C’est décidé, cette année je deviens bon au jeu de baston…
Venez avec moi faire le tour d’une vieille obsession, avec un peu d’auto-dérision, mais une vraie fascination ! C'est la bonne année pour ça.
Mes premiers jeux de baston étaient probablement Barbarian sur Amstrad CPC et IK+ sur Amiga. Dans le premier on essayait toujours de décapiter son adversaire, comme Arnold Schwarzenegger dans Conan le Barbare, tandis que dans le second on pouvait baisser le pantalon de son adversaire en appuyant sur la touche T du clavier. Des jeux plus marquants pour leurs gimmicks que pour leur profondeur ! Le titre avec lequel j’ai réellement découvert la culture fighting games est Street Fighter II sur Super Nintendo. Je me rappelle avoir commencé à y jouer dans la salle de test du journal Banzzaï à Pressimage (oui, Banzzaï avec deux “z”😅) . C’était en 1993, et je venais de rentrer dans la vie professionnelle en tant que rédacteur / pigiste au sein du magazine Génération 4. Et c’est à cette époque que j’ai réellement pris conscience de l’investissement requis pour apprendre à maîtriser un jeu de baston. Autrement dit, je me prenais raclée sur raclée. Chaque matin en se levant, David, l’un des rédacteurs de Banzzaï, enchaînait 100 Dragon Punch à la suite. S’il en ratait un, il reprenait de zéro. Moi, mon régime matinal, c’était plutôt Nesquik.
Depuis cette époque j’ai joué en dilettante à de nombreux classiques de la baston, tout particulièrement sur les deux premières PlayStation et la Dreamcast. Les séries Tekken et Soulcalibur étaient alors de toutes les soirées gaming. Mais je ne suis jamais devenu bon pour autant. Je faisais simplement illusion. Par paresse sans doute, ou manque d’intérêt, je n’ai jamais investi les heures nécessaires aux entraînements solitaires et à la mémorisation des coups spéciaux. Pourtant, le jeu de baston pratiqué à haut niveau a toujours exercé sur moi une véritable fascination. Et les opportunités de jouer n’ont jamais cessé de se présenter. A Nolife, une grande partie de l’équipe se réunissait régulièrement autour de la borne d’Alex pour se tirer la bourre sur Street Fighter III: 3rd Strike ou Street Fighter Alpha 3 (Zéro 3 au Japon) par exemple. Je me rappelle bien des joutes de Medoc, Moguri, Jonathan, Cyril, Mathilde, Seb… et bien d’autres wannabe superplayers ;-)
Mais je n’ai jamais pris part à ces confrontations… Avec le recul, je me dis qu’étant tout de même habité d’un certain esprit de compétition, le fait de perdre m’aurait tellement agacé que j’aurais été “obligé” de m’entraîner comme un fou. Déjà à l’époque, le temps était un frein. Tout comme le fait d’être relativement mauvais joueur, il faut bien l’admettre.
Cette attraction pour le genre a pris une nouvelle dimension avec mon déménagement au Japon. Combien de fois ai-je traversé une salle d’arcade pour observer à la dérobée des Japonais en train de jouer à 3rd Strike ou aux jeux d’Arc System Works ? Ou glissé une pièce de 100 yens dans une borne sans pouvoir me départir du syndrome de l’imposteur en ces lieux mythiques à mes yeux ?! Mais ces peurs ne m’ont pas empêché de me rapprocher petit à petit du jeu de baston. Après m’être acheté la NEOGEO mini, j’ai rejoué au sublime Garou: Mark of the Wolves de SNK et passé encore plus de temps à binger tous les tournois commentés par Ken Bogard sur sa chaîne YouTube. Ces explorations ont bien sûr poussé les algorithmes à me suggérer le fameux Evo Moment #37, que je ne peux alors m’empêcher de regarder en boucle, toujours avec des frissons dans le dos.
Cette fin de match sur Street Fighter III: 3rd Strike, qui vit la spectaculaire victoire du champion japonais Daigo ‘The Beast’ Umehara sur l’américain Justin Wong en 2004, est entrée dans la légende. La prise de conscience progressive du public de l’incroyable exploit auquel il est en train d’assister, et cette montée d’adrénaline qui aboutit à une explosion de joie partagée devant une telle démonstration de talent… Ce moment a montré au monde entier la profondeur et la technicité du jeu Capcom sorti en 1999 et a contribué à le rendre immortel. Aujourd’hui encore, des salles d’arcade japonaises, comme le Game-Newton, accueillent régulièrement des tournois de 3rd Strike et les diffusent sur leurs chaînes YouTube.
Le fait que cet EVO Moment #37 ait eu autant d’impact doit énormément à la réaction du public. Car celui-ci était composé de joueurs aguerris qui ont vite saisi l’importance du moment et le degré de maîtrise requis par le retournement de situation orchestré par la star japonaise. C’est pour cela que le genre peut faire peur. La complexité qu’il affiche au haut niveau est intimidante. Sans l’aide d’un public averti, sans les commentaires de spécialistes, le jeu de baston est hermétique. Il possède même son propre langage, absolument ésotérique pour les non-initiés, avec des mots comme : “Whiff”, “Cancel” ou “Meaty”. Mais c’est aussi cela qui en fait un objet de fascination. Devenir bon au jeu de baston se mérite, mais à force de persévérance tout le monde peut y arriver. Et si la question du temps est toujours importante, la foison de vidéos qui vulgarisent le genre et illustrent ce qu’il a de meilleur à offrir facilite les choses. Sans oublier la présence d’exercices pratiques et de modes Entrainement dans la plupart des rééditions des grands classiques. Comme la compilation Street Fighter sortie pour les 30 ans de la série, qui contient le fameux Street Fighter III: 3rd Strike et propose d’essayer de reproduire l’exploit de l’EVO #37. J’ai acheté cette compilation et commencé à jouer un peu à 3rd Strike, mon préféré, qui est aussi un peu ma muse du jeu de baston.
L’appel du jeu de baston est fort en ce moment. Et depuis que mes compères du podcast Pixel Bento m’ont offert un stick arcade, la boîte de Pandore s’est ouverte encore un peu plus.
J’ai même commencé à regarder des vidéos expliquant comment changer les boutons et le stick. Vous connaissez l’expression “mettre la charrue avant les bœufs” ?! Bref, je me sens prêt. Le monde entier semble prêt ! Street Fighter 6 est sorti en Juin au milieu des accolades. Mortal Kombat 1 vient tout juste de débarquer et se paye un parterre de stars dont Jean-Claude Van Damme. SNK a récemment mis tous les fans de NEOGEO dans sa poche en annonçant la sortie prochaine de Fatal Fury: City of the Wolves, la suite inespérée de Mark of the Wolves. Et il ne faudra pas non plus attendre longtemps pour pouvoir jouer à Tekken 8 en 2024 puisque son lancement a été confirmé pour fin janvier.
Alors ? Are you ready ? Because I am !
Pour en savoir plus sur les salles d’arcade à Tokyo, retrouvez toute l’équipe du podcast dans Pixel Bento #35 : Nos conseils Arcade à Tokyo, et le retour de Kamen Rider !, dont voici un petit extrait.
PS: les photos illustrant cet article ont été prises par mes soins, sauf celles de la borne d’arcade Nolife (absolument magnifiques !) photographiées et généreusement partagées par l’ami Alex Pilot que je remercie mille fois. La couverture du magazine Banzzaï est issue du site Abandonware Magazine.
Euhhh, ôte moi d'un doute... c'était une statue de Panda sur le stand de Tekken 8 ? Pas un cosplayer avec quelqu'un dedans, sans clim ? 😱
Banzzaï ! J'avais ce numéro, j'achetais ce mag' pour ma Gameboy, et pour ma Megadrive c'était le mag' Supersonic ! Ces souvenirs... Pour les jeux de baston, c'est pareil, j'adore mais à part street 2 prime sur megadrive, soul calibur Dreamcast et Tekken, je n'en ai pas vraiment retouché un depuis.
À chaque sortie j'ai envie d'y aller, là avec street 6, mais je sais que je n'ai pas le courage d'y investir du temps pour m'entraîner et atteindre un niveau correct. Je pende parfois à Mortal kombat, qui paraît il, propose de vrais modes solos, qui me permettaient de prendre du plaisir à jouer à un jeu de baston, malgré un niveau catastrophique, et en suivant un "scenario".