement affronter le frère cherchant à protéger sa soeur malgré sa transformation, mais aussi la soeur après qu’il ait tenté d’écarter son frère !
C’est ici que le coeur de la série commence à battre à un rythme effréné. Cet amour filial, impossible, un démon ne pouvant normalement conserver son humanité, est au centre de tout. Pour “sauver” sa soeur, qu’il portera sur son dos dans une boîte en bois afin de la protéger de la lumière du jour, Tanjirō, l’incarnation du héros au coeur pur, doit tuer Muzan, le démon millénaire traqué par un clan de chasseurs aussi exceptionnels que terriblement humains.

Le succès incroyable du premier film Kimetsu no Yaiba en 2020 a souvent été minimisé…
Il a tout explosé au box-office parce que le Japon tout entier, comme le reste du monde, a été confiné et s’est avalé des heures de télé. Et c’est à ce moment que la première saison de l’adaptation animée du manga, déjà populaire, a été diffusée et streamée.
Une question de timing donc…
Et de contenu.
Kimetsu no Yaiba est un shōnen tout ce qu’il y a de plus classique, avec des personnages aux motivations claires comme de l’eau de roche, qui suivent une trajectoire aussi limpide que (relativement) attendue. Et puis elle parvient à faire le grand écart entre humour et tragédie (violence aussi) sans tomber dans les travers de la formule Marvel. L’humour ne vient jamais désamorcer ou trivialiser les enjeux dramatiques de la série ; il est simplement là pour nous permettre de souffler entre deux arcs, ou la fin d’un épisode.
Et le dernier point est technique, la série comme le film étant incontestablement “bien faits”, avec une mise en scène magnifiant des combats aux enjeux majeurs.

Pas de paradis ou de boules de cristal pour ressusciter les morts dans Kimetsu no Yaiba…
Les blessés restent estropiés et les héros tombés au combat ne se relèvent pas.
Mais voilà… Après l’incroyable succès du film sorti en 2020, le tout dernier, qui débute une trilogie de longs-métrages qui viendra conclure l’histoire du manga, est en train de suivre la même trajectoire insensée.
La Forteresse infinie, sorti il y a quelques semaines au Japon, est au moment où j’écris ces lignes au 6ème rang des plus gros succès de l’histoire du box-office japonais, juste derrière Your Name. Et autant vous dire qu’il va continuer à grimper et n’est pas prêt de quitter les salles japonaises…

Je vais être honnête, ce nouveau succès en salles m’a surpris.
J’ai beaucoup aimé le premier film (Le Train de l’infini) parce qu’il venait magnifier certaines des indéniables qualités de la série. Il n’en reste pas moins que cette dernière était, à mon goût, un shōnen somme toute assez banal. Et je n’ai jamais regardé sa suite, alors que j’attends avec impatience celles de Jujutsu no Kaisen et Chainsaw Man par exemple.
J’ai donc tout bingé ces derniers jours pour tenter de comprendre. Et j’ai mes “petites idées”…
N’hésitez pas à partager les vôtres en commentaire !
Déjà, la série n’a jamais dévié de sa trajectoire. Son coeur reste le duo Tanjirō / Nezuko, et ce dernier a évolué au fil des entraînements, rencontres et combats au point de devenir une force majeure au sein de la minuscule armée de Pourfendeurs de démons. On peut ajouter à ce duo, les “camarades” Zenitsu (l’un de mes préférés, qui semble-t-il, divise pas mal les fans de Kimetsu no Yaiba !) et Inosuke, qui font plutôt office de faire-valoir comiques, mais possèdent pourtant l’humanité et les valeurs qui définissent les autres personnages de la série.


Car Kimetsu no Yaiba prête une attention particulière à ses personnages, tous ses personnages (!), qu’ils soient pourfendeurs, humains ou même démons. Et c’est l’une de ses plus grandes qualités. Si certains personnages (malheureusement trop souvent féminins) restent en retrait, il est évident que l’auteur (ou l’autrice) du manga a créé pour chaque personnage une backstory et un arc d’évolution.
La série possède ainsi son lot de flashbacks et ces moments de suspension temporelle typiques du shōnen (et du manga en général) qui viennent donner corps aux personnages dans leurs plus grands moments, et ajouter une nouvelle charge émotionnelle à des combats aux enjeux primordiaux.
Car la série, dès la fin de l’arc du Train infini, se transforme en boss rush.
Et si les combats sont longs, ils ne tirent jamais en longueur (Freezer, oui, c’est toi que regarde !).
Chaque affrontement avec l’un des sergents de l’armée du démon Muzan est un défi colossal, ayant souvent un prix. Si les démons peuvent se régénérer, ce n’est pas le cas des humains. Tout sacrifice se paye au prix cher.
Je rappelle ici que je n’ai pas encore été voir le tout dernier film, mais vu la façon dont le dernier arc de la série (L’Entraînement des piliers) se conclut, je redoute de me confronter aux pertes causées par l’énorme bataille à venir… Preuve que je me suis attaché aux personnages.
J’ai mentionné plus haut que la série se déroulait durant l’ère Taishō, qui débute en 1912 et se conclut en 1926. Le succès colossal de la série au Japon peut aussi s’expliquer par l’omniprésence de cette identité “japonaise” au moment où le pays continue à absorber l’influence de la culture occidentale initiée au cours de l’ère Meiji.
Les personnages portent ainsi des kimonos, costumes et accessoires extrêmement codifiés et travaillés. Tous possèdent un “code couleur” qui les rend aisément reconnaissables… et permet de créer avec une certaine facilité un nombre incroyable de goodies !




Les autres raisons du succès colossal de la saga (et de son premier film) mentionnées plus haut sont encore valables.
La série est toujours techniquement impeccable par exemple.
Elle parvient à créer des décors riches et (très) japonais, allant d’un train lancé à pleine vitesse, à un village de bûcherons en passant par un quartier des plaisirs peuplé de geishas… Et ces décors sont souvent réalisés en 3D pour permettre aux animateurs de jouer avec les perspectives et la configuration de ces lieux dont la géométrie peut parfois être manipulée par des démons ayant une emprise toute particulière sur le réel.
Des décors à “géométrie variable”, qui n’empêchent pas les Shoji (portes en papier) de coulisser !
Mais la vraie raison du succès de la série, et par extension des films au cinéma, reste incontestablement ses personnages.
Bien écrits, bien designés, très japonais… ce sont aussi de véritables gravures de mode, et les piliers pourraient sans problème former le plus incroyable des boys band ! Une qualité autant qu’un défaut, mais qui permet de séduire à la fois le grand public et le plus “grand nombre”, de tous âges (oui, même les enfants) et de tous genres.
Si leurs motivations sont d’une simplicité confondante, et s’articulent généralement autour de l’idée de vengeance, de revanche ou la volonté de se dépasser pour se prouver à soi-même (et aux autres) sa valeur, ces personnages n’en gagnent pas moins en profondeur et semblent s’enrichir ou s’ouvrir au contact de Tanjirō.
Tanjirō est LE héros au coeur pur.
Bien plus encore qu’un San Goku par exemple… Il se rapproche ici du héros à la Ghibli, façon “Conan, le fils du futur”, mais avec un degré de sophistication supplémentaire. Un supplément d’élégance en quelque sorte…
Sa candeur, sa sincérité “premier degré” et son désir d’aider sans rien attendre en retour, bref son absence de tout “agenda”, désarçonne jusqu’aux démons qui croisent sa route. Son empathie ne se limite pas aux humains et il est impossible de ne pas être derrière lui, de ne pas vouloir le soutenir à tout prix.
Si l’on ajoute à cela l’incroyable intensité qu’il dégage, lui, Nezuko, et les autres chasseurs de démons, on obtient des personnages dont il est difficile de nier le magnétisme.
L’intensité a toujours été l'apanage des personnages de shōnen. De Dragon Ball à Saint Seya, en passant par Jujutsu Kaisen ou L'Attaque des Titans, les héros qui hurlent leur rage et dépassent leurs limites à la fois physiques et mentales, sont les marqueurs absolus du genre.
Des héros que l’on qualifie souvent de “nekketsu”, qui se traduit littéralement par “sang chaud” !
Et Kimetsu no Yaiba ne lésine pas sur l’intensité, d’autant plus que celle-ci est “tendue” par l'irréversibilité des dégâts subits par ses personnages humains et magnifiée par des actrices et des acteurs clairement investis dans leurs rôles.
Le final du premier film m’avait laissé pantois.
Et je pense que le prochain risque fort d’augmenter à 11 le volume des amplis, façon The Spinal Tap ;-)
Bref, la série est efficace et elle a du coeur, même si elle souffre des défauts inhérents à un genre visant plutôt un jeune public masculin et a tendance à museler ses personnages féminins. Comme c’est littéralement le cas pour Nezuko, dont les crocs sont refermés sur le morceau de bambou qui lui sert de muselière… J’espère d’ailleurs que le personnage de la petite soeur sera encore renforcé dans La Forteresse infinie pour définitivement dépasser son statut de “support” du héros.
En fait je me rends compte que j’attends beaucoup du prochain film et de la conclusion de cette histoire.
Après avoir bingé les dernières saisons cet été, il est indéniable que je suis curieux de voir la suite et convaincu que les combats à venir seront absolument spectaculaires.
Mais comme le public japonais, ce sont les personnages, plus que l’intrigue, ses rebondissements ou la mise en scène des affrontements, qui va me faire courir dans une salle de cinéma à mon retour au Japon.
PS: Un grand merci à l’équipe du podcast Pixel Bento (Marc, Nico et Axel) pour avoir partagé avec moi leurs avis et réflexions sur Kimetsu no Yaiba ! Toutes les images illustrant cette newsletter ont été prises des sites officiels japonais et américain de la série, ainsi que de ses réseaux sociaux.
J'ai regardé tardivement l'anime vers 2022 ma fille m'en parlait depuis des lustres. Mais j'étais pas chaud cela ne me disait rien. Jusqu'à ce que ma liste d'anime a voir me le fasse ressortir en premier. Je me suis dit bon allez voyons voir.
Et là je me suis une grosse claque ce shonen possede une réalisation incroyable. Rien que la dernière scene quand musan rentre dans la maison. La scène avec les flammes est superbement réalisée.
J'ai hâte d'être en septembre pour aller voir le film au ciné.
J’ai commencé et découvert la série via l’anime et n’en pouvant plus d’attendre le film, d’ailleurs coup de gueule de ce procédé qui m’horripile au plus haut point.
Cette manie de conclure ou de débuter une saison par un film…
Et concernant KnY, le dernier diffusé en France, celui sur les Piliers est une escroquerie sans nom pour moi. C’est le résumé de la fin de la saison, je ne sais plus d’ailleurs je suis perdu dans les arcs plus les films c’est un joyeux bordel…
Bref donc un résumé du dernier épisode sue grand écran plus le début de saison où il ne se passe rien, j’avais la haine au ciné.
Bon heureusement la saison se conclut par un cliff de malade. Ça m’a tellement retourné que j’ai fini la série en papier. Et sentiment mitigé sur la conclusion. D’un côté c’est satisfaisant mais peut être un peut trop rushé, notamment une certaine situation et un combat final, qui vu l’attente de certaine moment, m’a laissé sur ma faim.
Mais sinon c’est une de mes dernières claques niveau série shonen. Et d’ailleurs comment ce manga peut-t-im être classé dans ce genre. Comme tu l’as dis, c’est violent, et psychologiquement assez dure. Je suis perdu niveau classification.
Et je n’avais ps perçu Tanjiro comme le décrit CutThroat Neko, mais ça se tient.
Et comme il le dit aussi Juju c’est bien naze et archi classique. Je suis surpris du succès de la série. Je suis passe totalement à côté.
Bref pour revenir à KnY, j’irai voir le film, mais ça me rend ouf quand même. D’autant que techniquement parlant les films n’ont ps un gap énorme par rapport à la série qui est déjà hautement qualitatif. UFOTABLE sonr des malades. 😀